« L’humanité n’a jamais été aussi nombreuse… ni aussi proche du déclin », selon le rapport des Nations unies sur la population mondiale, 2025.
Alors que la planète se prépare à franchir le cap des 10 milliards d’habitants vers 2050, une vérité plus discrète s’impose dans les modèles démographiques des Nations unies : le pic de population mondiale pourrait être atteint plus tôt que prévu, suivi d’un déclin global dès la fin du siècle. En 2022, l’humanité comptait 8 milliards de personnes. D’ici à 2080, la courbe pourrait commencer à s’inverser, amorçant un retournement historique sans précédent.
Une stagnation qui masque un basculement
En vingt ans, la population mondiale a gagné deux milliards d’habitants. Les 60 prochaines années devraient produire le même résultat – mais à un rythme plus lent, signe d’un essoufflement. Le rapport onusien indique que la population mondiale diminuera de 13 millions de personnes d’ici à 2100, si les tendances actuelles se confirment. Le taux de natalité plonge, tandis que la mortalité repart à la hausse, aggravée par les pandémies, les conflits et le vieillissement.
Vieillir plus vite que l’on ne naît
Le tournant est déjà perceptible : en 2030, il y aura plus de personnes âgées de plus de 80 ans que d’enfants de moins d’un an. À l’échelle mondiale, les plus de 65 ans dépasseront les moins de 18 ans dès 2080, redéfinissant les priorités économiques, sociales et sanitaires des États. « Nous entrons dans une ère où la démographie devient un facteur de vulnérabilité stratégique », indique un analyste de l’Institut international des études démographiques (IIED).
Des pays au seuil de saturation
Un quart de l’humanité vit déjà dans des pays dits « démographiquement saturés », c’est-à-dire où les infrastructures, les ressources et l’environnement ne peuvent plus soutenir une croissance continue. Des mégapoles tentaculaires en Afrique, en Asie et en Amérique latine concentrent les défis du siècle : gestion de l’eau, urbanisation incontrôlée, alimentation, emploi.
Conséquences économiques et stratégiques
Le vieillissement global reconfigure les modèles économiques : réduction de la population active, explosion des dépenses de santé, crise des retraites, et redéploiement des investissements. Des pays comme le Japon, l’Italie, ou la Corée du Sud expérimentent déjà cette transition démographique à marche forcée, et certains experts estiment qu’elle pourrait affecter la compétitivité globale de ces économies d’ici 2050.
L’intelligence économique à l’ère post-démographique
À long terme, la démographie devient un outil d’anticipation stratégique. Les géants technologiques et industriels investissent dans l’automatisation, la robotique, l’intelligence artificielle pour compenser la raréfaction des forces vives. La guerre de demain pourrait aussi être une guerre de cerveaux, entre nations jeunes et vieillissantes, entre créativité démographique et épuisement social. L’humanité approche du sommet de sa courbe démographique. Derrière le chiffre symbolique des 10 milliards se profile une autre réalité : le monde entre dans une ère de décroissance silencieuse, porteuse d’opportunités écologiques… mais aussi de fragilités économiques et géopolitiques inédites.
Noël Ndong