Entre désillusions postcoloniales et espoirs de refondation, Paris est sommé de redéfinir sa place dans une Afrique plurielle, stratégique et souveraine.
Alors que la France retire ses dernières bases militaires au Sahel et au Sénégal, la relation franco-africaine traverse une crise de légitimité inédite. Trois siècles d’histoire, faits de domination, d’alliances, de mémoire partagée, semblent aujourd’hui peser plus qu’ils ne rapprochent. « Ce n’est pas la présence de la France que nous rejetons, c’est son incapacité à nous voir comme égaux », confie un diplomate.
D’un lien historique à une perte d’influence accélérée
Avec plus de 4 500 soldats déployés dans le Sahel en 2020, la France a longtemps été perçue comme le garant sécuritaire de la région. Mais depuis 2021, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Centrafrique ont rompu avec Paris, l’accusant d’ingérence politique et d’échec sécuritaire. Les critiques, alimentées par des campagnes russes et un ressentiment endogène, traduisent une jeunesse africaine en quête de souveraineté. « La France est confrontée à une génération qui n’a pas connu la colonisation, mais qui en subit les séquelles symboliques », analyse un chercheur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Coopération ou dépendance ?
La France reste le 2e investisseur en Afrique subsaharienne, après la Chine, et consacre près d’un tiers de son aide publique au continent. Pourtant, cette aide est de plus en plus perçue comme asymétrique. Un étudiant étranger sur trois en France est africain, mais la coopération éducative reste marquée par une logique descendante.
Vers une refondation crédible ?
Le chef d’Etat français, Emmanuel Macron a promis une « nouvelle relation » fondée sur la transparence, la co-construction et le respect des souverainetés africaines. Mais la Françafrique continue de hanter les esprits, et l’heure n’est plus aux symboles mais aux actes. « Il faut que la France accepte d’être un partenaire parmi d’autres, dans un continent désormais multipolaire », estime une analyste africaine à l’UA.
Noël Ndong