Disparu le 16 mai 2025 à l’âge de 69 ans, Emmanuel Kundé ne fut pas seulement un grand footballeur.
Emmanuel Kundé fut un acteur-clé du rayonnement du Cameroun, de l’Afrique et d’un soft power sportif qui a su conjuguer talent, discipline et fierté nationale. Le 12 juillet 2025, Kakak, – près de Ndom, dans le département de la Sanaga maritime – a accueilli les obsèques d’une légende.
Emmanuel Kundé, – qui signifie l’indépendance – deux fois champion d’Afrique (1984, 1988), héros du mondial 1990, s’est éteint à Yaoundé le 16 mai. « Il incarnait l’âme d’un football africain conquérant, digne et discipliné », confie Michel Kaham, son ancien coéquipier. Présents aux funérailles : Roger Milla, Samuel Eto’o, figures d’une même dynastie de football patriote.
Né en 1956, formé au Canon de Yaoundé, Emmanuel Kundé, s’impose dès les années 1970 comme défenseur central au style sobre mais décisif. Il incarne une Afrique montante sur la scène sportive mondiale. Son penalty contre l’Angleterre en quart de finale du Mondial 1990 en Italie – devant 70 000 spectateurs et des milliards de téléspectateurs – est entré dans l’histoire. Pour la première fois, une équipe africaine atteignait ce stade de la compétition. Ce geste n’était pas seulement sportif : il était géopolitique.
Un symbole du soft power camerounais
Dans les années 1980-90, alors que l’Afrique peine à exister politiquement sur la scène internationale, des figures comme Kundé Emmanuel, offrent une autre image du continent : celle de la performance, du mérite, de la maîtrise. Le football devient une vitrine diplomatique. L’impact d’un Kundé dans l’imaginaire collectif est comparable à celui d’un Mandela dans le rugby : unificateur, respecté au-delà des frontières.
Un héritage pour la jeunesse et l’économie du sport
Après sa carrière, Emmanuel Kundé entraîne, transmet, structure. À une époque où l’intelligence économique passe aussi par l’exportation des talents et le rayonnement des ligues nationales, sa trajectoire inspire une politique sportive plus structurée. Le Cameroun, aujourd’hui exportateur de joueurs et organisateur de compétitions, lui doit une part de cette crédibilité.
Emmanuel Kundé fut plus qu’un défenseur : un diplomate du terrain, un bâtisseur de respect, un ambassadeur d’un Cameroun qui voulait exister par le mérite. Sa disparition referme une époque, mais son influence, elle, continue d’irriguer les enjeux politiques, culturels et économiques du sport africain contemporain.
Noël Ndong