Afrique francophone : Dérives électorales silencieuses

À l’approche de scrutins majeurs dans plusieurs pays d’Afrique francophone, un schéma préoccupant se dessine : opacité des règles électorales, sélection restrictive des candidatures, affaiblissement des commissions indépendantes et parfois, marginalisation de l’opposition.

Du Cameroun au Sénégal, en passant par le Burkina Faso ou Madagascar, la République centrafricaine (RCA)… les processus électoraux deviennent de plus en plus contestés, minant la confiance publique et fragilisant la légitimité des institutions. Dans ce contexte, l’Union africaine et les organisations sous-régionales (CEEAC, CEDEAO) sont appelées à sortir de leur réserve pour préserver les principes de transparence et d’inclusivité. Ce briefing propose une lecture comparative de ces dynamiques et des risques partagés qu’elles font peser sur la stabilité politique et démocratique du Continent.

Comparaison des enjeux autour des candidatures & commissions électorales

Le Cameroun : Un processus à clarifier

Sur fonds d’incertitude autour des critères de validation des candidatures -notamment les 300 signatures et condition juridique d’investiture -, Elecam reste « silencieuse » tandis que des candidats indépendants ou de petits partis risquent l’exclusion légale.

RDC : Violence et manque de transparence

La campagne électorale de décembre 2023 a été marquée par des violences, des limitations de l’observation internationale (l’UE n’a pu déployer ses observateurs) et des accusations de partialité de la CENI à l’encontre du président Félix Tshisekedi. Le climat reste inquiétant pour la crédibilité du scrutin.

Sénégal : Sponsoring & exclusion ciblée

Les candidatures ont été filtrées pour insuffisance de sponsors ou documents incomplets. Des figures comme Ousmane Sonko ont vu leur admissibilité compromise du fait de condamnations pénales. L’opposition a dénoncé un mécanisme de parrainage opaque qui limite la compétition démocratique.

Burkina Faso : Érosion des institutions électorales

La pouvoir militaire a supprimé l’indépendance de la commission électorale, transférant la responsabilité à l’intérieur – un pivot qui pourrait être dangereux pour la légitimité du futur scrutin, avec repousse indéfini des élections.

Madagascar & Mozambique : Répression et blocage politique

  • À Madagascar, les restrictions aux rassemblements publics, la double nationalité du président Andry Rajoelina et un faible taux de participation entachent la légitimité du processus électoral.
  • Au Mozambique, après une élection contestée, des manifestations meurtrières et des coupures d’internet ciblées ont souligné l’absence de transparence et l’absence d’interventions effectives de l’Union africaine et des observateurs régionaux.

Points de convergence & déviations

  • Transparence compromise : plusieurs pays font face à des limitations institutionnelles, légales ou pratiques (Comores, Sénégal, RDC) limitant la participation démocratique.
  • Régulation arbitraire des candidatures : exigence de sponsors, condamnations pénales, dépôts juridiques rigides ou impossibles remplacent la logique de libre participation.
  • Restreinte ouverture démocratique : suppression d’une commission indépendante (Burkina), répression de l’opposition (Madagascar), usage du droit électoral comme outil de contrôle (Sénégal, Cameroun).
  • Absence de réponse institutionnelle régionale : On observe l’échec des mécanismes UA/CEEAC à intervenir efficacement et prévenir la dégradation des normes électorales.

Vers une réforme des pratiques électorales ?

Les cas camerounais et d’autres pays francophones s’inscrivent dans une tendance qui pourrait devenir préoccupantes : « institutions mi-floues, mi-claires, obstacles administratifs et manque de transparence, absence ou faible de communication publique », déclare un avocat sous anonymat. Mais cette conjoncture reflète une crise plus large en Afrique francophone : entre fermeture politique et affaiblissement institutionnel. Seule une mobilisation coordonnée des régulateurs électoraux, de la société civile, des médias et des observateurs régionaux (ECOWAS, CEEAC, UA) permettra de restaurer la confiance et de garantir un espace démocratique durable.

Noël Ndong

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