Afrique centrale : entre ambitions numériques et réalignements stratégiques

L’annonce par le Tchad, le 18 juillet 2025, d’un investissement de 1,5 milliard de dollars dans le cadre de son programme « Tchad Connexion 2030 » marque un tournant pour l’Afrique centrale. 

Cette stratégie numérique, visant à porter le taux de pénétration d’Internet à 30 % d’ici 2030 (contre 13,2 % actuellement), s’inscrit dans une vision plus large de souveraineté technologique, de modernisation administrative et d’intégration régionale.

En reliant N’Djamena au Niger, puis à la Libye et à l’Égypte, le Tchad affirme sa volonté de sortir de l’enclavement historique et de repositionner sa diplomatie régionale à travers les infrastructures numériques. C’est une réponse directe à l’effritement sécuritaire dans la région sahélienne, mais aussi à la fragmentation institutionnelle de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

Cameroun : un carrefour stratégique sous pression

Le Cameroun, pivot naturel de la sous-région, pourrait bénéficier ou pâtir de cette nouvelle donne. Avec ses câbles sous-marins à Douala et Kribi, et une infrastructure télécom plus avancée, Yaoundé est idéalement placé pour devenir une plaque tournante régionale. Mais en l’absence de réformes ambitieuses sur la fiscalité numérique, l’attractivité pour les opérateurs reste modérée. L’introduction de la taxe sur le mobile money en 2022 avait déjà refroidi plusieurs investisseurs.

Dans un contexte où le Tchad noue des liens technologiques nouveaux avec ses voisins du nord, le Cameroun doit reconsidérer sa position stratégique. Une interconnexion plus profonde avec la RCA, en phase de stabilisation politique après l’accord de N’Djamena, ou un partenariat renforcé avec le Gabon et la Guinée équatoriale, s’impose comme une nécessité géopolitique.

Géopolitique du numérique et sécurité régionale

Derrière l’expansion numérique se jouent aussi des enjeux de souveraineté sécuritaire. À mesure que les administrations se numérisent, les cybermenaces transfrontalières se multiplient. Le Cameroun, confronté aux menaces dans l’Extrême-Nord et aux instabilités à ses frontières orientales, voit dans le numérique un levier de sécurisation des communications civiles et militaires.

« Celui qui contrôle les infrastructures numériques contrôle demain les flux d’information, la gouvernance, la sécurité et la mémoire collective », confie un haut responsable de la CEEAC, appelant à un pacte numérique régional commun.

Noël Ndong

VOUS POURRIEZ AIMER

"Investissez dans le boom agricole du Cameroun – [Explorez les opportunités]"

Table des matières

Vous avez des questions ou besoin de l'aide d'un expert ?

Notre équipe est là pour accompagner votre croissance.
Partagez ceci

Publicité

Aucun article trouvé !

Scroll to Top