Dans un contexte de mutation numérique accélérée, le gouvernement camerounais déploie une nouvelle stratégie de traçabilité fiscale des flux issus du mobile money.
Objectif : lutter contre les sous-déclarations, améliorer la transparence financière et sécuriser des recettes publiques indispensables. Une réforme qui, au-delà de sa dimension technique, revêt une portée géopolitique et économique régionale. Selon la BEAC, le Cameroun concentre à lui seul 71 % des volumes et 55 % de la valeur des transactions mobile money en zone CEMAC. En 2022, plus de 59 000 milliards FCFA ont transité par ces plateformes. Face à cet essor, un dispositif électronique de contrôle sera prochainement déployé pour interfacer les serveurs des opérateurs avec le fisc.
La taxe forfaitaire de 4 FCFA par transaction, introduite dans la loi de finances 2025, pourrait générer 15 milliards FCFA supplémentaires pour le Trésor, tout en suscitant débats sur l’équilibre entre inclusion financière et pression fiscale. « Ce n’est pas seulement une mesure budgétaire, mais une stratégie de souveraineté économique », confie un conseiller à la présidence. En pleine reconfiguration des équilibres régionaux, le Cameroun veut afficher une gouvernance moderne et crédible.
Cette réforme pourrait faire école dans une Afrique centrale encore largement dépendante de flux informels. À terme, elle pourrait repositionner le Cameroun comme pionnier d’une fiscalité numérique intelligente, équilibrée entre innovation, équité et développement.
Noël Ndong