Le sommet qui se tient aujourd’hui entre l’Union européenne et la Chine à Pékin, à l’occasion du 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques, ressemble à un exercice d’équilibrisme diplomatique.
Le sommet qui se tient aujourd’hui entre l’Union européenne et la Chine à Pékin, à l’occasion du 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques, ressemble à un exercice d’équilibrisme diplomatique.
Derrière les formules consensuelles et les poignées de main officielles, le climat est orageux. L’Europe et la Chine, deux géants économiques structurellement interdépendants, s’enlisent dans une logique de méfiance réciproque aux relents de guerre commerciale.
Sur le plan géoéconomique, les déséquilibres sont flagrants : l’UE accuse un déficit commercial record de plus de 300 milliards d’euros vis-à-vis de Pékin, alimenté par l’inondation du marché européen par des produits chinois subventionnés, notamment les véhicules électriques et les équipements solaires. Face à cette offensive industrielle, Bruxelles a renforcé ses instruments de défense commerciale, imposant des droits de douane sur plusieurs secteurs stratégiques. La Chine, en retour, menace de taxer les produits agroalimentaires et pharmaceutiques européens, notamment français.
Mais au-delà des chiffres, le cœur du problème réside dans l’absence de réciprocité. Alors que les entreprises chinoises prospèrent en Europe, les groupes européens déplorent toujours un accès limité au marché chinois et une compétition biaisée. Pékin défend son modèle, mais multiplie les appels à un « dialogue rationnel », tentant de contenir l’escalade protectionniste.
Les conséquences d’un durcissement durable seraient lourdes : fragmentation accrue des chaînes de valeur, contraction des investissements croisés, et affaiblissement des ambitions climatiques globales. Car si un terrain d’entente existe, c’est bien celui du climat – sujet sur lequel une déclaration conjointe pourrait sauver la face du sommet.
À défaut d’un tournant, ce sommet pourrait au mieux offrir un sursis : une pause dans la spirale de tensions, sans véritable inflexion stratégique. L’Europe, désormais lucide face à la dépendance technologique et commerciale, semble prête à durcir sa posture. Pékin, quant à lui, joue la montre dans un contexte de ralentissement économique. Le bras de fer est engagé – le sommet de Pékin n’en est peut-être que le prélude.
Noël Ndong