Alors que le Cameroun se prépare à élire son prochain président le 12 octobre 2025, les autorités et les partenaires internationaux s’attaquent à un fléau devenu central dans les processus électoraux : la désinformation.
Le 24 juillet 2025, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a reçu en audience Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’Union européenne, pour discuter d’un programme d’appui à la régulation de l’information et à la lutte contre les contenus toxiques diffusés notamment sur les réseaux sociaux. « L’Union européenne souhaite accompagner le Cameroun dans la promotion d’un environnement médiatique fiable, libre et responsable, surtout en période électorale », a déclaré Jean-Marc Châtaigner.
Ce partenariat s’inscrit dans un projet régional financé par l’Union européenne, en collaboration avec Canal France International (CFI), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’ONG locale Eduk Média. Il prévoit notamment la formation d’environ 200 journalistes à la vérification des faits, à la déconstruction des rumeurs, et à la sécurisation de l’espace public d’information. « La désinformation est une menace réelle pour la cohésion sociale et la stabilité des institutions. Un seul faux contenu peut suffire à enflammer une communauté ou délégitimer tout un processus électoral », a souligné René Emmanuel Sadi.
Selon un rapport de l’Observatoire des médias au Cameroun (2024), près de 64 % des informations partagées sur les réseaux sociaux en période électorale ne sont pas vérifiées, et 1 internaute sur 3 relaie une fausse information sans s’en rendre compte. Les conséquences sont multiples : perte de confiance dans les institutions, manipulation de l’opinion publique, incitation à la haine ethnique ou politique.
Le programme soutenu par l’UE inclura également des campagnes de sensibilisation citoyenne, notamment dans les écoles, les universités et les médias communautaires, afin de renforcer l’esprit critique des jeunes électeurs, première cible des contenus viraux.
À un peu plus de deux mois du scrutin, ce soutien européen est perçu comme un levier stratégique pour garantir un climat électoral apaisé, une presse plus outillée, et des électeurs mieux informés.
Noël Ndong