Dakar, Brazzaville, Luanda, Libreville, Le Cap, Abidjan, Cotonou… Depuis plusieurs mois, Firmin Edouard Matoko, Congolais et figure de l’UNESCO, sillonne le continent africain pour porter une ambition : faire de sa candidature à la tête de l’institution onusienne le vecteur d’une renaissance diplomatique et culturelle africaine.
Sous-directeur général pour la priorité Afrique depuis 2018, Firmin Edouard Matoko a entamé depuis plusieurs mois une tournée stratégique dans plus de 15 pays, rencontrant chefs d’Etat, ministres, universitaires et artistes. À chaque étape, un même message : l’Afrique ne veut plus seulement être un sujet de coopération, mais un acteur central du système multilatéral.
Une mobilisation diplomatique sans précédent
À Luanda, le président João Lourenço a qualifié sa candidature de « fierté continentale ». À Brazzaville, Denis Sassou Nguesso a évoqué « une voix expérimentée pour réconcilier les mondes culturels ». À Dakar, le Premier sénégalais Ousmane Sonko a insisté sur « l’enjeu de visibilité de l’expertise africaine dans les arènes internationales ».
Ces soutiens publics, rarement aussi explicites dans une campagne onusienne, traduisent une volonté politique d’affirmation collective, dans un contexte géopolitique marqué par le recul du multilatéralisme traditionnel et la montée des logiques de blocs.
La diplomatie culturelle comme levier stratégique
Au-delà des soutiens institutionnels, Firmin Edouard Matoko fonde sa campagne sur une approche originale : la diplomatie culturelle comme outil de cohésion mondiale. Son programme défend la préservation des langues africaines, la décolonisation des curriculums éducatifs, la protection des patrimoines immatériels, et la promotion d’un multilinguisme inclusif.
Ce positionnement tranche avec des candidatures plus classiques comme celle de l’Égyptien Khaled El-Enany, appuyée sur la francophonie et les alliances arabes, ou celle de la Mexicaine Gabriela Ramos Patino, axée sur l’égalité des genres.
Une candidature pour l’Afrique, mais pas seulement
Si Firmin Edouard Matoko est soutenu par une large partie de l’élite politique et intellectuelle africaine, sa candidature dépasse le simple registre régional. Elle interpelle sur la gouvernance culturelle mondiale et sur le besoin de rééquilibrer les centres de décision.
Selon plusieurs observateurs, son profil – conciliant longévité institutionnelle, connaissance des dynamiques Sud-Sud et légitimité académique – pourrait séduire au-delà de l’Afrique, notamment en Amérique latine ou en Asie du Sud-Est. Reste la question du vote de bloc africain : l’Union africaine n’a pas encore officialisé un soutien collectif, bien que les signaux soient positifs.
Vers un basculement symbolique ?
La tournée de Firmin Edouard Matoko ne se résume pas à une quête de voix : elle symbolise l’entrée plus affirmée de l’Afrique dans les mécanismes de gouvernance culturelle mondiale. L’homme a l’âme de gagnant. Son offensive diplomatique a déjà contribué à installer l’idée qu’un Africain peut diriger l’UNESCO non pas au nom d’un quota, mais au nom d’une vision universelle nourrie d’ancrages pluriels.