L’Église catholique en Afrique trace son cap pour 2050 : évangélisation, réconciliation et souveraineté spirituelle au cœur d’un continent en mutation

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Réunis à Kigali, les évêques du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) ont adopté une feuille de route visionnaire pour les 25 prochaines années, structurée autour de 12 piliers stratégiques, allant de l’évangélisation à l’autonomie institutionnelle. Un tournant spirituel à forte portée politique.

Alors que l’Afrique s’apprête à entrer dans une phase critique de transformation démographique, sociale et sécuritaire, l’Église catholique continentale prend position. Du 30 juillet au 4 août 2025, à Kigali, plus de 300 hauts responsables ecclésiaux ont entériné un document stratégique de long terme visant à réarticuler la mission de l’Église autour de valeurs d’espérance, de paix et de réconciliation, mais aussi d’autonomie économique et d’enracinement culturel.

« L’évangélisation ne peut rester théorique : elle doit transformer les cultures et guérir les fractures humaines », a affirmé le Père Rafael Simbine, secrétaire général du SCEAM, en présentant la vision continentale.

12 piliers : vers une Église résiliente, décolonisée et actrice de paix

Chaque pilier du document combine un diagnostic socioculturel africain, une orientation stratégique et un modèle concret d’action, témoignant de la volonté de sortir d’une dépendance pastorale ou financière postcoloniale.

Parmi les priorités :

  • Une évangélisation enracinée dans les réalités africaines, rejetant les dualismes foi/vie.
  • La réconciliation communautaire, dans un contexte où plus de 22 conflits intra-étatiques touchent actuellement le continent (source : ACLED, 2025).
  • L’autonomisation des Églises locales, via la formation, la mobilisation des ressources et la gouvernance interne.
  • Le témoignage par l’action sociale, en particulier auprès des jeunes, des migrants et des communautés rurales.

« L’Afrique est un foyer spirituel. Notre foi doit parler au monde depuis notre terre, nos blessures et nos espoirs », a résumé le Cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.

Une réponse à l’urgence : guerres, fractures sociales, perte d’espérance

Dans leur message final, les évêques ont condamné les « souffrances inimaginables » provoquées par les conflits armés, les divisions ethniques et la pauvreté systémique. L’appel à une Église actrice de médiation, de justice réparatrice et de pardon radical résonne particulièrement dans les pays comme le Cameroun, la RDC, le Soudan du Sud ou le Mozambique, où les communautés chrétiennes sont souvent à la fois victimes et témoins.

Le SCEAM appelle les dirigeants politiques à intégrer l’éducation à la paix dans les systèmes scolaires et à promouvoir le dialogue intercommunautaire comme priorité de gouvernance.

Focus Cameroun : une Église face à la crise anglophone et à la fragmentation sociale

Au Cameroun, où l’Église catholique reste l’une des institutions les plus respectées, la mise en œuvre de cette feuille de route pourrait jouer un rôle majeur dans la pacification de la crise anglophone, qui a déjà fait plus de 3000 morts et déplacé 800 000 personnes depuis 2016, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des nations unies (OCHA). Le clergé local, souvent en première ligne, est appelé à « former les consciences à la paix, sans compromis sur la justice et la vérité ».

Le pays est également invité à investir dans la formation des laïcs, des jeunes et des familles, pour éviter l’atomisation communautaire et renforcer l’Église-Famille de Dieu, modèle privilégié par le SCEAM.

Une diplomatie spirituelle africaine à l’horizon 2050

Dans un continent aux enjeux géopolitiques mouvants – urbanisation galopante, montée des extrémismes, instabilité sécuritaire, pressions migratoires -, le SCEAM affirme l’Église comme un acteur de souveraineté morale, de cohésion sociale et de résilience stratégique. La vision portée à Kigali invite à articuler foi, culture et développement humain intégral, tout en appelant à un leadership africain éclairé, aussi bien dans les sphères ecclésiales que politiques.

« C’est à partir de l’Afrique que l’Église universelle pourra retrouver un souffle d’espérance. Mais cela exige de bâtir des ponts durables entre spiritualité, paix et responsabilité publique », a résumé un évêque sahélien sous couvert d’anonymat.

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