À deux mois de l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025, Elections Cameroon (ELECAM) poursuit la mise en place progressive de son dispositif électoral.
Dans un communiqué publié ce week-end, l’organe en charge de l’organisation des scrutins invite les douze candidats définitivement retenus à désigner leurs représentants au sein des commissions départementales de supervision.
Ces structures, présentes dans les chefs-lieux de département, jouent un rôle central dans le suivi du processus électoral au niveau local. Leur mission est d’assurer la régularité des opérations électorales, en permettant une surveillance multipartite – un levier de transparence souvent revendiqué par les formations politiques et la société civile.
« Les candidats ou leurs mandataires sont invités à se rapprocher des services régionaux ou départementaux d’ELECAM pour déposer les noms de leurs représentants », indique le communiqué.
Un processus institutionnel dans un contexte de prudence
Si cette étape s’inscrit dans la continuité du calendrier électoral, elle intervient dans un climat politique empreint de réserves, notamment du côté des partis d’opposition. Ces derniers, bien que légalement intégrés au processus, continuent d’exprimer des doutes sur les garanties offertes par le cadre électoral actuel.
Des déclarations récentes d’acteurs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, critiquant l’attitude de certaines formations comme le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ont suscité des réactions. L’un des cadres du parti majoritaire, Essomba Bengono, a affirmé que « le MRC ne prépare pas les élections, mais une contestation », une sortie perçue comme polémique par plusieurs observateurs.
Ces tensions verbales témoignent d’un environnement politique toujours polarisé, où la suspicion envers l’organe électoral persiste, malgré le respect formel des échéances.
Une liste de candidats validée sans surprise
Sur les 13 dossiers initialement acceptés par ELECAM, un seul, celui de Hilaire Macaire Dzipan, a été écarté à l’issue du contentieux électoral devant le Conseil constitutionnel. La demande de réintégration formulée par Christine Moullende (Mouvement Progressiste) n’a pas été retenue.
Au final, douze candidats participeront à la course, dont le président sortant Paul Biya. Il se retrouve face à onze concurrents, issus de formations diverses, avec des profils et programmes contrastés. Si la pluralité des candidatures est saluée dans certains cercles, la réalité de la compétition politique continue de faire débat, dans un système jugé par plusieurs analystes comme marqué par une forte concentration du pouvoir exécutif.
Vers un scrutin sous observation
La mise en place des commissions de supervision marque un jalon important dans la préparation du scrutin. Toutefois, la confiance dans le processus reste partielle, tant pour une partie de l’opinion publique que pour les partenaires internationaux.
Plusieurs points sensibles, comme la composition perçue comme déséquilibrée d’ELECAM, ou le mode de publication des résultats, reviennent régulièrement dans les critiques adressées au cadre électoral camerounais. En 2018, des contestations avaient émergé autour de l’issue du scrutin, alimentées par une absence perçue de transparence dans le dépouillement et l’annonce des résultats.
Une élection à forts enjeux, mais à l’issue incertaine
Dans les prochaines semaines, les regards se porteront sur la campagne électorale, l’équité d’accès aux médias publics, et la capacité des institutions à garantir un traitement impartial des candidats. Si le respect des étapes techniques du calendrier électoral est globalement observé, la légitimité du scrutin dépendra aussi de la perception de son intégrité.
À l’heure où le Cameroun est confronté à de nombreux défis – économiques, sécuritaires et sociaux -, cette élection présidentielle représente un test important pour ses institutions. Plus encore qu’un simple exercice démocratique, elle interroge sur la capacité du système politique à évoluer dans un cadre pacifique, pluraliste et inclusif.