
Sécurité maritime, investissements verts, infrastructures régionales : le Golfe de Guinée est au centre d’un ambitieux agenda international. Réunis à New York, dirigeants, diplomates et investisseurs entendent lever les freins à une zone à fort potentiel mais encore sous-exploitée.
800 milliards de dollars. C’est le montant estimé des opportunités économiques que recèle le Golfe de Guinée, selon une étude conjointe de l’Union africaine et de la CEA (Commission économique pour l’Afrique). De Lagos à Libreville, la façade maritime ouest-africaine concentre un potentiel stratégique majeur : ressources halieutiques, hydrocarbures offshore, corridors logistiques, hubs portuaires, énergies renouvelables, et zones économiques spéciales.
Mais pour transformer ce potentiel en réalité, il faut lever trois verrous : l’insécurité maritime, le déficit d’infrastructures, et l’absence de coordination régionale.
Diplomatie économique et sécurité au menu
Organisée en marge de la session de l’Assemblée générale de l’ONU, la table ronde de New York réunit les ministres du Commerce et des Transports de 11 pays côtiers, aux côtés de bailleurs, banques multilatérales (BAD, Banque mondiale) et opérateurs logistiques internationaux. « Le Golfe de Guinée peut devenir un moteur de la transformation économique africaine, à condition de sécuriser ses routes et de planifier ensemble ses investissements », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine.
Sécurité maritime : un enjeu stratégique mondial
Longtemps considéré comme l’épicentre mondial de la piraterie maritime, le Golfe de Guinée a vu une baisse de 60 % des actes de piraterie entre 2021 et 2024, grâce à des initiatives conjointes (Code de Yaoundé, coopération navale régionale). Mais les menaces persistent : trafics, pêche illégale, et flux migratoires irréguliers. Les États-Unis, la France, la Chine et l’Union européenne ont réaffirmé leur soutien à la sécurisation de la zone, en promouvant des capacités navales locales et des investissements dans le renseignement maritime.
Infrastructure, climat et logistique : les priorités
Outre la sécurité, les discussions portent sur le financement de corridors multimodaux (routes, rails, ports) ; l’accélération des investissements dans les énergies marines et solaires ; la mise en réseau des zones portuaires et logistiques régionales. Un fonds régional de 5 milliards dollars est en discussion, porté par la BAD et un pool de partenaires privés.
Alors que l’Afrique cherche à consolider sa souveraineté économique et commerciale, le Golfe de Guinée pourrait devenir une véritable colonne vertébrale maritime du continent. À condition de jouer collectif et stratégique.