Le RDPC sonne la mobilisation dans le Littoral. « Le Parti se met en ordre de bataille, et le Littoral sera décisif », déclare un cadre régional du RDPC à Douala.
C’est un retour orchestré avec soin, dans une séquence politique à haute intensité. Après plusieurs mois de convalescence, le ministre d’État Laurent Esso, pilier du régime Biya, refait surface sur la scène publique en présidant le meeting de lancement de la campagne régionale du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), prévu ce samedi 27 septembre à la Maison du Parti de Bonanjo.
Ce rassemblement symbolique ouvre la phase décisive des activités électorales du parti au pouvoir dans la région stratégique du Littoral, en prélude à la présidentielle d’octobre 2025. Les départements du Wouri, du Moungo, du Nkam et de la Sanaga-Maritime, considérés comme des bastions électoraux à fort potentiel, sont mobilisés pour cette démonstration de force.
Une région sous haute tension politique
Avec plus de 4,2 millions d’habitants et une contribution estimée à près de 35 % du PIB national, le Littoral est bien plus qu’un simple théâtre d’opérations politiques : c’est une plaque tournante de l’économie camerounaise, un carrefour logistique régional, et un baromètre électoral national. À Douala, capitale économique, la perception populaire du pouvoir central est ambivalente, entre attentes sociales, frustrations économiques et fidélité partagée.
« Le RDPC sait que gagner le Littoral, c’est sécuriser un levier économique et symbolique », indique un analyste politique de l’Institut Muna pour la Gouvernance. Face à une opposition revigorée et à une jeunesse urbaine plus politisée, le défi est clair : contenir l’érosion du socle électoral et reconquérir les cœurs dans une région aux dynamiques sociopolitiques complexes.
Le retour de Laurent Esso : symbole ou stratégie ?
Agé de 83 ans, juriste de formation, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso demeure une figure centrale de l’appareil d’État et du cercle rapproché de Paul Biya. Son retour, après une absence prolongée pour raisons de santé, est lu comme un signal politique fort : continuité, résilience et réactivation des réseaux historiques du régime dans un contexte électoral incertain.
« En choisissant Esso pour présider ce meeting, le parti envoie un message de stabilité et d’autorité, à l’heure où les équilibres internes sont sous tension »,souligne un diplomate. Alors que les spéculations sur l’après-Biya agitent les chancelleries et les milieux d’affaires, la réapparition publique de figures de l’« ancien système » est observée de près. Pour certains, c’est un rappel de l’ordre établi. Pour d’autres, un dernier tour de piste avant un inévitable aggiornamento.
Une campagne sous surveillance régionale et internationale
Le scrutin présidentiel de 2025 s’annonce comme l’un des plus ouverts depuis trois décennies. Le RDPC, bien que solidement implanté, doit faire face à une recomposition de l’opposition, à une société civile active, et à une communauté internationale plus exigeante sur les conditions de transparence électorale.
Enjeux sécuritaires dans les régions anglophones, pression sociale sur le pouvoir d’achat, désenchantement des jeunes, mais aussi convoitises géoéconomiques autour des infrastructures portuaires et minières : le contexte impose une lecture géopolitique intégrée de la campagne.
Douala, point de bascule stratégique
Le meeting du 27 septembre ne sera pas seulement un événement partisan : il cristallise les rapports de force d’un système à la recherche d’un nouveau souffle, dans un pays confronté à des défis sécuritaires, sociaux et économiques majeurs. Le retour de Laurent Esso en est l’un des marqueurs les plus révélateurs. « Ce n’est pas seulement une campagne électorale, c’est une bataille pour le contrôle de l’avenir politique et économique du Cameroun », conclut un Chercheur en stratégie politique au Centre d’analyse de Douala.