A moins de deux semaines de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre, l’opposant camerounais Maurice Kamto a reconnu dans une déclaration vidéo l’échec des efforts visant à former une coalition de l’opposition.
Sa propre candidature ayant été écartée par Elecam et la Cour Constitutionnelle, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a annoncé qu’il ne soutiendra aucun autre candidat, appelant les électeurs à « voter librement en âme et conscience« . « Malgré la décision inique de rejeter ma candidature, de nombreux Camerounais ont continué de penser que je pouvais encore jouer un rôle », a déclaré Maurice Kamto sur sa page Facebook officielle.
Après avoir proposé une candidature unique aux onze figures de l’opposition, notamment aux anciens ministres Bello Bouba Maïgari (UNDP) et Issa Tchiroma Bakari (FSNC), Maurice Kamto espérait enclencher une dynamique populaire capable de concurrencer le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Les discussions, bien que engagées avec sept des onze candidats, n’ont pas abouti, freinées par des désaccords de fond, des engagements jugés tardifs et un manque de préparation stratégique.
Fragmentation persistante, stabilité consolidée
Le retrait de Maurice Kamto et l’incapacité de l’opposition à s’unir renforcent une fois encore le climat d’inertie politique. La longévité exceptionnelle de Paul Biya (92 ans) a fait de lui un fin stratège et l’absence d’alternative structurée posent des questions tant sur le renouvellement des élites que sur les perspectives de réforme.
Sur le plan géopolitique, le Cameroun demeure un acteur clef en Afrique centrale, à la fois par sa position stratégique et par son rôle sécuritaire face aux menaces régionales (Boko Haram, crise anglophone). Les partenaires internationaux – notamment la France, la Chine et les institutions multilatérales – suivent ce processus électoral avec prudence, privilégiant une lecture stabilité -réaliste plutôt qu’un soutien explicite à l’opposition.
Une participation sous surveillance
Dans un contexte de fatigue démocratique croissante, les observateurs s’attendent à un taux de participation modéré, voire en recul par rapport à 2018 (53,8 %). En l’absence d’un leadership d’opposition unifié, la voie semble ouverte à une nouvelle réélection de Paul Biya.