UNESCO : Firmin Édouard Matoko le choix d’avenir pour l’organisation

À l’approche de l’élection du prochain directeur général de l’UNESCO (mandat 2025‑2029), l’affrontement entre le Congolais Firmin Édouard Matoko et l’Egyptien Khaled El-Enany est plus que jamais symbolique.

Il ne s’agit pas seulement de deux parcours personnels : c’est une décision structurante pour l’orientation de l’UNESCO dans un monde en recomposition (multilinguisme, financements, gouvernance, pertinence géopolitique, crédibilité intellectuelle). Cet article entend présenter un argumentaire clair et convaincant en faveur de Firmin Edouard Matoko, tout en mettant en lumière les faiblesses de son adversaire.

I. Portraits comparés : forces et faiblesses

CritèreFirmin Édouard MatokoKhaled El‑Enany
Âge69 ans (né en 1956)54 ans (né en 1971)
Formation / étudesÉconomie & commerce, Université La Sapienza (Rome); spécialisation relations internationales,Cesare Alfieri (Florence); études diplomatiques à ParisLicence tourisme/guidance, Faculté de Tourisme et Hôtellerie Helwan; DEA & doctorat en égyptologie, Université Paul‑Valéry Montpellier III
Parcours professionnel / fonctionsCarrière UNESCO complète depuis 1985 : expert éducation, chef de bureau, représentant dans plusieurs régions (Afrique, Amérique latine), direction du département Afrique, depuis 2017 Sous‑Directeur général chargé de la priorité Afrique & des relations extérieuresUniversité (professeur d’égyptologie) ; direction de musées (Musée national de civilisation égyptienne, Musée du Caire) ; ministre des Antiquités (2016‑2019), ministre du Tourisme & Antiquités (2019‑2022)
Langues / multilinguismeFrançais, anglais, italien, espagnol ; niveau intermédiaire en portugais ; apprentissage du lingala et du swahiliArabe (langue maternelle), français, anglais
Réseaux institutionnels UNESCO / interneConnaissance intime des organes, des bureaux régionaux, des mécanismes de gouvernance interne ; déjà auditionné aux instances de direction à plusieurs reprisesParcours essentiellement national, sans expérience opérationnelle systématique dans les rouages internes de l’UNESCO (mais bonne notoriété dans le monde du patrimoine et des musées)
Support politique / diplomatiqueSoutien de certains États africains ; sa candidature est présentée comme “interne”, donc cohérente avec la continuité institutionnelle ; argument d’un candidat maison connaissant les arcanesSoutien officiel de l’Égypte, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, d’États alliés (notamment dans le monde arabe)

Forces de Firmin Edouard Matoko

  1. Fin compétiteur, esprit d’ouverture, hauteur intellectuelle

Fimin Edouard Matoko est un « homme du sérail » mais pas un simple bureaucrate : comme il le répète, il connaît l’UNESCO de l’intérieur, ce qui lui permet de proposer des réformes pragmatiques, tout en intégrant la diversité des pays membres. Son parcours combine rigueur intellectuelle (économiste, diplomate) et vision globale.

  • Multilinguisme et sens universel

Dans une institution qui se réclame du multilinguisme (français, anglais, espagnol, arabe, etc.), le fait d’être multilingue est un atout pour dialoguer avec tous les États membres – un argument souvent invoqué pour l’UNESCO.

  • Connaissance profonde de l’UNESCO

Il a exercé dans de nombreux bureaux régionaux, a piloté des programmes éducatifs, culturels ou de paix, et connaît les défis internes : structure, gouvernance, financement et décentralisation. Il sait où il faut faire évoluer l’institution, avec un pied dans la tradition et l’autre dans l’innovation.

  • Projet institutionnel clair et innovant

Parmi ses priorités annoncées : la refonte de la gouvernance, la transparence budgétaire, le renforcement des programmes régionaux, et la redynamisation de l’UNESCO comme « think tank » pour l’éducation, la culture, la paix. Il propose aussi de faire de l’UNESCO une organisation plus mobile, plus « réactive », moins centrée autour du siège uniquement.

  • Racines plurielles

Originaire du Congo, en Afrique centrale, Firmin Edouard Matoko incarne la pluralité culturelle, il connaît les réalités africaines, latino-américaines, asiatiques, occidentales, grâce à ses missions passées – un atout pour incarner l’universalité de l’UNESCO.

  • Crédibilité externe, soutien diplomatique

Il bénéficie de soutiens régionaux (autorités congolaises, de pays africains, asiatiques, sud-américaines…réseaux culturels). En outre, sa candidature peut séduire les États cherchant un leadership moins polarisé.

Faiblesses et risques de El‑Enany

  1. Moins d’expérience interne de l’UNESCO 

Sa dominante est le patrimoine, les musées, la culture nationale – il a moins d’antécédents de gestion institutionnelle globale de l’UNESCO. Cela comporte un risque : lorsqu’il s’agira de piloter des départements éducation, sciences, communication, il pourrait manquer de réflexes institutionnels.

  • Proximité politique et risque de surreprésentation nationale

En tant qu’ancien ministre, il pourrait être perçu (ou s’auto-percevoir) comme représentant des intérêts égyptiens ou du monde arabe, plutôt que de l’organisation dans sa globalité.

  • Campagne longue mais polarisation géopolitique

Il est en campagne depuis plus de deux ans, ce qui lui a offert du temps de mobilisation, mais l’expose aussi à des critiques (campagnes de lobbying, achats d’influence, accusations de favoritisme) – sans preuve solide mais avec un effet discutable pour la crédibilité.

Certains analystes évoquent déjà des tensions autour des questions de transparence et d’équité (allégations de rémunérations, influence diplomatique excessive) – sans preuve solide pour l’instant, mais avec un effet discutable pour la crédibilité.

  • Image de « conservateur du patrimoine » vs institution dynamique

Son profil est très marqué patrimoine, restauration, musées – ce qui peut donner l’impression d’un dirigeant tourné vers le passé plutôt que vers les défis d’avenir (Intelligence artificielle, inclusion numérique, mutations éducatives).En période de révolution technologique et de tensions globales, on pourrait lui reprocher d’être trop « vertébral » ou trop attaché à la tradition, une absence d’agilité.

  • Langues et communication universelle

Même s’il parle français et anglais, il est moins polyvalent linguistiquement que Firmin Edouard Matoko sur certains domaines (comme l’espagnol, l’italien, d’autres langues). Ce qui peut être un handicap dans les négociations multilatérales.

II. Pour les États électeurs

1. Continuité et Réforme interne

Un directeur général issu de l’UNESCO – Firmin Edouard Matoko – garantit une transition plus fluide : il connaît les mécanismes, peut éviter les fractures internes. À l’inverse, une candidature « externe » comporte toujours un temps d’adaptation et un risque de latence de leadership.

2. Le multilinguisme et l’universalité symbolique

Dans une institution revendiquant ses racines plurilingues, le choix d’un candidat maîtrisant plusieurs langues, sensible à diverses cultures (Afrique, Amérique latine, Asie, Europe…) plaide en faveur de Firmin Edouard Matoko. Il incarne moins l’image d’une nation particulière que celle d’un pivot universel.

3. Un directeur général comme laboratoire d’idées, non simple gestionnaire

Firmin Edouard Matoko milite pour une UNESCO qui bouge, se renouvelle, devient un véritable think tank sur les grands défis (climat, inversion des inégalités, numérique, paix). Ce positionnement plus proactif est crucial pour séduire les États désireux d’une institution plus dynamique et moins figée.

4. La crédibilité et la confiance institutionnelle

Un dirigeant disposant d’un capital de confiance interne (personne connue, respectée, ayant déjà été auditionnée) est moins vulnérable aux critiques externes, aux suspicions de favoritisme, aux accusations de clientélisme. Les États électeurs, soucieux de la réputation de l’UNESCO, doivent prendre en compte ce facteur de crédibilité.

5. Soutien diplomatique équilibré

Firmin Edouard Matoko peut apparaître comme un compromis utile : ni trop « fort » politiquement, ni dépendant d’un bloc, il peut rassembler des États critiques ou hésitants, notamment dans les pays du Sud, en Europe, en Amérique latine.

III. Cas du « levier France » et comparaison symbolique

Un point stratégique souvent évoqué est le soutien français à certaines candidatures de l’UNESCO. Le fait que Firmin Edouard Matoko soit perçu comme « moins lié » à une puissance hégémonique pourrait jouer en sa faveur auprès des États soucieux d’indépendance.

Par ailleurs, un parallèle est souvent fait entre Firmin Edouar Matoko et Kofi Annan – un « pur produit » onusien qui incarna la crédibilité, la neutralité, la hauteur morale. Cette comparaison peut être mise en valeur comme une promesse de neutralité et d’autorité intellectuelle.

IV. La Vision pour l’UNESCO 2025‑2029

  1. Une UNESCO plus agile, financée, multilingue, laboratoire d’idées et moteur de l’équité globale.
  2. Voter non pas pour un État, mais pour un projet
  3.  Encourager les États à dépasser les solidarités régionales ou arabes pour choisir la compétence et la vision.

« Je suis candidat de toutes les nations – pas d’un seul courant », déclarait Firmin Edouard Matoko sur RFI, le 30 septembre 2025. « Avec mon slogan « UNESCO for the People », je veux briser les barrières, donner une voix aux marginalisés », déclarait Khaled El-Enany sur Afp.com. Ces deux citations illustrent les postures proposées : Firmin Edouard Matoko se présente comme rassembleur institutionnel, El‑Enany comme porteur d’un slogan mobilisateur, mais davantage sectoriel.

Le choix entre Firmin Edouard Matoko et Khaled El‑Enany n’est pas seulement un duel d’ego ou de nationalités : c’est une bifurcation possible dans l’ambition de l’UNESCO. Entre un candidat « de l’intérieur » maîtrisant les rouages institutionnels, capable de moderniser l’organisation sans rupture, et un candidat « extérieur » au riche profil patrimonial mais potentiellement moins armé pour piloter l’ensemble des missions, la balance pencherait en faveur de Firmin Édouard Matoko. Pour les États électeurs, la question n’est pas de soutenir « Afrique contre Égypte », mais de choisir un leadership capable d’emporter l’adhésion, d’assurer la crédibilité, et d’anticiper les défis du monde éducatif, culturel et scientifique.

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