Brazzaville : l’Algérie prend les rênes de la future Banque africaine de l’énergie

Vers une souveraineté financière du Sud global face au désengagement occidental.

À Brazzaville, le 4 novembre 2025, l’Organisation africaine des producteurs de pétrole (APPO) a confié à l’Algérie la direction du chantier le plus stratégique de son histoire : la création de la Banque africaine de l’énergie (BAE). Un outil destiné à financer, par des capitaux africains, le développement pétrolier, gazier et les transitions énergétiques du continent.

Derrière la décision de confier ce mandat à Alger se dessine une recomposition du pouvoir énergétique africain. Alors que les bailleurs occidentaux se détournent des hydrocarbures, les seize États membres de l’APPO entendent consolider leur autonomie financière. La Banque – dotée d’un capital initial de 500 millions de dollars – ambitionne de devenir le bras armé d’une diplomatie énergétique sud-sud, à l’image d’Afreximbank pour le commerce intra-africain.

Pour Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie et président du groupe de travail chargé du projet, l’enjeu est clair : sortir de la dépendance aux institutions financières du Nord et créer un cadre de financement qui conjugue sécurité énergétique, souveraineté et transition. Cette initiative intervient au moment où les pressions climatiques internationales restreignent l’accès des producteurs africains aux capitaux nécessaires pour moderniser leurs infrastructures.

Mais le projet reste suspendu à une condition clé : la mobilisation effective des contributions nationales. Sans la mise de départ des États membres, la Banque ne pourra pas être opérationnelle. L’AEICorp, le bras financier de l’APPO, en assurera la supervision technique, tandis qu’un second groupe, dirigé par le Sénégal, veillera à la cohérence institutionnelle du dispositif.

Pour Alger, ce mandat renforce une stature déjà consolidée. L’Algérie, acteur pivot entre Afrique du Nord, Sahel et Golfe de Guinée, capitalise sur son expertise hydrocarbure et son positionnement géopolitique. Engagée dans des projets structurants – du gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie à la coopération sécuritaire avec le Niger et le Mali -, elle s’impose comme chef d’orchestre énergétique du Sud global.

Cette décision traduit aussi un changement d’échelle : les producteurs africains ne cherchent plus seulement à négocier avec les marchés mondiaux, mais à créer leurs propres instruments d’influence. Dans un monde fragmenté par les rivalités énergétiques, la Banque africaine de l’énergie pourrait devenir l’un des leviers d’une autonomie stratégique africaine, articulant hydrocarbures, financement et intelligence économique.

Le Congo, hôte de la session, accueillera en 2026 le premier sommet des chefs d’État de l’APPO, où la BAE sera présentée comme le pilier d’une nouvelle diplomatie énergétique africaine – à la croisée des ressources, de la sécurité et de la souveraineté.

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