G20 de Johannesburg : Qu’a gagné l’Afrique et le Sud global ?

la présidence sud-africaine a réussi à « placer la croissance et le développement de l'Afrique au centre du G20 ».

Le Sommet du G20 en Afrique du Sud restera comme un événement paradoxal : un moment historique pour le continent, mais marqué par l’absence spectaculaire des États-Unis, pourtant appelés à prendre la présidence tournante du forum.

Si cette omission a occupé les gros titres, l’enjeu réel est ailleurs : qu’a obtenu l’Afrique – et plus largement le Sud global – de cette séquence diplomatique inédite ?

L’Afrique au centre d’un agenda mondial qu’elle ne subit plus entièrement

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa a insisté sur un point : la présidence sud-africaine a réussi à « placer la croissance et le développement de l’Afrique au centre du G20 ». Cela représente une rupture. Historiquement, l’Afrique était surtout mentionnée dans les annexes, souvent sous l’angle de l’aide ou de la vulnérabilité.

Cette fois, l’agenda a intégré : Les infrastructures stratégiques ; une réforme partielle du financement multilatéral ; le soutien à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ; et un engagement à aligner les investissements du G20 sr les besoins industriels africains. Pour les diplomates africains, c’est déjà un gain majeur : un cadre politique, non plus caritatif, mais économique.

Un repositionnement symbolique mais puissant : un G20 sur le sol africain

Pour la première fois, le Sommet des dirigeants s’est tenu sur le continent africain. Même si certains y voient un acte symbolique, ce symbole compte. Il signifie notamment que l’Afrique n’est plus un « acteur invité” ; le continent exige d’être acteur structurant dans la gouvernance économique mondiale ; le G20 reconnaît son poids démographique (1,4 milliard d’habitants) ; mais aussi son potentiel économique (marché le plus dynamique du XXIᵉ siècle selon la Banque mondiale).

Johannesburg a donné au Sud global une tribune politique unique, confirmant la trajectoire initiée par l’Indonésie, l’Inde et le Brésil : une diplomatie multipolaire, plus inclusive, moins centrée sur les priorités occidentales.

Des engagements géopolitiques clés pour la stabilité africaine

La déclaration finale, parfois décrite comme un compromis minimaliste, contient néanmoins plusieurs passages essentiels pour l’Afrique : engagement pour la paix au Soudan ; soutien à une stabilisation durable en RDC; réaffirmation de la nécessité d’un règlement juste au Moyen-Orient ; mention explicite de la crise ukrainienne, mais dans des termes compatibles avec un positionnement multipolaire.

Ces engagements ne résolvent pas les conflits, mais ils confirment que les crises africaines ne sont plus reléguées au second plan des priorités internationales.

Le Sud global s’affirme comme bloc politique

Le sommet a aussi montré que le Sud global n’est plus une abstraction, mais un acteur cohérent, articulé autour de priorités pour le développement ; d’un agenda industriel commun ; et d’une vision multipolaire du monde. L’Afrique du Sud s’est clairement inscrite dans la lignée diplomatique de l’Inde (G20 2023) et du Brésil (G20 2024). Pour la première fois, un continuum sud-sud s’est exprimé à l’intérieur même du G20.

L’absence des Etats-Unis : un handicap, mais aussi une opportunité

L’absence américaine a évidemment fragilisé la solennité de la passation. Mais paradoxalement, elle a permis au Sud global : de montrer son autonomie ; de se structurer sans tutelle occidentale ; d’accélérer la réflexion sur une gouvernance mondiale plus inclusive. Plusieurs diplomates africains confient en privé qu’une présence américaine trop dominante aurait « écrasé » certaines propositions africaines. L’absence de Washington a ouvert de l’espace politique.

Ce que l’Afrique n’a pas obtenu

Tout n’est pas victoire. Le continent n’a pas obtenu : un engagement massif sur l’allégement de la dette ; un plan structurant sur les chaînes de valeur africaines ; ni un mécanisme clair de transfert technologique. Le G20 reste un forum où l’Afrique négocie en position de faiblesse – mais une faiblesse désormais assumée, organisée, articulée.

Un pas, pas une révolution – mais un pas décisif

Ce G20 n’a pas transformé l’Afrique, mais il a modifié sa place dans le concert des nations.La présidence sud-africaine a offert une visibilité inédite, inscrit l’Afrique dans le centre des discussions stratégiques, et consolidé la montée en puissance du Sud global.

Ce que l’Afrique en tire, finalement, est simple : une entrée durable dans la diplomatie des grandes puissances.
Le reste dépendra de sa capacité à maintenir cette pression lors des prochaines présidences – y compris celle, très incertaine, des États-Unis.

VOUS POURRIEZ AIMER

"Investissez dans le boom agricole du Cameroun – [Explorez les opportunités]"

Table des matières

Vous avez des questions ou besoin de l'aide d'un expert ?

Notre équipe est là pour accompagner votre croissance.
Partagez ceci

Publicité

Aucun article trouvé !

Scroll to Top