Ruptures avec le FMI : révélateur multidimensionnel des vulnérabilités africaines

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La liste publiée le 12 août 2025 par le FMI sur les retards prolongés dans les consultations au titre de l’article IV expose bien plus qu’un simple non-respect de procédures.

Elle révèle des fragilités systémiques, où la gouvernance économique, la stabilité politique, la sécurité nationale et les dynamiques géopolitiques s’entrecroisent. Cinq pays africains – Soudan, Érythrée, Tunisie, Libéria et Sénégal – y figurent. Leur exclusion de fait du circuit de financement multilatéral illustre une crise de confiance aux conséquences profondes.

Sur le plan géopolitique, la rupture du dialogue avec le FMI reflète souvent une marginalisation diplomatique. L’Érythrée, coupée de tout processus d’évaluation depuis 2019, s’est installée dans une posture de repli stratégique. Le Soudan, englué dans une guerre civile depuis 2020, voit sa désintégration sécuritaire se traduire par une paralysie institutionnelle complète. Dans ces cas, l’absence de sécurité nationale devient un obstacle structurel au dialogue international.

La dimension géoéconomique est tout aussi centrale. Le Sénégal, pourtant présenté comme un modèle de stabilité jusqu’en 2023, illustre la fragilité des architectures financières africaines : la découverte de dettes cachées (7 milliards USD) a suffi à suspendre les programmes du FMI, témoignant de l’impact de la transparence budgétaire sur la crédibilité financière. Le Liberia, quant à lui, montre que les transitions politiques peuvent momentanément désorganiser l’appareil administratif sans nécessairement compromettre la reprise du dialogue, à condition de restaurer rapidement la stabilité post-électorale.

Cette situation prend une résonance particulière en Afrique centrale, région souvent sous-analy­sée dans les discussions sur les retards Article IV, mais exposée à des fragilités comparables. Si aucun pays d’Afrique centrale ne figure actuellement sur la liste du FMI, plusieurs – comme la Centrafrique, le Tchad ou le Congo – restent classés à risque élevé d’endettement, exposés aux chocs sécuritaires (groupes armés, instabilité frontalière) et dépendants des matières premières. Dans cette région, le risque n’est pas uniquement économique, mais aussi sécuritaire : le sous-investissement dans la gouvernance budgétaire alimente des tensions sociales, qui elles-mêmes nourrissent l’instabilité.

Sur le plan diplomatique, la sortie récente de pays comme l’Égypte ou l’Éthiopie confirme que le rétablissement du dialogue avec le FMI est possible. Leur retour traduit une volonté politique claire, mais aussi une mobilisation de leviers stratégiques : ancrage dans des programmes d’assistance technique, apaisement des tensions internes, ou renforcement du partenariat avec d’autres bailleurs (Banque africaine de développement, Chine, etc.).

En somme, la liste du FMI agit comme un thermomètre des équilibres nationaux. Elle confirme que les retards dans les consultations ne sont pas des anomalies administratives, mais des symptômes d’un désordre plus large. Dans ce contexte, l’Afrique centrale doit tirer les leçons de ses voisins : renforcer ses capacités institutionnelles, professionnaliser la gestion de la dette, et intégrer les enjeux de sécurité au cœur des stratégies de développement. Car sans stabilité sécuritaire ni transparence budgétaire, l’accès aux financements internationaux – et donc aux leviers de transformation – restera hors de portée.

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