Face aux défis du financement et de la transformation économique, le pays mise sur une mobilisation accrue de ses ressources internes, l’industrialisation et l’optimisation de son capital humain, naturel et financier.
La Banque africaine de développement (BAD) alerte : pour transformer son potentiel en moteur de développement durable, le Cameroun doit franchir un cap décisif. Dans son Rapport pays 2025, présenté à Yaoundé le 28 juillet, l’institution met en lumière les leviers de croissance, à commencer par l’accroissement de la mobilisation des ressources domestiques. Selon le rapport, la croissance du PIB est projetée à 3,6 % en 2024 et pourrait atteindre 4,2 % en 2025 si les réformes structurelles sont appliquées efficacement.
« Le Cameroun dispose d’un capital naturel, humain et financier important, mais son impact sur la croissance reste en deçà des attentes. Il est temps de tirer le meilleur parti de ce capital », a déclaré Ameth Saloum Ndiaye, économiste pays principal de la BAD.
Parmi les recommandations phares : la réduction progressive des subventions sur les carburants (environ 2 % du PIB en 2023), la digitalisation accrue des administrations fiscales, la restructuration des 27 entreprises publiques stratégiques et l’adoption d’une Stratégie nationale de financement intégré (SNFI) pour diversifier les sources de financement. « Il est urgent de rendre le système fiscal plus équitable et efficace », a ajouté Godwill Kan Tange, économiste national.
En 2022, plus de 590 milliards de FCFA ont été accordés en exonérations fiscales, soit environ 2,7 % du PIB, un niveau jugé insoutenable. En parallèle, le secteur manufacturier a enregistré une croissance de 6,8 %, illustrant le potentiel de l’industrialisation.
Le secrétaire général du ministère de l’Économie, Jean Tchoffo, a salué la pertinence des propositions : « Ce rapport arrive à un moment clé, alors que le Cameroun évalue à mi-parcours la mise en œuvre de la SND30. Il contribuera à renouer avec une croissance solide et à accélérer la transformation structurelle de notre économie ».
La BAD insiste également sur la valorisation du capital humain : en 2023, le taux de chômage des jeunes atteignait 13,1 % et le secteur informel employait près de 88 % de la population active. L’investissement dans la formation, les infrastructures régionales et la transformation locale des produits de base est perçu comme stratégique.
« Le Cameroun a les cartes en main. Ce qu’il lui faut maintenant, c’est une exécution rigoureuse des réformes et une meilleure coordination des acteurs », a conclu Mamadou Tangara, directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale.
Noël Ndong