RDC – M23 : un cessez-le-feu fragile dans une guerre de trente ans

« La paix est un choix… une responsabilité à construire », a déclaré le ministre de l’Intérieur de la RDC.

Un fragile espoir de paix refait surface à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le gouvernement de Kinshasa et les représentants du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, ont signé LE 19 juillet à Doha une déclaration d’intention en vue d’un cessez-le-feu permanent, prélude à un « accord de paix global ». Si le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, se dit « pleinement convaincu » que le pays est « proche de la paix », l’histoire récente invite à la prudence : les précédents accords de cessez-le-feu ont souvent été violés, parfois dans les semaines suivant leur signature.

Depuis 30 ans, l’est du pays – région frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, riche en or, coltan et cobalt – reste enlisé dans un conflit multidimensionnel, où s’entrelacent rivalités ethniques, enjeux économiques, influences régionales et faillite de l’État. Le retour du M23, mouvement politico-militaire déjà actif entre 2012 et 2013, a ravivé les tensions depuis fin 2021, avec une offensive éclair menée en appui de troupes rwandaises, selon Kinshasa et l’ONU. Face à une armée congolaise débordée, les combats ont provoqué des milliers de morts et plus d’un million de déplacés, accentuant une crise humanitaire aiguë.

La déclaration de Doha prévoit une feuille de route pour la restauration de l’autorité de l’État dans les zones sous contrôle du M23. Kinshasa y voit une première étape vers un redéploiement administratif et sécuritaire, précisant que ce retrait se fera dans le cadre d’un processus négocié, ce qui a suscité des critiques au sein de l’opinion publique congolaise, impatiente de voir un retour immédiat des institutions.

Malgré ce nouveau cadre diplomatique, les lignes de front n’ont pas bougé depuis février, et le terrain reste instable. Le M23 continue d’affronter une myriade de milices locales pro-Kinshasa, dans une logique de guerre asymétrique difficile à contenir. Cette guérilla permanente, conjuguée à l’implication d’acteurs non étatiques et de puissances voisines, complexifie toute issue militaire ou politique durable.

Pour les autorités congolaises, la réussite du processus repose sur une double dynamique : un soutien populaire renforcé et des concessions mutuelles. « Nous voulons une paix définitive, une paix durable », a martelé le ministre de la Communication Patrick Muyaya, en appelant à un effort collectif de reconstruction. Si la signature de Doha constitue un jalon symbolique, le chemin vers la paix réelle demeure semé d’incertitudes. Les partenaires régionaux, l’Union africaine et les Nations unies seront scrutés quant à leur capacité à garantir la mise en œuvre et le respect des engagements. En RDC, où chaque cessez-le-feu a jusqu’ici précédé une nouvelle flambée de violences, la vigilance reste de mise.

Noël Ndong

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