La 48ᵉ session de l’APPO à Brazzaville confirme la volonté des pays africains producteurs de pétrole de financer eux-mêmes leurs projets énergétiques. La Banque africaine de l’énergie, avec un capital initial de 5 milliards de dollars, devient le symbole de cette ambition d’autonomie face aux bailleurs occidentaux.
Deux ans après son lancement, la Banque africaine de l’énergie (BAE) commence à se concrétiser. Dotée d’un capital initial de 5 milliards de dollars, l’institution créée en 2022 par l’Organisation africaine des pays producteurs de pétrole (APPO) et Afreximbank vise à permettre au continent de financer ses projets énergétiques sans dépendre des bailleurs occidentaux, qui se détournent progressivement des hydrocarbures.
La capitale congolaise accueille cette semaine la 48ᵉ session du Conseil des ministres de l’APPO, présidée par Bruno Jean Richard Itoua. Dix-huit États membres participent, parmi eux l’Algérie, représentée par le ministre de l’Énergie Mohamed Arkab et le PDG de Sonatrach, Noureddine Daoudi. Les discussions portent sur la consolidation du projet bancaire, la coordination des politiques pétrolières africaines et les réformes institutionnelles prévues pour renforcer l’efficacité de l’APPO.
L’accord de création de la BAE a été signé en juin 2024 au Caire, et sa ratification par la Côte d’Ivoire en juillet constitue une avancée symbolique. Le lancement opérationnel reste prévu pour 2025-2026, tandis qu’Afreximbank s’est engagée à mobiliser jusqu’à 19 milliards de dollars supplémentaires. À ce jour, 45 % du capital initial a été réuni, un indicateur à la fois d’adhésion et des défis financiers à relever.
La BAE répond à une urgence stratégique : les institutions financières occidentales réduisent leurs investissements dans le pétrole et le gaz au nom de la transition climatique. Pour les pays africains producteurs, renoncer à leurs ressources n’est pas une option. « Cette banque est un instrument clé pour l’autonomie énergétique et la résilience économique du continent », souligne un diplomate africain à Addis-Abeba.
Le sommet de Brazzaville coïncide avec le 4ᵉ Congrès africain sur le contenu local, placé sous le patronage du président Denis Sassou Nguesso. L’objectif est d’augmenter la participation des entreprises africaines dans l’exploitation pétrolière et gazière, un secteur encore largement dominé par les multinationales étrangères.
Depuis sa création en 1987, l’APPO regroupe les principaux producteurs africains, dont le Nigeria, l’Angola, la Libye, l’Égypte et l’Algérie. Dans un marché mondial bouleversé par la transition énergétique et les pressions internationales, l’organisation cherche à préserver la souveraineté africaine sur ses hydrocarbures.
Le sommet confirme une ambition claire : l’Afrique pétrolière veut reprendre la main sur son destin énergétique, et la BAE en est le symbole le plus tangible, malgré les défis financiers et institutionnels qui restent à surmonter.