Procès Martinez Zogo : entre justice militaire, oubli de noms et questions de droit

Plus de vingt mois après l’assassinat de Martinez Zogo, journaliste d’investigation et directeur de la radio Amplitude FM, le procès de ses présumés bourreaux se poursuit devant le tribunal militaire de Yaoundé.

Une orientation juridictionnelle qui continue de faire débat, au vu de la présence de plusieurs civils parmi les inculpés, dont certains – comme l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga – n’apparaissent même plus dans les débats actuels.

Rappel historique : un assassinat qui secoue l’État

Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo est enlevé à Yaoundé. Son corps est retrouvé cinq jours plus tard, atrocement mutilé, dans une banlieue de la capitale. Très vite, une enquête est ouverte, révélant l’implication présumée de personnalités puissantes, issues à la fois des services de sécurité, des milieux d’affaires et des sphères politiques.

Le gouvernement promet une justice exemplaire. Dix-sept suspects sont interpellés, parmi lesquels figurent des officiers supérieurs, des agents des renseignements, mais aussi des civils notoires, notamment Jean-Pierre Amougou Belinga.

Tribunal militaire ou civil ? Un choix controversé

Très vite, un débat juridique s’ouvre : cette affaire doit-elle relever de la justice civile ou militaire ? Les défenseurs du tribunal civil évoquent l’article 8 de la Charte africaine des droits de l’homme, qui recommande de réserver les juridictions militaires aux militaires actifs, dans les affaires les concernant directement.

Mais au Cameroun, la loi permet aux tribunaux militaires de juger des civils dans certaines circonstances, notamment lorsqu’il s’agit de crimes menaçant la sécurité publique, ou si des militaires sont co-auteurs. C’est cette lecture que les autorités ont privilégiée pour maintenir le dossier dans le giron militaire.

Silences remarqués : où sont passés certains noms ?

Fait notable : au fil des audiences, certains noms qui avaient cristallisé l’opinion publique ont progressivement disparu des échanges à la barre. C’est le cas de Jean-Pierre Amougou Belinga, qui, bien qu’en détention, n’est plus directement cité dans les témoignages récents, notamment lors des quatre dernières audiences consacrées à l’audition des témoins du ministère public.

Ce silence judiciaire, alimente deux hypothèses : soit aucun élément formel ne permet à ce stade de l’impliquer, soit le dossier a été resserré autour d’un noyau restreint d’acteurs militaires et sécuritaires directement impliqué dans l’assassinat de Martinez Zogo. Cela pose néanmoins une question de fond : jusqu’à quand un civil peut-il être maintenu en détention préventive par un tribunal militaire, sans preuve formelle ni jugement rendu ?

Le procès reprendra le 14 octobre 2025, date à laquelle sont attendus d’autres témoignages clés, dans une affaire où le public attend encore des réponses concrètes : qui a donné l’ordre ? Pourquoi ? Et surtout, à quand un verdict dans une procédure entamée depuis plus d’un an, mais qui semble encore embourbée ?

Au-delà du Cameroun, cette affaire est suivie de près à Paris, Bruxelles, Londres, Washington, tant le pays reste un pivot sécuritaire régional. L’issue du procès Zogo pourrait envoyer un signal fort – ou désastreux – à ses partenaires internationaux.

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