Un geste politique inattendu ravive l’espoir d’un apaisement temporaire dans les régions anglophones du Cameroun, après près de neuf ans de conflit.
Le leader séparatiste ambazonien Mark Bareta a annoncé ce 4 octobre la suspension des opérations de « villes mortes » (lockdown) du 6 au 14 octobre, une trêve rarissime dans cette crise marquée par la violence et l’impasse politique. Cette décision fait suite aux excuses publiques spectaculaires d’Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement et actuel candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre.
Lors d’un rassemblement au cœur de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, Issa Tchiroma a reconnu son rôle dans la négation du problème anglophone. « Je suis profondément désolé d’avoir nié l’existence du problème anglophone. Maintenant, je vous le demande, populations de Bamenda : acceptez-vous mes excuses ? », a-t-il lancé devant une foule dense, réunie au carrefour City Chemist.
Cette déclaration de repentance, rare dans la vie politique camerounaise, a été saluée par un « oui » retentissant de la foule. Elle a également été jugée « courageuse » par plusieurs analystes, dans un pays où les discours de reconnaissance envers les griefs anglophones sont souvent perçus comme des actes de défiance vis-à-vis du pouvoir central.
La réponse de Mark Bareta ne s’est pas fait attendre. Le leader ambazonien a décrété une trêve humanitaire de neuf jours, justifiée par le besoin de soulager les populations durement éprouvées par trois semaines consécutives de paralysie. Pendant cette période, les écoles, les commerces et les services publics devraient pouvoir fonctionner normalement.
Cette ouverture intervient à quelques jours d’un scrutin présidentiel tendu, dans un climat de méfiance et de sécurité renforcée. Reste à savoir si cette trêve, bien que limitée dans le temps, pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus large, ou si elle restera un épisode isolé dans un conflit qui a déjà fait des milliers de morts et déplacé plus d’un million de personnes depuis 2016.