Malgré un contexte économique mondial marqué par le ralentissement des échanges et la hausse des coûts logistiques, le Cameroun continue de consolider sa position de hub stratégique en Afrique centrale.
En 2024, le port et l’aéroport de Douala, véritables poumons du commerce et du transport national, ont enregistré des résultats contrastés mais porteurs d’avenir. Entre résilience maritime et modernisation aérienne, le pays réaffirme sa volonté de bâtir une économie d’interconnexion régionale.
Port de Douala : moteur maritime en transformation
Selon le rapport 2024 de l’Autorité portuaire nationale (APN), présenté le 25 septembre 2025 à Yaoundé, le trafic global des ports camerounais a légèrement reculé de 1 %, passant de 27,15 millions à 26,93 millions de tonnes. Mais le port autonome de Douala se démarque avec une croissance de 6 %, atteignant 12,92 millions de tonnes de marchandises, consolidant son rôle de premier port du pays et de pivot logistique pour le Tchad, la RCA et le Congo.
Sous la présidence de Patrice Melom, le conseil d’administration de l’APN a salué la poursuite des chantiers de modernisation : réhabilitation des quais, fluidification du trafic et sécurisation du domaine portuaire. À Kribi, le trafic reste stable à 10,84 millions de tonnes, tandis que Limbe accuse un recul de 23 %, en attente du lancement du futur port en eaux profondes de Ngeme.
« Le Cameroun investit dans la compétitivité portuaire non seulement pour soutenir ses exportations, mais aussi pour devenir la porte logistique de l’Afrique centrale », commente un expert en économie maritime basé à Douala.
Aéroport de Douala : cap sur la modernité
Parallèlement, le projet de rénovation et d’extension de l’aéroport international de Douala, estimé à 95 milliards FCFA, entre dans sa phase préparatoire. L’avant-projet détaillé, présenté le 12 novembre 2025 lors du conseil d’administration d’Aéroports du Cameroun (ADC), marque le lancement d’un vaste chantier d’envergure régionale.
Le groupement franco-belge TPF/Kardham, maître d’œuvre du projet, prévoit l’extension des aires aéronautiques et la modernisation complète de l’aérogare. Dix nouvelles banques d’enregistrement, 80 % des carrousels à bagages rénovés et des dispositifs d’accessibilité universelle renforceront la capacité d’accueil de 1,5 à 2,5 millions de passagers par an. Les travaux, attribués en partie au constructeur chinois CHEC, devraient s’achever en juin 2028, sans interruption des opérations.
Financé conjointement par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 66 milliards FCFA et par l’État camerounais, ce projet vise le standard IATA « C », avec un niveau de sûreté de 7, conforme aux exigences des compagnies internationales.
Un pivot régional en construction
Port et aéroport forment désormais les deux piliers de la stratégie d’intégration du Cameroun au sein de la CEMAC. En conjuguant infrastructures modernisées, logistique multimodale et ambition régionale, Douala s’impose progressivement comme le nœud vital du commerce et du transport en Afrique centrale – une capitale économique en transition vers la compétitivité mondiale.
