Entre stabilité institutionnelle, vision régalienne et appuis internationaux discrets, Yaoundé joue la carte de l’expérience.
À 92 ans, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a confirmé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Une décision qui, selon ses partisans et une frange de la communauté internationale, incarne la continuité politique et la stabilité institutionnelle dans un environnement régional fragilisé par des coups d’État, des insurrections djihadistes et des crises de gouvernance. « Mon devoir est de préserver l’unité, la paix et les acquis de la République », a déclaré le chef de l’État dans une allocution sobre, diffusée depuis le palais d’Etoudi.
Un choix de stabilité dans un environnement à haut risque
Le Cameroun, frontalier du Tchad, de la République centrafricaine et du Nigeria, reste un pilier stratégique en Afrique centrale, en particulier dans la lutte contre Boko Haram, les réseaux criminels transfrontaliers et les mouvements séparatistes. Face à l’instabilité rampante dans la sous-région, Paul Biya se positionne comme le garant d’un État fort, diplomatiquement aligné et militairement structuré. « La continuité à Yaoundé est essentielle pour préserver l’équilibre régional », confie un diplomate européen sous couvert d’anonymat.
La position mesurée des partenaires internationaux
La France n’a pas officiellement commenté la candidature, mais Paris entretient des relations « pragmatiques » avec Yaoundé, saluant « la stabilité d’un partenaire clé ». Le Quai d’Orsay rappelle « la nécessité d’un processus électoral transparent et pacifique ». L’Union européenne, qui finance des programmes de gouvernance et de décentralisation, prône la « participation inclusive » et se dit attentive à l’environnement pré-électoral, tout en reconnaissant l’importance du rôle du Cameroun dans la lutte antiterroriste régionale. Quant aux États-Unis, s’ils restent critiques sur la situation des droits humains, ils soulignent l’intérêt stratégique du Cameroun dans la région du Golfe de Guinée. Le Département d’État plaide pour « un climat électoral libre et sécurisé », sans remettre en cause la légitimité de la candidature de Paul Biya.
Gouvernance et trajectoire économique sous contrôle
Avec une croissance attendue à 3,7 % en 2025 (Banque mondiale), des projets énergétiques majeurs en cours (GNL, barrages), et une monnaie arrimée à l’euro via la BEAC, le Cameroun reste économiquement résilient malgré les défis. Sous Biya, le pays a entamé une politique de décentralisation progressive et renforcé sa coopération militaire avec la France, l’Allemagne, Israël et les États-Unis. « Ce pays tient debout grâce à une diplomatie constante et un leadership calme, dans un monde agité », résume un analyste de l’International Crisis Group.
Un enjeu de souveraineté maîtrisée
Pour les partisans de Paul Biya, sa nouvelle candidature s’inscrit dans une vision de stabilité maîtrisée, refusant les transitions forcées ou les bouleversements institutionnels brusques. La candidature de Paul Biya n’est pas qu’un enjeu national, c’est un signal adressé à une région et à une communauté internationale en quête de points d’ancrage. Face aux incertitudes africaines, Yaoundé mise sur la stabilité, l’expérience et le contrôle des équilibres internes. Une stratégie qui, pour ses soutiens, a permis au Cameroun d’éviter les effondrements observés ailleurs.
Chiffres clés :
- 8e candidature de Paul Biya
- Âge : 92 ans
- Croissance projetée 2025 : 3,7 %
- 5 accords sécuritaires régionaux en cours
- Partenaires économiques : Chine, UE, FMI, Banque mondiale
Noël Ndong