Cameroun/ Présidentielle 2025 : L’ultime Duel, Paul Biya vs Issa Tchiroma Bakari


À quelques semaines de la présidentielle, l’opposition fracturée mise sur Issa Tchiroma Bakary, ex-ministre de Paul Biya, pour renverser un système enraciné depuis 43 ans. Mais la division, les incertitudes et les silences stratégiques menacent l’alternance.

Alors que le scrutin présidentiel est prévu le 12 octobre 2025, le Cameroun entre dans une zone de turbulences politiques majeures. Après des décennies d’immobilisme et de résignation, une partie de l’opposition vient de désigner Issa Tchiroma Bakary, 76 ans, comme candidat consensuel pour affronter Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982. Un choix à la fois audacieux, stratégique… et paradoxal.

Une candidature inattendue, un passé chargé

Ancien ministre de la Communication, plusieurs fois compagnon de route du pouvoir, Issa Tchiroma Bakary symbolise tout autant la résilience politique que les ambiguïtés de l’opposition camerounaise. Son engagement à ne faire qu’un mandat de transition, à former un gouvernement d’union nationale et à organiser des réformes profondes marque une volonté de rupture… avec un système qu’il a lui-même longtemps défendu. “Je viens avec l’espoir, avec la réconciliation, avec la volonté de rassembler tous les Camerounais”, a-t-il affirmé en appelant Paul Biya à un débat public.

Une Opposition Encore Fragmentée

Malgré cette désignation par la plateforme « Union pour le Changement« , rien ne garantit que l’unité de l’opposition tienne. Le silence persistant de Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition écartée de la course, complique les calculs politiques. “Ce choix ne reflète pas un consensus total. D’autres acteurs préparent également leurs propres stratégies”, souligne Stéphane Akoa, analyste politique.

Douze candidats, y compris Paul Biya, sont en lice. Le rêve d’un front unique reste donc pour l’instant une illusion.

Le « Programme Commun de Transition » : Réformes ou Illusions ?

Issa Tchiroma promet une transition politique inédite, articulée autour de six axes clés :

  1. Réconciliation nationale et paix durable (notamment dans les régions anglophones),
  2. Audit complet de l’État et lutte contre la corruption,
  3. Réforme de la Constitution et du code électoral,
  4. Double nationalité pour la diaspora,
  5. Emploi jeunes/femmes,
  6. Accès universel à l’électricité et à Internet.

Des promesses qui répondent aux revendications populaires… mais seront-elles crédibles, venant d’un homme du sérail ? Le défi réside dans la confiance, pas seulement les discours.

Le RDPC : Un pouvoir en fin de cycle ?

À 92 ans, Paul Biya, souvent qualifié de « sphinx d’Etoudi », brigue un 8e mandat. Son parti, le RDPC, reste l’appareil politique le mieux structuré du pays. Entre clientélisme, maillage territorial, contrôle administratif et sécuritaire, le pouvoir reste redoutablement efficace pour contenir toute velléité de rupture.

Mais la fatigue politique, le désaveu populaire, et la montée des frustrations économiques et sociales rendent cette élection moins prévisible que les précédentes.

Le rôle de la diaspora, de la société civile et des partenaires étrangers

  • La Diaspora, toujours exclue du vote en raison de l’absence de reconnaissance de la double nationalité (un point qu’Issa Tchiroma promet de corriger), elle serait le principal soutien financier et médiatique de l’opposition.
  • La Communauté internationale, prudente, elle observe sans s’engager. L’Union africaine et la Francophonie appellent à des élections libres et transparentes, mais ne posent aucune condition sérieuse.
  • La Société civile, en éveil, mais peu structurée, craint des risques de fraudes électorales et de violences post-électorales.

Un enjeu géopolitique et sécuritaire sous-régional

Le Cameroun reste une pièce maîtresse de la stabilité en Afrique centrale, frontalier du Nigéria, du Tchad, de la Centrafrique, du Gabon, de la Guinée équatoriale, du Congo et abritant un pays mosaïque de plus de 250 ethnies et deux systèmes juridiques. L’éclatement du pays, en cas de crise post-électorale, aurait des conséquences géostratégiques majeures, en particulier sur la lutte contre Boko Haram, les trafics transfrontaliers, et la gestion des ressources pétrolières du golfe de Guinée.

L’abstention : un véritable risque

La perte de foi dans les urnes, exacerbée par des décennies de fraudes présumées, de résultats contestés et de déceptions, menace directement la légitimité du prochain président. Sans un engagement clair de transparence et une mobilisation massive, le scrutin du 12 octobre risque de n’être qu’un simulacre de changement.

Une dernière chance pour l’alternance

La présidentielle de 2025 est plus qu’un vote : c’est un test de survie démocratique. L’opposition, malgré ses divisions, joue sa dernière carte crédible. Paul Biya, quant à lui, cherche à graver son règne dans l’éternité. Mais un peuple jeune, connecté, désabusé mais pas résigné, pourrait bien forcer les lignes. Le Cameroun a rendez-vous avec l’histoire. Saisira-t-il enfin sa chance ?

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