Cameroun : restitution des biens culturels, enjeux, jurisprudence et perspectives

Le Cameroun multiplie aujourd’hui les initiatives en faveur du rapatriement des biens culturels exportés pendant la colonisation – en particulier vers la France et l’Allemagne.

Parmi les artefacts emblématiques visés se trouve le « Dzom So’o », masque initiatique Fang‑Beti conservé à Munich, objet central des négociations en cours entre Yaoundé et les autorités germanophones. Un comité interministériel, créé en 2022, coordonne ces démarches. Une délégation officielle a récemment visité Berlin, Stuttgart et Brême pour identifier plus de 40 000 objets camerounais en Allemagne, dont plus de 2 700 à Brême, et entamer les négociations de restitution.

Cadre juridique international : conventions et prescription

Le Cameroun s’appuie sur les conventions de 1970 (UNESCO) et de 1995 (UNIDROIT), ratifiées pour encadrer les demandes de restitution des biens « volés ou illicitement exportés ». Ces textes prévoient des obligations de diligence et un délai d’action légal (généralement entre trois et cinquante ans) pour engager des procédures de retour.

Perceptions diplomatiques et contextes institutionnels

Les Camerounais tels que le Prince Kum’a Ndumbe III dénoncent une gestion bureaucratique déséquilibrée du processus : le comité interministériel, jugé peu inclusif, serait dominé par des fonctionnaires, sans intégration suffisante des acteurs culturels et des communautés concernées.

Enjeux géopolitiques, diplomatiques et de mémoire

La restitution est à la fois un acte symbolique de reconnaissance et une exigence diplomatique. La France a entamé une réforme législative en 2020 pour faciliter les retours, mais a limité ses engagements à certaines anciennes colonies comme le Bénin et le Sénégal, laissant le Cameroun en marge. Malgré cela, un fonds franco-allemand de 2,1 millions d’euros soutient aujourd’hui des recherches de provenance sur les objets africains, priorisant les anciennes colonies allemandes (dont le Cameroun), dans le but d’éclairer les négociations à venir.

La restitution des biens culturels camerounais est un enjeu juridique et diplomatique majeur. Le succès dépendra de la rigueur des inventaires, du respect des conventions internationales, et d’une approche inclusive et participative. Le chemin vers la restitution est encore long, mais la détermination de Yaoundé, alliée au mouvement global pour la mémoire décoloniale, ouvre une nouvelle ère dans la gestion du patrimoine africain.

Noël Ndong

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