Neuf accords majeurs ont été signés entre le Cameroun et le Sénégal à l’issue de la 5ᵉ session de la grande commission mixte à Yaoundé.
Cette coopération bilatérale multiforme, couvrant justice, éducation, économie et culture, illustre une volonté conjointe de structurer une nouvelle dynamique interrégionale en Afrique.
Des accords à haute portée économique
Parmi les accords signés figurent des engagements sur la mobilité des opérateurs économiques, la formation professionnelle, et le transport aérien. Objectif : fluidifier les échanges dans un contexte où les flux commerciaux entre les deux pays dépassent déjà 25 milliards FCFA par an. L’amélioration de la connectivité, notamment par la création de liaisons aériennes directes entre Douala, Yaoundé et Dakar, pourrait stimuler les échanges commerciaux et le tourisme intra-africain. « Ces accords marquent une étape importante vers une coopération économique structurée et durable », a affirmé Yassine Fall, ministre sénégalaise de l’Intégration africaine.
Un repositionnement diplomatique afro-centré
La signature de ces accords reflète aussi une convergence géopolitique assumée. Le Cameroun et le Sénégal, considérés comme des pivots de stabilité en Afrique centrale et de l’Ouest, affichent leur volonté de porter un leadership interrégional africain, au moment où les blocs CEDEAO et CEEAC traversent des recompositions internes. « Nous parvenons au terme de deux jours d’échanges riches et fructueux, dans une atmosphère de fraternité », a salué Lejeune Mbella Mbella, ministre camerounais des Relations extérieures.
Culture et intelligence économique en toile de fond
Au-delà de l’économie, ces accords touchent aussi aux droits de l’enfant, à l’environnement, et à la coopération cinématographique, preuve que l’intelligence économique et le soft power font partie de la stratégie. Le développement d’un hub audiovisuel afro-francophone, adossé à une offre de formation conjointe, renforcerait la souveraineté cognitive et culturelle des deux États. Avec plus de 60 % de jeunes de moins de 25 ans en Afrique, l’accord sur la mobilité étudiante pourrait aussi répondre à un besoin urgent de formation qualifiante.
L’ambition est claire : faire du tandem Yaoundé-Dakar un modèle opérationnel de coopération Sud-Sud. Mais pour transformer l’essai, les deux pays devront assurer la mise en œuvre concrète des engagements, assortie de mécanismes de suivi, de financement et d’évaluation. Ces accords ne sont pas qu’un symbole diplomatique : ils pourraient bien amorcer une nouvelle ère de relations interrégionales africaines, fondées sur le pragmatisme, la solidarité et la souveraineté partagée.