Entre la loi et le like : le Cameroun à l’épreuve du numérique

La présidentielle de 2025 révèle un pays tiraillé entre la légitimité constitutionnelle et la puissance des réseaux sociaux. À Yaoundé, la patience est mise à l’épreuve.

Alors que le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats officiels de la présidentielle le 27 octobre, la Commission nationale de recensement des votes a donné Paul Biya, président sortant, vainqueur avec 53,66 % des voix, contre 35,19 % pour Issa Tchiroma Bakary. Ce dernier conteste ces chiffres et revendique sur les réseaux sociaux « une victoire du peuple » avec 54,8 %, appelant à « une transition apaisée et responsable ».

La victoire de la continuité

Après plus de quatre décennies au pouvoir, Paul Biya s’apprête – peut-être, à entamer un huitième mandat. Cette longévité, rare sur le continent et dans le monde, incarne pour ses partisans une garantie de stabilité dans un environnement régional marqué par les crises. Pour d’autres, elle traduit l’essoufflement d’un modèle politique qui peine à se renouveler. « Le Cameroun est un pays solide, mais son avenir dépendra de sa capacité à concilier expérience et ouverture », confie un diplomate sous-anonymat.

Entre légalité constitutionnelle et légitimité numérique

Cette élection a révélé une tension inédite entre la légitimité fondée sur les textes et celle portée par la dynamique numérique. Si la Constitution confère au Conseil constitutionnel la seule autorité pour proclamer les résultats, les réseaux sociaux ont, en quelques heures, façonné une autre réalité : celle d’un espace d’expression populaire, mais aussi d’émotion et de désinformation.

« Le Cameroun vit un moment charnière où la légalité doit dialoguer avec la légitimité sociale », analyse un politologue. Cette confrontation oblige les institutions à plus de transparence et les acteurs politiques à davantage de responsabilité dans leurs communications publiques.

Une société jeune et connectée

Près de 70 % des Camerounais ont moins de 35 ans. Cette génération, urbaine et connectée, exprime une forte attente de participation citoyenne. Si elle constitue un ferment de renouveau démocratique, elle peut aussi, faute d’encadrement, devenir un vecteur d’instabilité.

Les appels répétés des autorités religieuses, notamment ceux de Mgr Andrew Nkea, président de la Conférence épiscopale, invitent à la retenue et à la confiance dans le processus légal : « La vérité finit toujours par libérer, mais elle demande patience et discernement ».

Entre stabilité et ouverture

Sur le plan sécuritaire, le Cameroun reste un pôle stratégique d’Afrique centrale : lutte contre Boko Haram, tensions dans les régions anglophones, pression économique et humanitaire. Malgré ces défis, le pays demeure un acteur clé de la stabilité régionale et un partenaire économique majeur.

Alors que les regards se tournent vers la proclamation finale, l’heure est à la prudence et à la responsabilité. Le Cameroun, fort de son expérience et de la vitalité de sa société, doit désormais trouver un équilibre entre la sagesse institutionnelle et l’énergie de la jeunesse connectée.

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