Pour la première fois, l’Afrique du Sud accueille un sommet du G20 (22-23 novembre 2025), réunissant 19 pays et l’Union européenne, représentant 85 % du PIB mondial et deux tiers de la population.
Sous le thème « Solidarité, égalité, durabilité », Pretoria concentre ses efforts sur trois enjeux prioritaires : l’allègement de la dette des pays en développement, le financement d’une transition énergétique juste et la lutte contre les inégalités économiques.
La présidence sud-africaine se déroule dans un contexte diplomatique tendu. L’absence du président américain Donald Trump, critique du multilatéralisme et partisan du protectionnisme, fragilise l’initiative africaine. Cyril Ramaphosa n’en démord pas : « Tant pis pour eux », a-t-il récemment déclaré, affirmant sa détermination à poursuivre l’agenda du Sud global, malgré le retrait américain.
La question de la dette domine le sommet. Entre 2021 et 2023, les pays africains ont dépensé 70 $ par habitant pour le service de leur dette, dépassant les investissements dans l’éducation (63 $) et la santé (44 $) selon l’ONU. L’Afrique du Sud a réussi à obtenir du G20 une déclaration sur la viabilité de la dette, reconnaissant la crise mais sans engagements contraignants. Comme le souligne le chercheur Tendai Mbanje de l’université de Pretoria : « Ce sommet est l’occasion de transformer la dette en levier de développement pour le Sud global ».

Pour prolonger l’impact de sa présidence, Pretoria prévoit trois initiatives :
- Un rapport du Panel d’experts africains identifiant les obstacles à l’accès à des financements durables pour le continent.
- La création d’un Club des emprunteurs africains, en collaboration avec l’Union africaine, pour renforcer la négociation souveraine et partager les expériences de restructuration de dette.
- Une pression sur le FMI pour que ses règles et pratiques prennent en compte les dimensions sociales, climatiques et économiques dans la gestion de la dette souveraine.
Le sommet attire également d’autres grandes puissances : la Chine, représentée par le Premier ministre Li Qiang, plaide pour le multilatéralisme, tandis que la Russie envoie son conseiller économique Maxime Orechkine. Ce G20 marque la fin d’un cycle de présidences du Sud global, après l’Indonésie (2022), l’Inde (2023) et le Brésil (2024).
Entre dette, climat et fractures géopolitiques, l’Afrique du Sud entend montrer que le Sud global peut influencer l’agenda économique mondial. La question reste de savoir si ce leadership africain obtiendra un consensus parmi les puissances économiques, dans un forum historiquement dominé par le Nord.