Une mesure stratégique dans un contexte de pluralisme religieux et de contrôle économique.
Le gouvernement de Guinée équatoriale a interdit aux hauts responsables publics, y compris les membres des organes de l’État et les hauts fonctionnaires, de diriger des congrégations religieuses, toutes confessions confondues.
Les personnes concernées doivent désormais démissionner de leurs fonctions trente jours avant de prendre un poste religieux, selon le décret annoncé le 25 novembre par le ministre de la Justice, du Culte et des Droits de l’Homme, Reginaldo Biyogo.
« Nous ne pouvons pas accepter que les mêmes personnes détentrices de pouvoir public soient aussi responsables d’églises », a déclaré le ministre, soulignant la volonté d’éviter tout abus de pouvoir ou conflit d’intérêts. La mesure fait suite à un décret similaire d’octobre concernant les militaires et membres des forces de sécurité.
Cette décision prend place dans un contexte où les églises évangéliques et pentecôtistes connaissent une expansion rapide dans ce pays pétrolier à majorité catholique, longtemps dominé par l’Église catholique traditionnelle.
Dans une région où le religieux peut rivaliser avec l’autorité politique, la Guinée équatoriale cherche à préserver la stabilité et le contrôle centralisé, tout en sécurisant ses flux économiques stratégiques, notamment le secteur pétrolier qui constitue le pilier du PIB national.
La Guinée équatoriale illustre ainsi les défis auxquels sont confrontés les États pétroliers d’Afrique centrale : concilier pluralisme religieux croissant, sécurité politique et attractivité économique pour les investisseurs étrangers.
La mesure souligne enfin la tendance d’un État à centraliser les leviers du pouvoir, en encadrant strictement la sphère religieuse pour protéger sa légitimité et sa stabilité, dans une région où les influences religieuses et économiques se chevauchent souvent.
