Nouveaux tarifs douaniers de Trump : l’Afrique centrale sous pression

3 min read

Le Cameroun préservé, mais les chaînes de valeur régionales interrogées.

Le président américain Donald Trump a signé, le 31 juillet 2025, un décret imposant de nouvelles taxes douanières sur les importations aux États-Unis. À compter du 7 août, la majorité des pays africains devront composer avec des surtaxes de 10 à 15 %, sauf quelques exceptions comme l’Afrique du Sud (30 %). L’AGOA, accord préférentiel longtemps favorable à l’Afrique subsaharienne, est désormais caduc.

Afrique centrale : une zone d’alerte modérée

Avec une surtaxe fixée à 10 %, le Cameroun limite la casse. Il devient l’un des pays africains les moins pénalisés, ce qui pourrait le positionner comme un hub régional alternatif pour des chaînes d’approvisionnement souhaitant contourner les pays plus lourdement taxés. Toutefois, la RDC ou la Guinée équatoriale, avec leurs 15 % de surtaxe, risquent un recul dans les secteurs déjà fragiles comme les exportations de minerais ou d’hydrocarbures.

Tableau comparatif – Afrique centrale : droit de douane US (à partir du 7 août 2025)

PaysSurtaxe US (%)Produits clés exportés vers les USARisque commercial
Cameroun10 %Cacao, textile, bois, aluminiumFaible – Potentiel de repositionnement
RDC15 %Cobalt, cuivre, bois, produits agricolesModéré – Secteurs exposés
Guinée équatoriale15 %HydrocarburesFort – Concurrence accrue
Gabon10 %Manganèse, bois, caoutchoucModéré – Nécessité de diversification
Congo-Brazzaville10 %Pétrole, boisModéré – Dépendance au brut
Tchad10 %Pétrole brutFaible – Exportations peu diversifiées

Interrogations

1. Qui profite réellement de la « modération » des taxes ?
Les baisses annoncées ne doivent pas masquer une réalité : les États-Unis renforcent leur levier stratégique sur les économies africaines. Un taux « bas » peut créer une illusion de compétitivité tout en maintenant une dépendance structurelle. Le Cameroun ou le Tchad, bien que « épargnés », sont intégrés à des chaînes de valeur dictées par la demande américaine.

2. Menace sur la souveraineté économique régionale ?
La disparition de l’AGOA, combinée aux surtaxes, réduit l’espace de manœuvre des pays africains en matière commerciale. Les décisions unilatérales américaines exposent les États de la sous-région à un risque de vassalisation économique : ajuster ses exportations, ses normes et ses priorités au bon vouloir de Washington.

3. Opportunités pour la Chine, l’Inde et la Turquie ?
Les surtaxes américaines redessinent les flux commerciaux. De nombreux pays africains pourraient réorienter leurs exportations vers des partenaires asiatiques, plus stables ou moins exigeants politiquement. Une fenêtre s’ouvre pour Pékin, Ankara ou New Delhi pour capter les produits délaissés par les États-Unis ou offrir des débouchés alternatifs.

4. Quelles ripostes africaines coordonnées ?
La situation relance un débat majeur : où est la stratégie commerciale continentale ? L’ZLECAf, en gestation, doit répondre à cette asymétrie de négociation avec les grandes puissances. Faute d’un front commun, l’Afrique centrale reste morcelée et vulnérable face aux chocs extérieurs.

Le Cameroun : inertie ou levier stratégique ?

Le Cameroun, avec une taxation modérée, pourrait devenir un relais industriel régional pour des multinationales cherchant à contourner les surtaxes imposées à d’autres pays africains ou asiatiques. Encore faut-il que le pays améliore ses infrastructures logistiques, sa stabilité fiscale et son climat des affaires.

Sans stratégie d’intelligence économique intégrée – croisant diplomatie commerciale, veille tarifaire, et attractivité industrielle – ce relatif avantage pourrait se diluer dans une simple inertie de court terme.

VOUS POURRIEZ AIMER

"Investissez dans le boom agricole du Cameroun – [Explorez les opportunités]"

Table des matières

Vous avez des questions ou besoin de l'aide d'un expert ?

Notre équipe est là pour accompagner votre croissance.
Partagez ceci

Publicité

Aucun article trouvé !

Scroll to Top