
À la frontière entre le Cameroun et le Tchad, sur le fleuve Logone, le pont de Bongor est plus qu’une infrastructure. Long de 620 mètres, construit avec l’appui financier de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), il incarne une volonté politique commune : fluidifier les échanges, renforcer la coopération et sécuriser un corridor vital.
« Ce pont est un trait d’union entre nos peuples, mais aussi un levier stratégique pour le commerce régional », a déclaré Dr. Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien de l’Économie, lors de la cérémonie inaugurale.
Une réponse aux déficits logistiques et à l’enclavement
Le pont de Bongor relie directement les villes de Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad), dans une zone où les échanges étaient jusqu’ici entravés par l’absence de passage permanent. Le projet s’inscrit dans le Programme de facilitation des transports sur le corridor Douala-Ndjamena, axe majeur pour les importations tchadiennes. Plus de 35 % des marchandises tchadiennes transitent encore par le port de Douala.
Avec cet ouvrage, les délais logistiques devraient baisser de 40 % et le coût du transport de 25 %, selon les estimations de la Cemac. Un coup d’accélérateur pour les échanges bilatéraux, estimés à plus de 150 milliards FCFA par an, mais freinés par la vétusté des infrastructures.
Plan stratégique et sécuritaire
Dans un contexte de risques transfrontaliers (trafics, insécurité dans le bassin du lac Tchad, tensions intercommunautaires), le pont de Bongor offre également un outil de gouvernance sécuritaire partagée. Il permet un meilleur contrôle des flux, tout en soutenant la mobilité encadrée des populations. « Le développement est aussi une réponse à l’insécurité », rappelle un diplomate de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
Vers une intégration physique et politique
Ce projet incarne la nouvelle diplomatie des infrastructures en Afrique centrale. Il renforce les objectifs de la ZLECAf, tout en consolidant une coopération bilatérale parfois éprouvée. Pour Yaoundé et N’Djamena, le pont de Bongor est une passerelle vers plus de résilience, de commerce… et de stabilité.