Le préfet du département de la Sanaga-Maritime, Cyrille Yvan Abondo, a présidé, ce 21 octobre 2025, une importante réunion dans la salle de conférences de la préfecture d’Édéa.
Unique point inscrit à l’ordre du jour : la préservation de la paix et de la cohésion sociale sur l’ensemble de son territoire de commandement.
Cette rencontre, qui s’est tenue dans un contexte national particulièrement tendu, a rassemblé les responsables des forces de maintien de l’ordre et de sécurité, les sous-préfets des arrondissements d’Édéa 1er et 2e, ainsi que de nombreux leaders religieux, communautaires et acteurs de la société civile.
Un climat post-électoral sous haute tension
Depuis le 12 octobre 2025, le climat politique au Cameroun est marqué par une vive tension, consécutive aux déclarations du candidat Issa Tchiroma, qui s’est auto-proclamé vainqueur de l’élection présidentielle, sans attendre la proclamation officielle des résultats par le Conseil Constitutionnel, seule instance habilitée à cet effet.
Ces déclarations jugées prématurées et provocatrices ont entraîné une série de troubles dans plusieurs villes du pays, notamment à Yaoundé (quartier Tshinga), Garoua, Dschang et Douala, où des affrontements violents ont opposé militants de partis d’opposition aux forces de l’ordre.
Située à un carrefour stratégique entre Douala, Yaoundé et Kribi, la ville d’Édéa, bien que jusqu’ici épargnée, n’est pas à l’abri d’un éventuel embrasement de la rue, d’où l’importance de l’initiative du préfet.
Appel au calme et rappel de l’État de droit
Dans son adresse aux participants, le préfet Cyrille Yvan Abondo a tendu la main aux leaders religieux et communautaires, les appelant à jouer un rôle de médiation et de sensibilisation pour éviter tout dérapage. « Le Cameroun est un État de droit. En cas de contestation, des voies de recours légales existent. Ce n’est ni dans la rue, ni par la violence qu’on construit une nation stable », a-t-il déclaré d’un ton ferme mais apaisant.
Il a par ailleurs souligné que la campagne électorale et les opérations de vote se sont déroulées dans le calme, sans incidents majeurs, et que chaque citoyen a pu exprimer librement son choix parmi les douze candidats en lice.
Un front commun pour la paix
La coexistence pacifique et le vivre-ensemble, véritables marqueurs identitaires de la Sanaga-Maritime, doivent à tout prix être préservés et encouragés, a martelé le préfet. Il a également mis en garde contre les tentatives de manipulation, notamment auprès de la jeunesse, et rappelé que les forces de l’ordre restent mobilisées pour garantir la sécurité des personnes et des biens : « Force restera à la loi », a-t-il insisté.
Un engagement unanime des leaders communautaires
Dans une ambiance solennelle, plusieurs personnalités religieuses et communautaires ont pris la parole pour exprimer leur soutien à la démarche républicaine du préfet : Mgr Dieudonné Ntep, évêque du diocèse d’Édéa, a appelé les fidèles à prier pour la paix. Le président du Conseil des Églises Presbytériennes du Cameroun (CEPCA) a salué la posture des autorités.
Les imams du marché central, de la grande mosquée d’Édéa et de celle d’Édéa II ont unanimement condamné la violence et se sont engagés à promouvoir un message d’apaisement dans leurs lieux de culte.
Les acteurs sociaux également mobilisés
Le président du syndicat des moto-taximen, M. Armel Massoda Pipa, a rassuré les autorités que ses membres ne sauraient servir de relais à des troubles : « Le désordre ne passera pas par les moto-taximen. Nous sommes artisans de paix et de sécurité », a-t-il affirmé.
Dans le même esprit, Sa Majesté Ketcha, figure influente de la communauté originaire de l’Ouest, a indiqué avoir déjà initié une campagne de sensibilisation auprès de ses compatriotes. De son côté, Awa Peter, représentant de la communauté anglophone, a renouvelé son engagement à soutenir les actions des autorités administratives, pour que le Cameroun reste un pays stable, tourné vers le développement.
En attendant le verdict du Conseil Constitutionnel
Cette réunion intervient à la veille de l’ouverture du contentieux électoral devant le Conseil Constitutionnel, appelé à statuer sur plusieurs recours en annulation et dénonciations de fraudes électorales introduits par certains candidats. Dans ce contexte sensible, les autorités de la Sanaga-Maritime affichent leur volonté de jouer la carte de la prévention, du dialogue et de la fermeté républicaine, pour éviter toute escalade dans une région considérée comme un bastion de stabilité.
Simon Emmanuel Minyem