Présidentielle 2025 au Cameroun : La diaspora, sentinelle stratégique d’un scrutin à hauts risques

Alors que le Cameroun entre dans une élection marquée par les incertitudes politiques et sécuritaires, le vote paisible de la diaspora – bien que minoritaire numériquement – envoie un signal fort aux partenaires internationaux et aux investisseurs.

En toile de fond : stabilité régionale, mutation politique et repositionnement géoéconomique. Dans un calme presque cérémonial, les Camerounais de la diaspora ont glissé leur bulletin dans l’urne, loin des tensions qui marquent le terrain national. « Ce geste, c’est mon message pour l’avenir du Cameroun », déclare Bertille N., électrice à Rome. Comme elle, plus de 34 000 électeurs répartis dans 38 pays ont voté, marquant une participation modeste (0,43 % des inscrits) mais hautement stratégique dans un scrutin qui, à bien des égards, dépasse les frontières du pays.

Une mobilisation faible, mais hautement symbolique

Avec 108 centres de vote mis en place par les ambassades camerounaises, le dispositif électoral à l’étranger s’est déroulé sans heurts majeurs. À Bruxelles, Daniel Evina Abe’e, Ambassadeur du Cameroun en Belgique, a salué « la maturité politique de notre diaspora ». À Paris, Washington ou Londres, les électeurs camerounais ont affiché leur volonté de peser dans un processus électoral dont la transparence reste cependant sujette à caution.

Une élection sous tension : Paul Biya, l’épreuve de la longévité

Au Cameroun, le vote s’est ouvert dans un climat sécuritaire tendu, notamment dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, du Nord et de l’Extrême-Nord. Malgré un déploiement militaire renforcé, des incidents isolés ont été signalés, accentuant les doutes sur la capacité de l’État à organiser un scrutin pleinement inclusif. Le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat à 92 ans. Face à lui, six candidats, dont Cabral Libii, Serge Espoir Matomba, Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakari tentent d’incarner une alternative, bien que la marge de manœuvre de certaine- à l’exception d’Issa Tchiroma Bakari – demeurent limitées dans un appareil électoral largement contrôlé par le pouvoir.

La stabilité comme argument diplomatique

Dans un contexte régional miné par l’instabilité – du Sahel à la RDC, en passant par la transition au Tchad -, Yaoundé veut apparaître comme un bastion de stabilité. Ce positionnement séduit certains partenaires internationaux, soucieux de préserver un allié stratégique dans une zone où les États fragiles se multiplient. « Le Cameroun joue une carte de respectabilité institutionnelle à l’étranger, même si la scène intérieure reste verrouillée », analyse un diplomate européen. Le vote de la diaspora s’inscrit dans cette stratégie d’image, visant à rassurer bailleurs de fonds, institutions financières et acteurs sécuritaires.

Enjeux économiques : l’intelligence stratégique au cœur du scrutin

Au-delà de la dimension politique, l’élection présidentielle de 2025 est un test pour les acteurs de l’intelligence économique. Le Cameroun est confronté à des défis structurels : Diversification d’une économie encore dépendante des exportations primaires (pétrole, bois, cacao) ; Transition énergétique dans un pays où 60 % de l’électricité provient de l’hydroélectrique ; Lutte contre la corruption et réforme de l’environnement des affaires ; Sécurisation des investissements dans un climat régional instable. Les partenaires étrangers observent avec attention la suite du processus électoral, bien que leurs réactions demeurent mesurées pour l’instant.

Une diaspora en éveil : relais de soft power et de réforme

Si leur poids électoral reste marginal, les Camerounais de la diaspora représentent un levier d’influence non négligeable. Acteurs économiques, membres de la société civile ou experts internationaux, ils sont de plus en plus perçus comme des vecteurs de modernisation institutionnelle et de pression citoyenne. « Ce n’est pas seulement un vote, c’est une forme de diplomatie populaire », résume une politologue camerounaise. Face à un appareil d’État résistant aux réformes, la diaspora apparaît comme un laboratoire d’initiatives démocratiques, capable de tisser des ponts entre exigence locale et regard international.

Le Cameroun au centre d’un équilibre fragile

Avec près de 30 millions d’habitants et une position géographique clé en Afrique centrale, le Cameroun reste un acteur central dans les équilibres régionaux. L’évolution de sa gouvernance interne aura des répercussions au-delà de ses frontières. À court terme, l’enjeu pour le régime sera de contenir les tensions post-électorales et de préserver une façade institutionnelle stable. À moyen terme, l’alternance – ou l’absence d’alternance – influencera directement les relations avec la Chine, l’Union européenne, les États-Unis et les institutions financières multilatérales.

Chiffres clés

• Nombre d’électeurs au Cameroun : 8 010 464

• Nombre d’électeurs de la diaspora : 34 411 (0,43 %)

• Nombre de bureaux de vote à l’étranger : 108

• Pays participants : 38

• Nombre de candidats : 12

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