Déjà 21 affaires jugées, 35 requêtes déposées : le Conseil constitutionnel sous pression alors que le sort de Kamto reste en suspens.
Le marathon juridique autour de la présidentielle de 2025 au Cameroun bat son plein. Le Conseil constitutionnel, réuni depuis le 4 août pour examiner les recours introduits par des candidats recalés ou des partis politiques, a déjà tranché 21 affaires sur les 35 requêtes enregistrées. Mais l’attention s’est cristallisée autour d’un dossier emblématique : celui de Maurice Kamto, leader ou ex-leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), dont la candidature a été rejetée pour « pluralité d’investiture » au sein du MANIDEM.
Le 4 août, après près de quatre heures de débats intenses, le président du Conseil, Clément Atangana, a renvoyé le verdict au 5 août, évoquant « l’absence d’une base légale claire dans la décision de rejet ». Selon les avocats de Maurice Kamto, Anicet Ekane est le seul habilité à investir un candidat au nom du MANIDEM, ce qui rendrait Dieudonné Yebga, l’autre prétendant, incompétent. Une lecture vivement contestée par les représentants de l’administration électorale, qui affirment que Dieudonée Yebga est le président officiel du parti depuis 2021.
« La décision du Conseil sur Maurice Kamto pourrait redéfinir le paysage électoral », estime un analyste politique. « Elle marquera aussi la crédibilité du contentieux électoral en période de tension démocratique ».
Outre le cas Kamto-Yebga, plusieurs requêtes ont été rejetées ou déclarées irrecevables, notamment celles de Bertin Kisob (sur la candidature de Paul Biya), Vincent Sosthène Fouda, ou encore Jean Blaise Gwet, tous recalés par le Conseil électoral. Les requêtes du FSNC contre la candidature d’Issa Tchiroma Bakary et de Léon Theiller Onana du RDPC contre celle de Paul Biya ont également été rejetées.
À la date du 5 août au matin, 10 affaires restaient à examiner, signe d’un processus complexe et scruté de près dans un climat de forte contestation politique. « Le Conseil constitutionnel doit faire preuve d’impartialité et de courage juridique. C’est un moment de vérité pour notre démocratie », a déclaré un représentant du MRC.
En attendant le verdict sur Maurice Kamto, cette phase contentieuse dessine déjà les contours d’un scrutin à haut risque, où la légitimité des institutions et l’équité du processus électoral seront aussi scrutées que les urnes elles-mêmes.