Proclamation anticipée, accusations de fraude et lenteurs numériques alimentent l’incertitude.
Deux semaines avant l’annonce officielle des résultats de la présidentielle, le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary s’est proclamé vainqueur, défiant ainsi la loi camerounaise qui réserve cette prérogative au Conseil constitutionnel. « Le peuple a choisi, et ce choix doit être respecté », a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux, dénonçant un « crime électoral » à Bafoussam et des pressions exercées sur ses représentants.
Légalement, seule l’instance constitutionnelle peut proclamer les résultats. Toute déclaration unilatérale est considérée comme illégale. En 2018, une initiative similaire du candidat Maurice Kamto avait conduit à son arrestation.
Numérisation absente, compilation lente
Malgré la disponibilité des technologies de transmission rapide et sécurisée des résultats (IA, blockchain, systèmes automatisés), le Cameroun continue de compiler les procès-verbaux manuellement, parfois dans des zones isolées. Issa Tchiroma Bakary profite de ce retard, d’autant plus que le taux de participation n’a pas encore été communiqué. « Les outils numériques sont sous-utilisés, ce qui nuit à la transparence et à la confiance », note un expert électoral étranger.
Stabilité politique et enjeux géostratégiques
Le Cameroun reste un pays clé en Afrique centrale, frontalier du Nigeria et engagé dans la lutte contre Boko Haram. Tout dérapage post-électoral pourrait déstabiliser la région. Le RDPC appelle à la retenue, assurant que le processus s’est déroulé dans le calme et la légalité. Le Conseil constitutionnel devrait proclamer les résultats au plus tard le 26 octobre. Jusqu’à cette date, le Cameroun retient son souffle.
« Ce n’est pas seulement une élection, c’est un test de stabilité pour toute la sous-région », analyse un diplomate européen. À suivre : la publication des résultats officiels par le Conseil constitutionnel ; les réactions des acteurs internationaux (UA, CEEAC, partenaires bilatéraux, les Risques de manifestations et instabilité sécuritaire ; l’impact sur l’économie et les investissements étrangers.