Tchad  (Afrique centrale) : A la croisée des pouvoirs – réforme, rupture et risques économiques

Alors que l’opposition se retire de la scène politique, la consolidation du pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno redéfinit les équilibres institutionnels, économiques et stratégiques d’un pays-pivot du Sahel.

La révision constitutionnelle adoptée début octobre à N’Djamena marque un virage politique majeur au Tchad. En étendant le mandat présidentiel à sept ans renouvelables sans limite, le texte conforte le pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, élu en mai 2024 après une transition militaire de trois ans. Mais cette centralisation accrue du pouvoir suscite des inquiétudes politiques et économiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), coalition des principales forces d’opposition, a annoncé son retrait de la vie politique à partir du 31 octobre, dénonçant une « confiscation du pouvoir » et une « dérive autoritaire ». Pour son porte-parole, Max Kemkoye, « le Tchad est devenu une propriété politique du régime ». Cette rupture accentue l’isolement du gouvernement et fragilise la crédibilité du processus démocratique engagé en 2021.

Sur le plan économique, cette instabilité politique pourrait affecter les flux d’investissements étrangers et ralentir les réformes structurelles soutenues par la Banque mondiale et le FMI. Le Tchad, dont le pétrole représente près de 40 % du PIB et 70 % des exportations, dépend d’un climat politique stable pour garantir ses partenariats avec les majors pétrolières et les bailleurs internationaux. Plusieurs sociétés de conseil en risque pays évoquent déjà une hausse du risque souverain pour 2025.

Dans une lecture d’intelligence économique, la réforme traduit une volonté de verrouiller le contrôle des leviers énergétiques et administratifs. « Déby consolide non seulement son pouvoir politique, mais aussi son contrôle sur les ressources stratégiques », observe Olivier Meunier, analyste au Centre d’études africaines de Genève. Ce verrouillage pourrait renforcer les liens avec des partenaires non occidentaux, notamment la Russie et la Chine, déjà présents dans les secteurs de la sécurité et des infrastructures.

Acteur-clé du dispositif antiterroriste régional, le Tchad reste un pilier sécuritaire dans le Sahel central. Mais la concentration du pouvoir et le retrait de l’opposition pourraient fragiliser l’image d’un État stabilisateur et compliquer la coopération avec les partenaires occidentaux. Dans un contexte régional en recomposition, N’Djamena joue désormais une partie double : préserver son influence stratégique tout en évitant la dérive autoritaire.

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