La venue de Teodoro Obiang Mangue relance la coopération énergétique, sécuritaire et commerciale au cœur du golfe de Guinée.
La visite officielle du vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, à Yaoundé le 18 novembre 2025 marque une nouvelle étape dans l’évolution des relations diplomatiques entre Malabo et Yaoundé.
Accueilli à l’aéroport international de Nsimalen par le Premier ministre Joseph Dion Nguté, puis reçu à l’Immeuble Étoile pour un premier entretien, le dirigeant équato-guinéen doit rencontrer ce 19 novembre le président Paul Biya au Palais de l’Unité. Une séquence stratégique que les chancelleries régionales suivent de près.
Selon une source diplomatique camerounaise, cette visite « vise à consolider une coopération devenue indispensable dans un contexte régional où les défis sécuritaires et économiques s’intensifient ».
De fait, les deux pays, frontaliers et membres de la CEMAC, font face à des menaces convergentes : piraterie dans le golfe de Guinée, trafics transfrontaliers, pressions migratoires et tensions sociopolitiques dans la sous-région.
Le golfe de Guinée concentre désormais près de 40 % des actes de piraterie recensés en Afrique selon les organismes de surveillance maritime, un chiffre qui illustre la nécessité d’une coordination renforcée.

Sur le plan géoéconomique, les enjeux sont tout aussi déterminants. Cameroun et Guinée équatoriale disposent parmi les plus importantes réserves de gaz naturel d’Afrique centrale, et l’accord signé en 2023 portant sur l’exploitation conjointe de gisements transfrontaliers a créé un précédent institutionnel.
D’après un expert de la CEMAC, « cet accord marque un tournant : il permet de réduire les coûts opérationnels de 15 à 20 % et d’augmenter la capacité d’exportation régionale ». Entre 2019 et 2023, le Cameroun a importé plus de 139 000 tonnes de marchandises en provenance de Guinée équatoriale, un volume en hausse continue qui fait de Malabo l’un des partenaires commerciaux africains les plus dynamiques pour Yaoundé.
Au-delà de l’énergie, plusieurs projets structurants pourraient être réactivés : interconnexion électrique, corridors routiers transfrontaliers, coopération portuaire entre Kribi et Bata, ainsi qu’un mécanisme conjoint de surveillance maritime. « Nous devons bâtir une architecture régionale de sécurité et de croissance », aurait confié un haut responsable équato-guinéen présent dans la délégation.
En définitive, cette visite s’inscrit dans une stratégie plus large : celle de consolider un pôle de stabilité au cœur du golfe de Guinée et de renforcer l’intégration sous-régionale, alors que la CEEAC et la CEMAC peinent encore à matérialiser leurs ambitions.
Pour Yaoundé et Malabo, l’enjeu est clair : transformer une proximité diplomatique historique en levier géostratégique durable.