À moins de 100 km de Douala, la plage de Yoyo, bordée par les mangroves du parc marin Douala-Édéa, s’impose comme un joyau littoral posé entre océan Atlantique et vallée de la Sanaga.
Ce site de 15 km de sable fin constitue une occasion unique de combiner écotourisme de haut niveau, diplomatie écologique et développement régional durable. Pour Pascal Owono, Conseiller au ministère du Tourisme, « Yo-yo‑Édéa peut devenir notre Zanzibar d’Afrique centrale, à condition d’en faire un projet de diplomatie bleue et de croissance verte ».
Enjeux géostratégiques et diplomatie environnementale
- La zone, exempte de tensions communautaires ou frontières contestées, pourrait servir de corridor de tourisme sécurisé reliant Douala à Kribi, tout en renforçant la souveraineté maritime du Cameroun.
- La proximité de l’agglomération d’Édéa (parfois surnommée la « capitale verte » du pays, notamment grâce à ses forêts et industries proches de la Sanaga) offre une infrastructure logistique à exploiter – routes, industries agroalimentaires, hôtellerie régionale.
- Le développement de ce territoire s’inscrit idéalement dans la Stratégie Afrique Bleue 2050 et les objectifs de la CEEAC, positionnant le Cameroun comme acteur pilote en diplomatie environnementale.
Dr. Nathalie Nsom, géographe à l’UNESCO pense que « la combinaison Yoyo–Édéa est une opportunité rare : elle allie nature, culture et infrastructure ».
Intelligence économique et potentiel d’investissement
- Un investissement initial estimé à 4–6 M € permettrait d’établir un projet pilote incluant écolodges, pontons, formations et signalétique écologique.
- Selon la BAD et le MINTOUL, ce développement générerait 450 à 700 emplois directs, 1 200 à 1 800 emplois indirects et plus de 300 stagiaires/an formés aux métiers verts d’ici 2030.
- La BAD, l’AFD et des ONG environnementales ont déjà manifesté un intérêt, appréciant le cadre de tourisme scientifique, culturel et communautaire que propose la région. Jean‑Claude Atangana,expert à l’AFD est convaincu qu’« un tourisme raisonné peut fixer la jeunesse au village, sans bétonner la côte ».
Risques et gouvernance à renforcer
- Le site souffre de risques liés à l’érosion côtière et à la pollution plastique venant de Douala.
- Les droits fonciers restent peu définis, tout comme le cadre réglementaire pour les investisseurs.
- L’accès terrestre reste précaire : la piste de Manoka reste difficile pendant la saison des pluies.
« Sans cadre clair et inclusif, Yoyo‑Édéa sera soit accaparé, soit dégradé », a déclaré Amina Nkoa de WWF‑Cameroun.
Yoyo-Edéa : un joyau à investir, un avenir à écrire
La combinaison Yoyo–Édéa offre au Cameroun un levier stratégique puissant : tourisme durable, diplomatie verte et impact économique local. Mais réussir exige une mobilisation coordonnée des acteurs publics, privés et communautaires, une gouvernance inclusive, et un financement structuré. Si ce projet voit le jour, il pourrait devenir la vitrine d’un tourisme littoral durable pour l’ensemble de l’Afrique centrale. Pour Dr Nathalie Nsom, « Yoyo–Édéa peut être notre carte postale au monde… et notre boussole pour un avenir durable ».
Noël Ndong