20 juillet 2025

Cameroun/Présidentielle 2025 : l’expérience face aux inexpériences

À l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, le Cameroun entre dans une phase d’observation intense. Au centre des débats : la candidature de Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982. Longtemps critiqué par une partie de l’opinion, le président camerounais incarne toutefois, pour ses partisans comme pour une frange de la communauté internationale, une stabilité précieuse dans une sous-région troublée. « Le Cameroun reste l’un des rares États stables entre le Sahel, la Centrafrique et le golfe de Guinée. Ce n’est pas anodin », confie un diplomate européen. Face aux défis géopolitiques – insécurité transfrontalière, terrorisme de Boko Haram, tensions dans le NOSO -, Paul Biya a su préserver un État central fort et des équilibres institutionnels fonctionnels. Une opposition fragmentée, sous-expérimentée, et sans vision internationale À l’opposé, l’opposition camerounaise peine à convaincre sur le fond comme sur la forme. Cabral Libii, jeune figure politique, manque de profondeur programmatique et de réseau diplomatique, tandis que Maurice Kamto, plus aguerri, souffre d’un positionnement souvent perçu comme conflictuel, voire clivant. Issa Tchiroma Bakari et Bello Bouba Maïgari, quant à eux, sont vus comme des acteurs du passé, peu porteurs de renouveau. « Aucun de ces candidats ne propose de vision claire sur la place du Cameroun dans un monde multipolaire, ni sur les grandes transitions (climat, numérique, sécurité régionale) », analyse une source proche d’un bailleur multilatéral. En outre, l’absence d’unité dans l’opposition fragilise leur crédibilité : pas de coalition viable, pas de programme commun, et des ambitions personnelles souvent divergentes. Paul Biya : un bilan contrasté, mais un leadership incontestable Malgré certaines critiques – gouvernance centralisée, lenteur des réformes, faible renouvellement de l’élite politique -, le président camerounais affiche un bilan économique tangible. Les projets structurants (gaz à Kribi, autoroutes, barrages, port en eau profonde de Kribi, digitalisation des services publics) ont renforcé l’attractivité économique du pays, avec un taux de croissance moyen autour de 4 % ces dernières années. La communauté internationale, bien que vigilante sur les questions de gouvernance et de droits humains, reconnaît l’importance de la continuité stratégique dans un contexte de fragilité régionale. « Ce que nous demandons, c’est plus de transparence et d’inclusion, pas un saut dans l’inconnu », déclare un responsable de la Banque mondiale. Conseils stratégiques aux acteurs politiques Pour l’opposition, l’heure n’est plus aux slogans mais à la structuration. Elle doit : Au président Biya, l’avenir pourrait passer par : Leadership ou transition, mais avec vision La présidentielle de 2025 ne se résume pas à un affrontement entre ancien et nouveau. Elle cristallise un choix plus profond : celui de la stabilité maîtrisée ou du changement désordonné de notre pays. Dans ce jeu d’équilibres, Paul Biya, malgré son âge, conserve l’image d’un acteur central et rassurant, là où l’opposition n’a pas encore trouvé l’Homme de synthèse pour fédérer et projeter le Cameroun vers une nouvelle ère. Noël Ndong

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USA/Ascension de la Diaspora :  8 milliardaires d’origine africaine pèsent 413 milliards $ d’influence économique

413 milliards de dollars. C’est la somme vertigineuse que représentent les fortunes cumulées de huit milliardaires américains d’origine africaine, selon les derniers chiffres publiés par Forbes. Dans un pays qui compte 125 milliardaires d’origine étrangère, ces huit figures issues du continent africain incarnent une influence économique croissante, mais aussi une présence stratégique dans la finance, la tech, la santé, les infrastructures ou encore les médias. « Leur succès n’est pas que financier, il est aussi symbolique d’un changement d’époque où les diasporas deviennent des acteurs globaux », souligne Fiona Chao, économiste à la Brookings Institution. Une puissance incarnée par Elon Musk Le cas le plus emblématique est Elon Musk, originaire d’Afrique du Sud, aujourd’hui homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 393 milliards de dollars. À lui seul, il représente 30 % de la richesse totale des milliardaires américains d’origine étrangère, selon Forbes. Ses entreprises, Tesla, SpaceX, Neuralink ou encore xAI, redéfinissent à la fois les mobilités, l’espace et l’intelligence artificielle. « L’Afrique du Sud m’a donné la résilience, l’Amérique m’a donné le terrain de jeu », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Financial Times. Des parcours transnationaux, des leviers globaux Derrière Elon Musk, on retrouve Patrick Soon-Shiong (5,6 Mds $), entrepreneur en biotechnologie né en Afrique du Sud de parents chinois. Son invention de l’Abraxane, traitement contre plusieurs formes de cancer, illustre la puissance de l’innovation migrante. Suit Rodney Sacks (3,6 Mds $), juriste sud-africain devenu le roi des boissons énergétiques aux États-Unis avec Monster Beverage, une marque valorisée à près de 60 milliards de dollars. L’Égypte est représentée par Haim Saban (3,1 Mds $), investisseur et magnat des médias, connu pour avoir introduit les Power Rangers dans les foyers américains et dirigé Saban Capital Group, très actif dans le capital-risque et les fusions-acquisitions. Des Nigérians influents dans la finance et la tech Le Nigeria, première économie d’Afrique, compte deux noms sur cette liste : Le Maroc et le Kenya dans l’arène Le Marocain Marc Lasry (1,9 Mds $), fondateur du hedge fund Avenue Capital. Il a notamment été conseiller économique de Bill Clinton et a figuré dans le top 50 des figures les plus influentes de Wall Street. Enfin, Bharat Desai, né à Mombasa (Kenya), cofondateur de Syntel, entreprise de services technologiques revendue pour 3,4 milliards de dollars à Atos. Sa fortune est estimée à 1,6 milliard $. Une diaspora qui pèse sur les choix stratégiques Ces fortunes ne se limitent pas à leur portefeuille. Elles influencent les flux d’investissement vers l’Afrique, soutiennent des incubateurs technologiques, financent des programmes éducatifs, et modèlent les perceptions politiques. « Ces milliardaires sont les ambassadeurs silencieux d’un soft power afro-américain émergent, qui redéfinit la notion même d’influence économique », note l’analyste en intelligence économique, Fatou Diarra. Comparatif chiffré  (budget vs fortunes privées) Pays africain Budget annuel 2024-2025 (en USD) Comparaison Nigeria 41 milliards USD 10 fois inférieur aux 413 Mds $ Afrique du Sud 88 milliards USD ≈ 4,7 fois inférieur Égypte 131 milliards USD ≈ 3 fois inférieur Côte d’Ivoire 15,5 milliards USD ≈ 26 fois inférieur Kenya 23 milliards USD ≈ 18 fois inférieur Maroc 58 milliards USD ≈ 7 fois inférieur Cameroun 10,6 milliards USD ≈ 39 fois inférieur RDC 17 milliards USD ≈ 24 fois inférieur Mali 5,5 milliards USD ≈ 75 fois inférieur Burkina Faso 4,3 milliards USD ≈ 96 fois inférieur À 413 milliards de dollars, la fortune cumulée de ces 8 individus dépasse largement le budget combiné de plus de 30 pays africains. Elle équivaut à environ 28 % du PIB du continent africain (≈ 1 500 milliards $). Le seul Elon Musk (393 Mds $) possède une fortune plus élevée que les budgets de l’Égypte, du Nigeria et de l’Afrique du Sud réunis. Alors que l’Afrique ne compte actuellement qu’une vingtaine de milliardaires sur son sol. Diplomatie & géoéconomie « Ces chiffres soulignent à quel point la richesse des diasporas peut potentiellement transformer les économies africaines – si des mécanismes de transfert, d’investissement ou de partenariat étaient activés », a déclaré Omar Benjelloun, économiste du développement. La diaspora africaine en Occident, en particulier aux États-Unis, détient un pouvoir économique équivalent à des États. Cette concentration de capital chez les privés interroge sur le rôle potentiel de ces fortunes dans les politiques de développement, d’investissement stratégique ou de diplomatie économique Sud-Sud. Leur réussite reflète non seulement la force d’intégration des élites migrantes dans l’économie américaine, mais aussi le potentiel inexploité du capital humain africain dans les chaînes de valeur mondiales. Noël Ndong

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