23 juillet 2025

Cameroun : une personne disparaît toutes les 12h – La jeunesse en danger

Les grandes villes comme Yaoundé et Douala épicentres d’un phénomène inquiétant, avec des adolescents en première ligne. Entre janvier et juin 2025, le Cameroun a enregistré 441 cas de disparitions de personnes, soit une moyenne de deux cas par jour. Le phénomène inquiète, d’autant plus qu’il touche majoritairement les jeunes, avec 36 % des disparus âgés de 13 à 17 ans. Les élèves représentent près de la moitié des cas (49 %), et les filles sont plus concernées (27 %) que les garçons (23 %). Les disparitions sont concentrées dans les zones urbaines densément peuplées. Yaoundé arrive en tête avec 40,2 % des cas, suivie de Douala (24,3 %). Bertoua, Bafoussam et Buea figurent également parmi les villes les plus affectées. Les pics sont observés en mai et juin, période correspondant au début des grandes vacances scolaires. Aucun chiffre précis sur la ville d’Edéa et le département de la Sanaga maritime. Les circonstances des disparitions varient : sorties pour des activités, fugues volontaires, sorties scolaires, ou encore enlèvements présumés. La majorité des alertes proviennent des réseaux sociaux, notamment Facebook (98 %). Face à cette situation préoccupante, des experts appellent à une mobilisation nationale. Ils recommandent la création d’une ligne verte pour signaler rapidement les cas, le renforcement de la sensibilisation communautaire, et la mise en place d’un soutien psychosocial, en collaboration avec des organisations comme la Croix Rouge. Noël Ndong

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Cameroun : Marc Brys claque la porte des Lions Indomptables

Le technicien belge Marc Brys a officiellement démissionné de son poste de sélectionneur de l’équipe nationale du Cameroun. Dans une lettre adressée aux autorités camerounaises le 21 juillet, Brys invoque des « manquements contractuels graves », notamment deux mois de salaires impayés pour lui et son staff. Un départ qui survient dans un climat de tension persistante entre la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministère des Sports, source de blocages depuis sa nomination en avril 2024. Cette démission pourrait avoir des conséquences lourdes pour les Lions Indomptables. À quelques mois de la CAN 2025 et en pleine campagne qualificative pour la Coupe du Monde 2026, le Cameroun se retrouve sans sélectionneur. La Fecafoot, qui a pris acte de la démission, doit désormais trouver en urgence un remplaçant, dans un contexte institutionnel toujours tendu. Sur le plan juridique, Marc Brys menace de saisir le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour rupture abusive de contrat. Cette affaire pourrait ternir davantage l’image de la gouvernance du football camerounais à l’international. Enfin, ce nouveau feuilleton ravive les inquiétudes sur la stabilité de la sélection nationale, déjà fragilisée par des crises internes récurrentes. Le prochain sélectionneur devra composer non seulement avec des enjeux sportifs majeurs, mais aussi avec un environnement administratif profondément divisé. Noël Ndong

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Infrastructure au Cameroun

Infrastructure : le Cameroun et l’Afrique centrale face au défi de l’autofinancement

L’Afrique pourrait autofinancer son développement. C’est le message fort du State of Africa’s Infrastructure Report 2025 publié par l’Africa Finance Corporation (AFC). Le document met en lumière un potentiel colossal de plus de 4 000 milliards de dollars en capital domestique, et appelle à une mobilisation concertée. Une aubaine pour l’Afrique centrale, et notamment le Cameroun, où les besoins en énergie, transport, industrie et numérique restent urgents. Des ressources locales sous-utilisées Le rapport recense 1 100 milliards $ issus des fonds institutionnels (pensions, assurances, banques publiques, fonds souverains), 2 500 milliards $ d’actifs bancaires et 470 milliards $ de réserves de banques centrales. Pourtant, ces ressources sont massivement investies dans des actifs liquides peu risqués, loin des grands chantiers d’infrastructures. « Ce capital pourrait transformer l’Afrique, si on adapte nos politiques et nos instruments d’investissement », souligne Samaila Zubairu, PDG de l’AFC. Énergie : l’Afrique centrale à la traîne En 2024, le continent n’a ajouté que 6,5 GW de capacités électriques, bien loin des 48,6 GW des États-Unis. Le Cameroun, avec son potentiel hydroélectrique sous-exploité (comme les barrages de Nachtigal ou Memve’ele), incarne ce retard. L’AFC recommande une accélération par des interconnexions régionales, des réformes tarifaires, et la structuration de projets à grande échelle. Transports : la modernisation passe par les corridors Le Corridor de Lobito, reliant l’Angola à la RDC et à la Zambie, illustre une tendance régionale : la montée du rail privé. Avec 7 000 km de nouvelles lignes en projet sur le continent, l’Afrique centrale, où les infrastructures ferroviaires restent vieillissantes, pourrait bénéficier de cette dynamique. Les routes rurales, notamment au nord du Cameroun ou dans le Bassin du Congo, sont aussi identifiées comme des leviers de désenclavement stratégique. Industrie : réduire la dépendance aux importations L’AFC alerte : l’Afrique importe chaque année 300 milliards $ en acier, engrais et pétrole raffiné. Le Cameroun est particulièrement vulnérable sur les engrais (consommation moyenne de 15 kg/ha, très en dessous des 140 kg recommandés). Numérique : un levier de souveraineté et d’inclusion Avec les nouveaux câbles sous-marins comme 2Africa, le numérique devient un pilier stratégique. L’AFC appelle à étendre la fibre en zones rurales ; créer des data centers régionaux (à l’image du projet à Kribi) ; harmoniser les régulations (notamment sur la protection des données) ; promouvoir l’e-ID, les paiements mobiles et la formation numérique. Vers un modèle d’autonomie financière Face à la crise de la dette et à la raréfaction des financements extérieurs, l’autofinancement devient une nécessité. L’AFC évalue le déficit annuel en infrastructures à 400 milliards $. Pour combler ce fossé, trois recommandations : 1.     Réformer la réglementation des fonds institutionnels pour permettre l’investissement long terme, 2.     Mitiger les risques pour attirer ces capitaux vers les projets, 3.     Créer des véhicules d’investissement : PPP, fonds souverains, fonds thématiques. Un moment de bascule pour l’Afrique centrale Les outils sont là. Le capital aussi,  à mettre en mouvement les institutions et les dirigeants. Pour le Cameroun, pays charnière d’Afrique centrale, c’est l’occasion de capitaliser sur ses ressources et ses pôles structurants (Kribi, Douala, Garoua…) pour bâtir une base industrielle solide et durable. Reste à transformer cette impulsion, à travers la convergence des réformes, un climat des affaires amélioré, et la confiance des investisseurs locaux, pour redonner à l’Afrique centrale le sourire de son propre décollage. Noël Ndong

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Le retrait des États-Unis de l’UNESCO : une fenêtre stratégique pour l’Afrique et la candidature de Firmin Édouard Matoko

Le retrait annoncé des États-Unis de l’UNESCO, prévu pour entrer en vigueur fin 2026, ouvre une phase charnière pour l’avenir de la gouvernance culturelle mondiale. Ce désengagement américain, à la fois symbolique et structurel, redéfinit les rapports de force au sein de l’organisation. Il crée un espace stratégique que des puissances moyennes et émergentes, en particulier africaines, cherchent désormais à investir. Dans ce contexte, la candidature du Congolais Firmin Édouard Matoko à la direction générale de l’UNESCO en novembre prochain, prend une dimension nouvelle, à la croisée de la diplomatie Sud-Sud, des enjeux géoéconomiques liés à la culture et de la reconfiguration du multilatéralisme mondial. Une recomposition diplomatique en cours Historiquement, les États-Unis ont pesé lourdement sur les orientations de l’UNESCO, tant par leur contribution budgétaire que par leur capacité d’influence sur les normes culturelles et éducatives globales. Leur retrait marque une perte d’équilibre traditionnel, au profit d’acteurs plus discrets mais déterminés à renforcer le poids du multilatéralisme inclusif. La Chine, l’Inde, les pays du Golfe et plusieurs États africains investissent aujourd’hui les arènes culturelles internationales comme levier de projection de puissance douce. Dans ce vide relatif laissé par Washington, la candidature de Firmin Édouard Matoko, fort de plus de trente ans d’expérience à l’UNESCO, s’impose comme une réponse légitime et stratégique à une demande croissante d’un leadership décentré, porté par les réalités du Sud global. Matoko a su incarner au sein de l’organisation la vision d’une Afrique actrice et non spectatrice, particulièrement à travers son mandat comme sous-directeur général pour la priorité Afrique et les relations extérieures. Une vision panafricaine adaptée aux enjeux globaux La vision défendue par Matoko repose sur une redéfinition des priorités éducatives, scientifiques et culturelles à l’aune des défis africains – mais également transversaux : transformation numérique, intelligence artificielle inclusive, préservation des savoirs endogènes, cohésion sociale, sécurité culturelle dans les zones fragiles. Son initiative phare, Africa Lab, vise à faire de l’Afrique un incubateur d’innovations éducatives et culturelles adaptables aux autres régions du monde. Il s’agit là d’une logique de « co-construction normative« , à rebours des approches descendantes souvent critiquées dans la gouvernance internationale. Le multilatéralisme culturel à l’épreuve des fractures globales L’élection du prochain directeur général, attendue pour fin 2025 à Samarcande, se tiendra dans un contexte de polarisation géopolitique croissante, marqué par les guerres informationnelles, le repli souverainiste, mais aussi la montée de revendications pour un multilatéralisme plus équitable. Dans ce contexte, l’UNESCO reste l’un des rares espaces onusiens où la diplomatie culturelle peut encore désamorcer certaines tensions, à condition d’être portée par une vision équilibrée, représentative et capable de s’adapter aux réalités du XXIe siècle. La candidature Matoko, en capitalisant sur la sortie américaine, peut ainsi incarner une alternative crédible à une gouvernance polarisée ou trop technocratique. Vers une reconfiguration du leadership mondial de l’UNESCO Au-delà de l’enjeu personnel, la possible élection d’un dirigeant africain à la tête de l’UNESCO aurait une portée historique. Elle marquerait l’aboutissement d’un processus de maturation diplomatique du continent africain dans les institutions multilatérales, mais aussi un rééquilibrage attendu du soft power mondial. Cette recomposition serait d’autant plus significative qu’elle pourrait renforcer des alliances structurelles entre pays du Sud, tout en consolidant les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et ceux de la coopération culturelle Sud-Sud. Le retrait des États-Unis de l’UNESCO ne signe pas un affaiblissement de l’organisation, mais plutôt un tournant. Il ouvre une brèche dans laquelle des leaderships alternatifs, porteurs d’une vision inclusive, peuvent émerger. La candidature de Firmin Édouard Matoko cristallise cette dynamique : elle représente à la fois une opportunité politique, une légitimité institutionnelle et une ambition stratégique pour faire de l’UNESCO un véritable moteur de la diplomatie culturelle mondiale, à l’ère post-occidentale. Noël Ndong

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Cameroun : Paul Biya supprime les lignes 65 et 94  – Vers une nouvelle ère de transparence ou simple manœuvre politique ?

Dans une décision sans précédent, le président camerounais Paul Biya a ordonné la suppression des lignes budgétaires 65 (dépenses communes de fonctionnement) et 94 (interventions en investissements) dès l’exercice 2026. Ces lignes, longtemps au cœur des critiques pour leur opacité, sont désormais au centre d’un vaste débat politique, économique et électoral, à l’approche de la présidentielle de 2025. Les lignes 65 et 94 : leviers d’opacité budgétaire Pendant plus d’une décennie, les lignes 65 et 94 ont permis de financer diverses dépenses publiques sans obligation claire de justification, ni visibilité publique. En 2022, un audit ordonné par la présidence a révélé que plus de 5 000 milliards de FCFA avaient été engagés entre 2010 et 2021 via ces canaux. Parmi les irrégularités relevées : Suppression actée et nouvelle dotation plafonnée Le chef de l’État a décidé de mettre fin définitivement à ces lignes budgétaires à compter de 2026. À leur place, une nouvelle ligne appelée « dotation spéciale » sera introduite, avec un plafond de 10 % des crédits du budget de l’État. Cette réforme a pour objectif de centraliser, justifier et rationaliser les dépenses non programmées, tout en réduisant les risques de corruption. Réactions de l’opposition : « Une victoire incomplète » La classe politique d’opposition, notamment le MRC de Maurice Kamto – candidat à l’élection présidentiel sous la bannière Manidem – et le PCRN de Cabral Libii, a accueilli favorablement l’annonce, mais déplore une absence de poursuites concrètes contre les responsables identifiés. Selon un communiqué du MRC : « Cette suppression est la preuve d’une mauvaise gestion longtemps dénoncée. Si elle n’est pas suivie d’enquêtes judiciaires et de sanctions exemplaires, elle restera un simple effet d’annonce ». L’opposition appelle également à plus de transparence sur les résultats de l’audit, à une publication des noms des agents impliqués, et à une réforme globale des mécanismes de contrôle budgétaire. Comparaisons régionales *Rwanda : Avec un indice de perception de la corruption élevé (57/100), le Rwanda est l’un des rares pays de la sous-région à avoir réussi à réduire significativement la corruption, grâce à la numérisation des services publics, des sanctions sévère et un engagement politique contre l’impunité. *RDC & RCA : En République Démocratique du Congo et en Centrafrique, les lignes budgétaires équivalentes sont souvent encore plus opaques, avec très peu de contrôle parlementaire ou citoyen. L’indice Open Budget Survey 2023 classe la RCA à 6/100, l’un des pires scores au monde. *Cameroun : Avec 50/100 au même indice, le Cameroun se situe au-dessus de la moyenne régionale, mais loin des standards internationaux. La suppression des lignes 65 et 94 pourrait permettre une remontée significative dans les classements internationaux, à condition que la réforme soit réelle, suivie et auditable. Implications pour l’élection présidentielle de 2025 * Certains observateurs, y voient une manœuvre politique pour désarmer les critiques internes (clans rivaux au sein du régime) ;montrer une image réformiste à la communauté internationale ; restaurer la légitimité du pouvoir avant l’élection prévue fin 2025. *Mobilisation de l’opposition : Des mouvements citoyens comme « 11 millions d’inscrits » visent à encourager l’enrôlement des jeunes sur les listes électorales. La réforme budgétaire pourrait alimenter leur discours, en montrant que le changement est possible si la pression citoyenne augmente. *Risque de désillusion : Si aucune suite judiciaire n’est donnée à l’audit et que les mêmes mécanismes de détournement se réinstallent ailleurs, cela pourrait aggraver le désenchantement politique, en particulier chez les jeunes, qui représentent près de 60 % de la population électorale, mais dont beaucoup restent non-inscrits. Rupture ou recyclage du système ? La suppression des lignes 65 et 94 représente une occasion historique de restaurer la transparence budgétaire au Cameroun. Elle constitue un signal fort, mais son efficacité dépendra de la volonté politique à poursuivre les fautifs ; de la réforme structurelle des mécanismes de contrôle. Dans le contexte sensible de la présidentielle de 2025, cette réforme budgétaire pourrait devenir un tournant décisif – soit en instaurant une nouvelle ère de gestion publique, soit en révélant une énième opération de communication sans suite. Noël Ndong

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