juillet 2025

CEMAC face au choc tarifaire américain : entre vulnérabilité relative et opportunité stratégique

Alors que Washington impose de nouveaux droits de douane, la zone CEMAC s’organise pour amortir l’onde de choc, réorienter ses priorités commerciales et renforcer sa résilience structurelle. La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) réagit avec prudence mais vigilance à la récente hausse unilatérale des tarifs douaniers imposée par les États-Unis. Si le volume des exportations vers le marché américain reste marginal – 2,1% des exportations de la sous-région, loin derrière l’Union européenne (27,4%) et la Chine (24,5%), les autorités monétaires estiment que l’impact indirect pourrait se révéler plus large qu’il n’y paraît. Réunie en visioconférence le 24 juillet 2025, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a convoqué experts, économistes et hauts décideurs à l’occasion de la première Journée économie et finance. Objectif : anticiper les effets systémiques de la nouvelle doctrine protectionniste américaine sur les six pays membres (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad), et poser les bases d’une riposte régionale concertée. « Ce relèvement viole les règles de l’OMC. Mais nous ne sommes pas dans une logique de guerre commerciale avec les États-Unis. Nous devons convertir cette pression extérieure en levier de transformation », a tempéré Guy Innocent Beffo, expert en commerce international et intervenant à la conférence. La décision américaine, initiée par l’administration Trump début avril, fixe désormais un droit plancher de 10 % pour le Congo, la Centrafrique et le Gabon, et 13 % pour le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Tchad. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large de réduction du déficit commercial américain et de relocalisation industrielle, mais leur portée mondiale remet en question l’équilibre des économies vulnérables. Impact économique et enjeux stratégiques À court terme, les secteurs pétrolier et forestier sont les plus exposés, en particulier au Cameroun, au Gabon et en Guinée équatoriale. La hausse des droits de douane risque de réduire les marges à l’exportation, de ralentir la croissance des réserves de change et de favoriser l’inflation importée, prévient un rapport interne de la BEAC. Au-delà du choc conjoncturel, les experts y voient un signal stratégique : la nécessité urgente pour la zone CEMAC de réduire sa dépendance aux marchés extérieurs, de diversifier sa base productive, et de stimuler le commerce intra-communautaire, actuellement très faible (moins de 5% des échanges totaux). « Nous devons tirer des leçons de la trajectoire des pays du Golfe : diversifier en profondeur, industrialiser, et tirer parti de notre potentiel régional », a plaidé un conseiller économique de la BEAC. Dans un contexte international marqué par la remontée du protectionnisme, la fragmentation des chaînes de valeur mondiales et les rivalités entre grandes puissances, cette décision américaine est aussi un révélateur des vulnérabilités structurelles des économies africaines, encore trop dépendantes de leurs partenaires traditionnels. La stabilité économique régionale, déjà mise à l’épreuve par des crises sécuritaires persistantes (notamment au Tchad et en Centrafrique), pourrait se fragiliser davantage si les États membres ne s’engagent pas dans des réformes d’intégration régionale, d’industrialisation, et de modernisation de la politique commerciale. Une réponse collective en gestation Face à cette situation, la BEAC appelle à une diplomatie économique plus affirmée, et à la mise en place d’un mécanisme régional de veille commerciale, capable de suivre les tendances tarifaires mondiales et de proposer des contre-mesures adaptées, y compris à travers de nouveaux accords Sud-Sud ou une meilleure valorisation des accords existants comme l’AfCFTA (ZLECAF). La CEMAC n’a pas les moyens d’une confrontation, mais elle dispose d’une carte à jouer : celle d’un réalignement stratégique vers des partenaires plus diversifiés, plus souples, et mieux connectés à ses priorités de développement. Noël Ndong

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Cameroun–Canada : Lorraine Anderson tire sa révérence après trois années de diplomatie stratégique et inclusive

Après un mandat remarqué à Yaoundé, la Haut-Commissaire du Canada, Lorraine Janel Anderson, quitte le Cameroun sur fond d’un renforcement inédit des relations bilatérales. Son départ, salué par les plus hautes autorités, marque un tournant dans la coopération entre Ottawa et Yaoundé. Arrivée au terme de sa mission diplomatique de trois ans, Son Excellence Lorraine Janel Anderson, Haut-Commissaire du Canada au Cameroun, a été reçue en audience le 22 juillet 2025 par le Premier Ministre Joseph Dion Ngute, au Star Building, pour une cérémonie d’adieux empreinte de reconnaissance et de respect mutuel. Elle a également rencontré le lendemain Stanislas Oyono, Inspecteur général au ministère des Relations extérieures. « J’ai eu un mandat très fructueux au Cameroun. J’ai pu constater l’énergie et le potentiel de ce pays dans tant de domaines », a confié la diplomate à l’issue de son entretien avec le chef du gouvernement. Une diplomatie d’impact et de proximité Sous sa houlette, la coopération bilatérale Canada–Cameroun a connu une montée en puissance dans des secteurs clés. Les échanges commerciaux ont progressé, avec plus de 65 millions de dollars enregistrés en volume annuel en 2024, selon les données de la Banque mondiale. Parallèlement, plus de 30 entreprises canadiennes sont désormais actives ou en partenariat au Cameroun, dans l’agriculture, l’éducation, l’énergie verte et les technologies numériques. L’engagement canadien s’est également affirmé sur le plan humanitaire et social, avec plus de 28 millions de dollars canadiens investis entre 2020 et 2024 dans des projets de développement, d’éducation, de santé, de lutte contre les violences basées sur le genre et d’assistance aux personnes vulnérables. « La richesse du patrimoine, la protection des droits humains et la promotion de l’État de droit ont toujours été au cœur de notre action », a rappelé Lorraine Anderson. Une influence géopolitique discrète mais affirmée Son mandat s’est déroulé dans un contexte sensible, marqué par des tensions dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Mme Anderson a joué un rôle de facilitatrice discrète dans les discussions sur la gouvernance inclusive, contribuant au dialogue sur la bonne gouvernance et la paix durable, salué officiellement par le Premier Ministre. « Le gouvernement apprécie les efforts de Mme Anderson pour la promotion de la bonne gouvernance et l’appui aux solutions durables aux tensions socio-politiques », a souligné Joseph Dion Ngute. La diplomate a également renforcé l’ancrage canadien dans les mécanismes multilatéraux, notamment à travers la coopération universitaire, la formation diplomatique, et le renforcement du partenariat dans le cadre du Commonwealth. Un départ stratégique, un héritage durable Alors qu’Ottawa s’apprête à nommer un successeur, Lorraine Anderson laisse derrière elle un bilan solide, combinant résultats économiques tangibles, impact social mesurable, et dialogue politique crédible. « Lorraine Anderson incarne une diplomatie moderne, inclusive et orientée vers les résultats. Son départ est un tournant, mais aussi une base solide pour le futur de notre partenariat », confie un haut responsable du ministère camerounais des Relations extérieures. Noël Ndong

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Cameroun : l’État en alerte maximale contre la cyber-ingérence électorale

À moins de trois mois de la présidentielle, Yaoundé annonce la « tolérance zéro » face aux tentatives de manipulation numérique, de sabotage informatique et de déstabilisation du processus électoral. Le Cameroun entre dans la zone rouge de son cycle électoral. Alors que la présidentielle d’octobre 2025 s’annonce décisive, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a tapé du poing sur la table. Dans un communiqué officiel publié le 25 juillet, il a averti que toute tentative de perturber l’intégrité du processus électoral – par le piratage, la désinformation ou la manipulation numérique – sera traitée avec une sévérité maximale. « Le gouvernement de la République ne tolérera, sous aucun prétexte, la moindre atteinte à l’intégrité, à la transparence et à la sérénité du processus électoral en cours », a déclaré le ministre, s’adressant tant à l’opinion nationale qu’internationale. Au cœur de l’alerte : une tentative de piratage des bases de données du ministère, visant à introduire un nom illégal dans le fichier électoral. Qualifié de « sabotage informatique », cet acte est perçu comme une attaque directe contre les institutions républicaines. Les enquêtes mobilisent actuellement les services spécialisés, avec un appui de partenaires techniques internationaux. Le MINAT cible aussi les campagnes de haine, les fake news et les injures en ligne, notamment contre les institutions et les familles des officiels. « Cet acte malveillant fera l’objet de sanctions exemplaires. L’impunité ne sera ni tolérée, ni acceptée », a insisté Paul Atanga Nji. Au-delà de l’affaire ponctuelle, le gouvernement camerounais place cette réponse dans une stratégie plus large de défense de la souveraineté numérique et électorale, dans une région secouée par des épisodes récents de cyber-ingérence (Nigeria, Tchad, RDC). Alors que la publication des listes officielles de candidats par ELECAM est attendue dans les jours à venir, la vigilance sera renforcée à tous les niveaux : logistique électorale, surveillance des contenus numériques, cybersécurité des bases de données, et contrôle des narratifs publics. Dans un contexte international où la stabilité des régimes est souvent ciblée par des menaces hybrides, Yaoundé veut envoyer un signal fort : la régularité du scrutin est un enjeu de souveraineté, de sécurité et de légitimité institutionnelle. FICHE COMPARATIVE – Dispositifs de lutte contre la cybercriminalité électorale en Afrique centrale (2024–2025) Pays Cadre légal dédié Autorité compétente Mesures spécifiques électorales Niveau de surveillance Partenaires techniques Cameroun Loi sur la cybersécurité (2010), Code pénal, décret 2020/163 Agence nationale des technologies de l’information (ANTIC), MINAT, DGSN Suivi des réseaux sociaux, traque des faux profils, détection de fausses listes électorales, poursuites judiciaires, surveillance du Cloud MINAT Élevé (surtout en période électorale) Interpol, Union européenne, Huawei, Microsoft, ELECAM Gabon Loi 001/2019 sur la cybersécurité ANINF, Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) Blocage préventif de certains sites, veille électorale numérique, filtrage du contenu en période électorale Moyen à élevé OIF, China Telecom, AfriNIC Congo-Brazzaville Loi 002-2020 sur la cybersécurité Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) Formation des juges électoraux au cyberdroit, alerte sur les manipulations numériques, mise sous surveillance des serveurs publics Moyen France (ANSSI), Huawei, ONUDC Tchad Ordonnance 007/PR/2022 sur la cybersécurité ANSC (Agence nationale de sécurité des communications), Agence électorale nationale Ciblage des fake news, encadrement des cyber-activistes politiques, saisie de matériel de campagne numérique suspect Faible à moyen OIF, CEDEAO, Russie (via partenariats technologiques) Centrafrique Loi 18/006 sur la cybersécurité, Code pénal Ministère de l’Économie numérique, ANE (Autorité nationale des élections) Alerte sur les deepfakes, filtrage de messages anti-institutionnels pendant le scrutin, faible capacité de détection automatique Faible Union africaine, Agence numérique française (AFD) Guinée équatoriale Loi 2021/13 sur la cybercriminalité Direction générale de la cybersécurité (DGCS), armée Surveillance militaire du web, filtrage des plateformes d’opposition, blocages temporaires de réseaux sociaux pendant les élections Très élevé (contrôle étatique) Chine, Russie, Arabie Saoudite (via partenariats bilatéraux) Noël Ndong

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À Kigali, l’Église catholique d’Afrique trace une voie d’espérance face aux défis géopolitiques

L’Église face aux tempêtes africaines. Alors que l’Afrique traverse une période marquée par des crises politiques, sécuritaires et sociales, l’Église catholique du continent s’apprête à tenir un rendez-vous crucial : la 20e Assemblée plénière du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), du 30 juillet au 4 août à Kigali. Sous la présidence du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, cette rencontre réunit plus de 250 délégués venus des 54 pays d’Afrique et des îles, dans une volonté claire de bâtir une vision pastorale commune face aux bouleversements du continent. Le thème, « Le Christ, source d’espérance, de réconciliation et de paix », sonne comme un appel fort à la stabilité. « Nous devons être des pasteurs crédibles d’espérance », insiste le cardinal Fridolin Ambongo, dans un contexte où les coups d’État, les conflits interethniques, le terrorisme et les déplacements de populations minent le tissu social africain, du Sahel à l’Est de la RDC, en passant par le Soudan. Mais la démarche est autant spirituelle que politique. Le SCEAM entend s’affirmer comme acteur moral et médiateur de paix, en proposant une vision à long terme pour 2025-2050, articulée autour de douze piliers, incluant l’engagement citoyen, l’écologie, la famille et le dialogue interreligieux. Il s’agit aussi de répondre aux défis pastoraux concrets, comme l’accompagnement des familles dans des contextes culturels complexes. Fondé en 1969 après la visite historique du pape Paul VI, le SCEAM n’est pas seulement une institution ecclésiale. Par sa voix auprès de l’Union africaine, il s’impose aujourd’hui comme une force géopolitique morale, à même d’influencer les décisions politiques du continent. À Kigali, l’Église africaine ne cherche pas seulement à prier, mais à peser. Noël Ndong

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Parasitoses : une menace silencieuse mais persistante en Afrique centrale

Alors que plus de 5 milliards de personnes dans le monde pourraient être infectées par des parasites selon les données récentes, l’Afrique centrale reste une des régions les plus touchées, en particulier le Cameroun. Les conditions sanitaires, climatiques et structurelles favorisent la propagation de ces infections négligées. Ces maladies, souvent invisibles et asymptomatiques aux premiers stades, représentent un véritable défi de santé publique, de gouvernance sanitaire et de résilience communautaire. Maladies parasitaires au Cameroun Au Cameroun, les infections parasitaires les plus courantes sont : le Paludisme ; la Schistosomiase ; les Helminthiases intestinales ; l’Onchocercose ; la Loase. Ces infections touchent principalement les zones rurales et périurbaines. Selon les données du ministère de la Santé publique, plus de 30 % des enfants d’âge scolaire seraient infestés par au moins une forme de parasite intestinal. Ces infections affectent gravement le développement cognitif, le système immunitaire et la productivité des populations. Témoignage des experts La parasitologue Diane Paulier rappelle que « certains parasites peuventrester des années dans l’organisme, manipuler le système nerveux et même être à l’origine de troubles psychosomatiques, voire de tumeurs« . Ce constat alarmant est partagé par les acteurs sanitaires locaux, qui dénoncent aussi le manque de diagnostic efficace ; la confusion fréquente avec d’autres maladies chroniques ; la diffusion de traitements non homologués promus sur internet. Réponses et initiatives Face à ce constat, le Cameroun a mis en place plusieurs programmes nationaux de déparasitage, notamment dans les écoles, avec l’appui de l’OMS, de USAID et de l’UNICEF. Des campagnes de sensibilisation à l’hygiène, l’accès à l’eau potable, la cuisson des aliments sont aussi déployées. Cependant, la résurgence de certaines parasitoses, combinée à l’évolution génétique de certaines espèces, appelle à une réponse plus intégrée : renforcement du dépistage communautaire ; lutte contre la désinformation sanitaire ; l’amélioration des données épidémiologiques ; l’investissement dans la recherche. Ces efforts sont essentiels pour réduire l’impact des parasitoses et améliorer la santé publique en Afrique centrale. Noël Ndong

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Douala déroule le tapis rouge à Dion Ngute : entre séduction politique et ambitions économiques

En visite officielle de deux jours dans la région du Littoral, le Premier ministre, chef du gouvernement, Chief Dr Joseph Dion Ngute, a été l’invité d’un dîner républicain organisé à Douala par les élites locales, jeudi soir, sur fond de défis urbains, de projets portuaires stratégiques et de mobilisation électorale en vue de la présidentielle 2025. Ce moment de convivialité a été marqué par plusieurs interventions, dont celle du maire de la ville de Douala, Roger Victor Mbassa Ndine, qui a dressé un tableau sans complaisance des défis urbains persistants : voirie dégradée, insalubrité, et gestion inefficace des déchets ménagers. Il a invité le gouvernement à apporter des solutions concrètes à ces problèmes qui plombent le quotidien des habitants de la capitale économique. Le député Albert Dooh Collins, quant à lui, a salué les projets portuaires en cours, qu’il considère comme vitaux pour le développement économique de la région et du pays. Il a également exprimé le souhait de voir le Premier ministre revenir à Douala avant la présidentielle d’octobre 2025, afin de mobiliser les militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Au nom du président de la République, Paul Biya, Joseph Dion Ngute avait plus tôt présidé à Missolé 1, dans la Sanaga-Maritime, la cérémonie de pose de la première pierre d’un projet d’aménagement d’une zone d’activités industrialo-portuaire sur les berges de la Dibamba. Ce projet stratégique, inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30), vise à dynamiser les secteurs portuaire, industriel et logistique pour renforcer la compétitivité économique du Cameroun. La soirée  du jeudi s’est clôturée dans une ambiance détendue, rythmée par des sonorités traditionnelles du terroir, témoignant de l’attachement des élites du Littoral à leurs racines, tout en affichant leur soutien au gouvernement et à son chef. Le Premier ministre poursuit sa tournée ce vendredi 25 juillet, avec la pose de la première pierre du Terminal Mixte Vraquier du Port Autonome de Douala, un autre jalon dans la modernisation de l’espace portuaire de Douala-Bonabéri, pilotée sous la houlette de Cyrus Ngo’o. Noël Ndong

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Présidentielle 2025 : l’UE soutient le Cameroun dans la lutte contre la désinformation

Alors que le Cameroun se prépare à élire son prochain président le 12 octobre 2025, les autorités et les partenaires internationaux s’attaquent à un fléau devenu central dans les processus électoraux : la désinformation. Le 24 juillet 2025, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a reçu en audience Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’Union européenne, pour discuter d’un programme d’appui à la régulation de l’information et à la lutte contre les contenus toxiques diffusés notamment sur les réseaux sociaux. « L’Union européenne souhaite accompagner le Cameroun dans la promotion d’un environnement médiatique fiable, libre et responsable, surtout en période électorale », a déclaré Jean-Marc Châtaigner. Ce partenariat s’inscrit dans un projet régional financé par l’Union européenne, en collaboration avec Canal France International (CFI), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’ONG locale Eduk Média. Il prévoit notamment la formation d’environ 200 journalistes à la vérification des faits, à la déconstruction des rumeurs, et à la sécurisation de l’espace public d’information. « La désinformation est une menace réelle pour la cohésion sociale et la stabilité des institutions. Un seul faux contenu peut suffire à enflammer une communauté ou délégitimer tout un processus électoral », a souligné René Emmanuel Sadi. Selon un rapport de l’Observatoire des médias au Cameroun (2024), près de 64 % des informations partagées sur les réseaux sociaux en période électorale ne sont pas vérifiées, et 1 internaute sur 3 relaie une fausse information sans s’en rendre compte. Les conséquences sont multiples : perte de confiance dans les institutions, manipulation de l’opinion publique, incitation à la haine ethnique ou politique. Le programme soutenu par l’UE inclura également des campagnes de sensibilisation citoyenne, notamment dans les écoles, les universités et les médias communautaires, afin de renforcer l’esprit critique des jeunes électeurs, première cible des contenus viraux. À un peu plus de deux mois du scrutin, ce soutien européen est perçu comme un levier stratégique pour garantir un climat électoral apaisé, une presse plus outillée, et des électeurs mieux informés. Noël Ndong

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Publication imminente de la liste des candidats : ELECAM donne rendez-vous au 26 juillet

Le suspense autour de la présidentielle camerounaise de 2025 touche bientôt à sa fin. Dans un communiqué rendu public le jeudi 24 juillet, le président du Conseil électoral d’Elections Cameroon (ELECAM), Enow Abrams Egbe, a annoncé que la liste officielle des candidats retenus sera dévoilée le samedi 26 juillet à 12h, lors d’une cérémonie au siège de l’institution à Yaoundé. Quatre-vingt deux dossiers de candidatures ont été déposés dans les délais impartis, selon les chiffres communiqués par ELECAM. Parmi eux, plusieurs poids lourds de la scène politique nationale, dont le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, qui brigue un nouveau mandat à 92 ans. D’autres figures majeures comme Maurice Kamto démissionnaire du MRC – se présente sous la bannière Manidem-, Cabral Libii du PCRN, Joshua Osih du SDF, Bello Bouba Maigari de l’UNDP ou encore Issa Tchiroma Bakari du FNSC ont également déposé leurs dossiers, ravivant les enjeux autour d’une élection qui s’annonce disputée. Au-delà des personnalités politiques bien connues, la liste comprend aussi plusieurs candidatures indépendantes et des représentants de partis moins médiatisés, reflétant une volonté de renouvellement ou de contestation. L’étape de la publication officielle marquera la fin de l’examen technique et juridique des dossiers par le Conseil électoral, qui a travaillé à huis clos durant plusieurs semaines. Les enjeux de ce scrutin sont considérables, dans un pays confronté à des défis socio-économiques, à une crise sécuritaire persistante dans les régions anglophones, et à une jeunesse de plus en plus exigeante quant à la gouvernance. La confirmation des candidatures permettra d’ouvrir la voie à la campagne électorale, où chaque camp devra convaincre un électorat partagé entre désir de stabilité et aspiration au changement. La publication de cette liste sera suivie de près par les observateurs internationaux, les partenaires au développement et l’ensemble des citoyens camerounais, qui attendent un processus électoral crédible, transparent et apaisé. Noël Ndong

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Trafic animalier : 92 cas recensés en Afrique lors de l’opération Sama-2

L’Afrique au cœur d’un trafic d’espèces menacées en pleine expansion. L’opération multinationale Sama-2, pilotée par l’ONU, révèle l’ampleur d’un marché criminel devenu l’un des plus lucratifs au monde. L’Office des Nations unies contre le crime et la drogue (ONUDC) a dévoilé les résultats de l’opération Sama-2 (Saving African Wildlife through Multilateral Assistance), menée sur une trentaine de territoires africains. Résultat : 92 cas de trafic d’espèces protégées ont été détectés depuis le début de l’année, confirmant l’urgence environnementale sur le continent. Parmi les saisies majeures : des écailles de pangolins, des défenses d’éléphants et près de 800 tortues radiées, espèce endémique et gravement menacée à Madagascar. Ces produits illégalement extraits de la faune africaine étaient en partance pour des marchés extérieurs, notamment les Émirats arabes unis, la Tanzanie ou l’Angola. Un trafic qui change d’échelle L’opération Sama-2 s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre le quatrième marché illégal mondial, après la drogue, les armes et la traite humaine. Le trafic d’animaux sauvages génère chaque année près de 20 milliards de dollars, selon l’ONU. Il est désormais structuré en réseaux transnationaux sophistiqués, avec des ramifications logistiques, douanières et parfois militaires. Un signal d’alerte pour les États africains L’opération Sama-2 n’est pas seulement une initiative répressive : elle vise aussi à renforcer les capacités douanières, à développer l’échange de renseignements entre pays africains, et à inscrire la protection des espèces dans une dynamique de coopération régionale. Mais les ONG soulignent un manque chronique de moyens, de formation et de coordination. La situation au Cameroun et en Afrique centrale Le Cameroun est identifié comme l’un des principaux pays d’exportation de pangolins dans la sous-région. Plus de 250 kg d’écaille de pangolin y ont été saisis en 2023, entraînant l’arrestation de neuf trafiquants. Les recherches estiment que chaque année jusqu’à 2,7 millions de pangolins sont tués en Afrique centrale, ce commerce représentant des milliards de francs CFA. Éléphants et stratégie verte Dans le Parc national de Bouba Ndjida, des milices lourdement armées de pays voisins (Tchad, Soudan) ciblent régulièrement les éléphants pour l’ivoire. Depuis une attaque massive en 2012, le Cameroun a adopté une stratégie dite de « militarisation verte » : 600 soldats, 60 véhicules de combat et un escadron aérien sont déployés chaque année, notamment entre décembre et mai, pour sécuriser les populations d’éléphants. Enjeux institutionnels et légaux Malgré quelques succès – une baisse apparente du commerce visible -, lalégislation reste lacunaire : peine trop faible, manque d’enquêtes centralisées, tolérance du marché d’ivoire domestique sous permis gouvernemental. En réponse, une nouvelle loi forestière et faunique, adoptée en juillet 2024, introduit des sanctions renforcées (amendes de 20‑50 millions de FCFA, peines de prison jusqu’à 20 ans) et reconnaît la gestion communautaire des ressources naturelles. Coopération et crise en Afrique centrale Le Cameroun a conclu un accord historique avec le Nigeria en avril 2024 pour partager renseignements et renforcer les actions transfrontalières contre le trafic d’ivoire et de pangolins. Ce partenariat renforce la surveillance sur un corridor de plus de 2 000 km entre les deux pays, terrains communs à plusieurs espèces menacées (gorilles, chimpanzés, éléphants). La forêt du Bassin du Congo, partagée entre plusieurs pays (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, RDC, Guinée équatoriale), est devenue le centre d’un trafic massif de pangolin. Selon ENACT et C4ADS, entre 2013 et 2023, plus de 26 tonnes d’écailles, soit environ 66 000 pangolins interceptés, proviennent d’Afrique centrale. Noël Ndong

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France : Rachida Dati reste au gouvernement malgré son renvoi en justice

La ministre de la Culture, mise en cause dans l’affaire Ghosn, dénonce une instrumentalisation politique et affirme ne rien lâcher. Une affaire sensible pour l’exécutif à moins d’un an de la présidentielle. La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a confirmé qu’elle restait en poste, malgré son renvoi devant le tribunal correctionnel pour corruption passive et recel d’abus de pouvoir. « Je ne renoncerai à rien », a-t-elle martelé sur LCI, dénonçant un procès « politique » et une procédure entachée « d’incidents ». En cause : des prestations de conseil rémunérées entre 2010 et 2012 par le groupe Renault-Nissan, dirigé alors par Carlos Ghosn, alors qu’elle était avocate et députée européenne. Le parquet soupçonne un conflit d’intérêts et l’usage de son influence pour favoriser l’entreprise dans ses rapports avec les institutions européennes. Une ligne de défense offensive Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy, rejette toute malversation. Elle conteste la légitimité de la procédure et l’impartialité de certains magistrats. Son ton combatif vise à maintenir une posture d’intégrité : « Ils essaient de me mettre un genou à terre, mais je ne vais pas mettre le deuxième », a-t-elle lancé, comme pour conjurer la chute politique. Une affaire à hauts risques politiques Du côté de l’Élysée, la réaction se veut mesurée : le président Macron a « pris note » du renvoi, rappelant qu’aucune condamnation n’a été prononcée. Rachida Dati continue donc d’exercer ses fonctions, avec le soutien de plusieurs membres du gouvernement, dont son collègue l’actuel Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, qui a salué une « grande femme politique » et réaffirmé la présomption d’innocence. Cette affaire intervient dans un contexte politique tendu, à moins d’un an de l’élection présidentielle, où les questions de probité et de justice sont scrutées de près. Rachida Dati, personnalité populaire à droite, reste perçue comme une pièce stratégique au sein du gouvernement, notamment sur le terrain de la reconquête électorale à Paris. Noël Ndong

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