juillet 2025

Sénégal : la France tourne la page militaire, mais redessine son influence

Le 18 juillet 2025, la France restituera sa dernière base militaire au Sénégal, mettant fin à plus de 60 ans de présence ininterrompue. Ce retrait s’inscrit dans une stratégie de transformation des relations franco-africaines, marquée par un changement de méthode, non de positionnement. Un retrait historique, mais structuré La base militaire de Ouakam, dernier bastion français au Sénégal, sera officiellement remise aux autorités sénégalaises le 18 juillet. L’annonce a été faite par l’ambassadrice de France à Dakar, Christine Fages, lors de la réception du 14 juillet. « Conformément aux orientations présidentielles, la France va restituer au Sénégal les emprises militaires des EFS dans quatre jours », a-t-elle déclaré. Cette opération s’inscrit dans un retrait progressif amorcé depuis mars 2025, incluant les sites de Rufisque, Maréchal, Saint-Exupéry et Contre-Amiral Protet, sous la supervision de la commission conjointe franco-sénégalaise. Elle met un terme à une présence militaire remontant à l’indépendance du Sénégal en 1960. D’un dispositif militaire à un partenariat stratégique Ce retrait n’est pas un désengagement, mais une reconfiguration. « Notre relation est désormais franche, équilibrée et assumée », a souligné Christine Fages. L’objectif est de dépasser le modèle post-colonial pour construire une coopération axée sur la formation, l’interopérabilité et la montée en compétence des forces locales. Le Sénégal, pôle de stabilité démocratique dans une région marquée par l’instabilité et le rejet de la France (Mali, Niger, Burkina Faso), devient un partenaire clé de ce nouveau paradigme. Noël Ndong

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le Diy-Gid-Biy , déclaré patrimoine mondial de l'Unesco

Cameroun : le Diy-Gid-Biy rejoint le patrimoine mondial, une victoire culturelle aux retombées géostratégiques

« L’Afrique a longtemps été oubliée du patrimoine mondial. Il est temps d’y rééquilibrer l’histoire », déclare le Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Pour le directeur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, Lazare Eloundou Assomo,  « ce classement est un acte de reconnaissance mais aussi un appel à protéger ces héritages menacés ». À l’occasion de sa 47ᵉ session élargie, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a inscrit, le 11 juillet, le paysage culturel de Diy-Gid-Biy, dans les Monts Mandara (Nord Cameroun), sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial. Cette distinction offre au Cameroun une arme de diplomatie culturelle, dans une région sous pression sécuritaire. « Le Cameroun tient là un joyau archéologique et diplomatique », déclare Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur à l’IRIS. Une mémoire ancrée, un message universel Le site, vieux de 500 à 800 ans, couvre 2 500 hectares de vestiges agricoles et religieux. Il illustre l’adaptation de sociétés montagnardes à un environnement rude, par la construction de terrasses, de fortifications en pierre sèche et de lieux de culte ancestraux. « Diy-Gid-Biy incarne l’ingéniosité sociale de peuples souvent marginalisés dans les récits nationaux. Ce classement est une réhabilitation historique», souligne Pr. Baba Wamé, anthropologue camerounais. Une réponse culturelle à l’instabilité Inscrit dans une zone frontalière touchée par Boko Haram, le site devient un levier de stabilisation identitaire. « La culture est un facteur de résilience. Valoriser le patrimoine, c’est renforcer les ancrages face à l’extrémisme », indique Mahamat Saleh Annadif, ancien représentant de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest. « La jeunesse locale ne protégera que ce qu’elle connaît et valorise. C’est un pari sur la paix à long terme », note le Coordonnateur de la Fondation Cameroun Mémoire. Un potentiel économique et diplomatique « L’inscription de Diy-Gid-Biy montre que le Cameroun peut exister autrement que par les tensions politiques », déclare un diplomate français à l’UNESCO. « Ce site peut devenir un symbole de diplomatie culturelle régionale si Yaoundé s’en donne les moyens », rappelle un  Analyste à l’ISS (Institute for Security Studies). Un signal continental, des défis durables Avec moins de 10 % des sites mondiaux classés situés en Afrique, mais près de 25 % en danger, l’inscription du Diy-Gid-Biy et du Mont Mulanje (Malawi) agit comme un rappel de l’urgence de préservation. « Les sites africains sont les plus vulnérables : conflits, extraction illégale, oubli institutionnel. Le défi commence après le classement », confie Aissata Tall Sall, ancienne ministre sénégalaise de la Culture. Patrimoine mondial, enjeu national Derrière ce classement symbolique, se joue une stratégie d’influence. Le Cameroun, au carrefour du politique, du sécuritaire et du culturel, peut transformer ce label en moteur de réconciliation territoriale, d’ouverture diplomatique et d’investissement durable. À condition de le protéger avec rigueur. Noël Ndong

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France-Guinée équatoriale : Duel Juridique à La Haye pour un Hôtel Particulier

Le mardi 15 juillet, la France et la Guinée équatoriale se sont retrouvés devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, marquant un tournant significatif dans la bataille juridique entourant un hôtel particulier parisien, estimé à plus de 100 millions d’euros.  La Guinée équatoriale a sollicité des ordonnances d’urgence, affirmant avoir été spoliée de son bien immobilier par les autorités françaises. Cette confrontation est le résultat d’une condamnation pénale du vice-président équatoguinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, communément appelé Teodorin. En 2021, ce dernier avait été condamné à trois ans de prison avec sursis et à une amende de 30 millions d’euros pour corruption, ce qui a conduit à la saisie de l’immeuble par la France au titre d’une loi sur la lutte contre les biens mal acquis. « La France a agi légalement en vertu de la loi pour combattre la corruption« , déclarent certains observateurs occidentaux,. Cependant, la Guinée équatoriale voit cette saisie comme une ingérence dans ses affaires internes. « Nous exigeons un accès immédiat et complet à notre propriété« , a clamé un porte-parole du gouvernement équatoguinéen. Un Bien immobilier au coeur de la diplomatie La question de la nature juridique de l’immeuble fait également surface. Malabo soutient qu’il s’agit d’une ambassade, violant ainsi la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. En revanche, Paris maintient que cet immeuble n’est qu’une résidence privée, une position qui avait déjà été validée par la CIJ en 2016. La décision de la CIJ, attendue, pourrait influencer la dynamique des relations franco-équato-guinéennes. Non seulement elle pourrait déterminer l’avenir de la propriété de l’avenue Foch, mais elle pourrait également avoir des implications plus larges sur les droits diplomatiques à l’échelle internationale. Impact politique et économique Ce cas soulève des questions plus larges sur la gouvernance des ressources naturelles en Afrique. Alors que la Guinée équatoriale s’efforce de se défaire de son image occidentale de régime corrompu, cette bataille juridique revêt une dimension stratégique. Le pays, riche en pétrole, cherche à attirer des investissements étrangers tout en consolidant son image sur la scène mondiale. Cette affaire met également en lumière les défis auxquels sont confrontés les États en matière de justice internationale et d’application des décisions, illustrant la nécessité d’un engagement plus fort à l’échelle mondiale pour faire appliquer la gouvernance et protéger les droits de l’homme. Les décisions de la CIJ, bien qu’elles soient contraignantes, dépendent souvent de la volonté des États à les mettre en œuvre. Le verdict de la CIJ pourrait redéfinir non seulement les relations entre la France et la Guinée équatoriale, mais aussi influencer la manière dont la communauté internationale aborde la gouvernance et la responsabilité des dirigeants dans la gestion de leurs pays. Noël Ndong

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Cameroun : Emmanuel Kundé s’en est allé, un héritage stratégique pour l’Afrique

Disparu le 16 mai 2025 à l’âge de 69 ans, Emmanuel Kundé ne fut pas seulement un grand footballeur. Emmanuel Kundé fut un acteur-clé du rayonnement du Cameroun, de l’Afrique et d’un soft power sportif qui a su conjuguer talent, discipline et fierté nationale. Le 12 juillet 2025, Kakak, – près de Ndom, dans le département de la Sanaga maritime – a accueilli les obsèques d’une légende. Emmanuel Kundé, – qui signifie l’indépendance – deux fois champion d’Afrique (1984, 1988), héros du mondial 1990, s’est éteint à Yaoundé le 16 mai. « Il incarnait l’âme d’un football africain conquérant, digne et discipliné », confie Michel Kaham, son ancien coéquipier. Présents aux funérailles : Roger Milla, Samuel Eto’o, figures d’une même dynastie de football patriote. Né en 1956, formé au Canon de Yaoundé, Emmanuel Kundé, s’impose dès les années 1970 comme défenseur central au style sobre mais décisif. Il incarne une Afrique montante sur la scène sportive mondiale. Son penalty contre l’Angleterre en quart de finale du Mondial 1990 en Italie – devant 70 000 spectateurs et des milliards de téléspectateurs – est entré dans l’histoire. Pour la première fois, une équipe africaine atteignait ce stade de la compétition. Ce geste n’était pas seulement sportif : il était géopolitique. Un symbole du soft power camerounais Dans les années 1980-90, alors que l’Afrique peine à exister politiquement sur la scène internationale, des figures comme Kundé Emmanuel, offrent une autre image du continent : celle de la performance, du mérite, de la maîtrise. Le football devient une vitrine diplomatique. L’impact d’un Kundé dans l’imaginaire collectif est comparable à celui d’un Mandela dans le rugby : unificateur, respecté au-delà des frontières. Un héritage pour la jeunesse et l’économie du sport Après sa carrière, Emmanuel Kundé entraîne, transmet, structure. À une époque où l’intelligence économique passe aussi par l’exportation des talents et le rayonnement des ligues nationales, sa trajectoire inspire une politique sportive plus structurée. Le Cameroun, aujourd’hui exportateur de joueurs et organisateur de compétitions, lui doit une part de cette crédibilité. Emmanuel Kundé fut plus qu’un défenseur : un diplomate du terrain, un bâtisseur de respect, un ambassadeur d’un Cameroun qui voulait exister par le mérite. Sa disparition referme une époque, mais son influence, elle, continue d’irriguer les enjeux politiques, culturels et économiques du sport africain contemporain. Noël Ndong

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Cameroun : Paul Biya candidat pour un 8e mandat,  continuité stratégique dans un contexte régional instable

Entre stabilité institutionnelle, vision régalienne et appuis internationaux discrets, Yaoundé joue la carte de l’expérience. À 92 ans, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a confirmé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Une décision qui, selon ses partisans et une frange de la communauté internationale, incarne la continuité politique et la stabilité institutionnelle dans un environnement régional fragilisé par des coups d’État, des insurrections djihadistes et des crises de gouvernance. « Mon devoir est de préserver l’unité, la paix et les acquis de la République », a déclaré le chef de l’État dans une allocution sobre, diffusée depuis le palais d’Etoudi. Un choix de stabilité dans un environnement à haut risque Le Cameroun, frontalier du Tchad, de la République centrafricaine et du Nigeria, reste un pilier stratégique en Afrique centrale, en particulier dans la lutte contre Boko Haram, les réseaux criminels transfrontaliers et les mouvements séparatistes. Face à l’instabilité rampante dans la sous-région, Paul Biya se positionne comme le garant d’un État fort, diplomatiquement aligné et militairement structuré. « La continuité à Yaoundé est essentielle pour préserver l’équilibre régional », confie un diplomate européen sous couvert d’anonymat. La position mesurée des partenaires internationaux La France n’a pas officiellement commenté la candidature, mais Paris entretient des relations « pragmatiques » avec Yaoundé, saluant « la stabilité d’un partenaire clé ». Le Quai d’Orsay rappelle « la nécessité d’un processus électoral transparent et pacifique ». L’Union européenne, qui finance des programmes de gouvernance et de décentralisation, prône la « participation inclusive » et se dit attentive à l’environnement pré-électoral, tout en reconnaissant l’importance du rôle du Cameroun dans la lutte antiterroriste régionale. Quant aux États-Unis, s’ils restent critiques sur la situation des droits humains, ils soulignent l’intérêt stratégique du Cameroun dans la région du Golfe de Guinée. Le Département d’État plaide pour « un climat électoral libre et sécurisé », sans remettre en cause la légitimité de la candidature de Paul Biya. Gouvernance et trajectoire économique sous contrôle Avec une croissance attendue à 3,7 % en 2025 (Banque mondiale), des projets énergétiques majeurs en cours (GNL, barrages), et une monnaie arrimée à l’euro via la BEAC, le Cameroun reste économiquement résilient malgré les défis. Sous Biya, le pays a entamé une politique de décentralisation progressive et renforcé sa coopération militaire avec la France, l’Allemagne, Israël et les États-Unis. « Ce pays tient debout grâce à une diplomatie constante et un leadership calme, dans un monde agité », résume un analyste de l’International Crisis Group. Un enjeu de souveraineté maîtrisée Pour les partisans de Paul Biya, sa nouvelle candidature s’inscrit dans une vision de stabilité maîtrisée, refusant les transitions forcées ou les bouleversements institutionnels brusques. La candidature de Paul Biya n’est pas qu’un enjeu national, c’est un signal adressé à une région et à une communauté internationale en quête de points d’ancrage. Face aux incertitudes africaines, Yaoundé mise sur la stabilité, l’expérience et le contrôle des équilibres internes. Une stratégie qui, pour ses soutiens, a permis au Cameroun d’éviter les effondrements observés ailleurs. Chiffres clés : Noël Ndong 

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France-Afrique : la fin d’une tutelle, l’heure d’un partenariat adulte ?

Entre désillusions postcoloniales et espoirs de refondation, Paris est sommé de redéfinir sa place dans une Afrique plurielle, stratégique et souveraine. Alors que la France retire ses dernières bases militaires au Sahel et au Sénégal, la relation franco-africaine traverse une crise de légitimité inédite. Trois siècles d’histoire, faits de domination, d’alliances, de mémoire partagée, semblent aujourd’hui peser plus qu’ils ne rapprochent. « Ce n’est pas la présence de la France que nous rejetons, c’est son incapacité à nous voir comme égaux », confie un diplomate. D’un lien historique à une perte d’influence accélérée Avec plus de 4 500 soldats déployés dans le Sahel en 2020, la France a longtemps été perçue comme le garant sécuritaire de la région. Mais depuis 2021, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Centrafrique ont rompu avec Paris, l’accusant d’ingérence politique et d’échec sécuritaire. Les critiques, alimentées par des campagnes russes et un ressentiment endogène, traduisent une jeunesse africaine en quête de souveraineté. « La France est confrontée à une génération qui n’a pas connu la colonisation, mais qui en subit les séquelles symboliques », analyse un chercheur de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Coopération ou dépendance ? La France reste le 2e investisseur en Afrique subsaharienne, après la Chine, et consacre près d’un tiers de son aide publique au continent. Pourtant, cette aide est de plus en plus perçue comme asymétrique. Un étudiant étranger sur trois en France est africain, mais la coopération éducative reste marquée par une logique descendante. Vers une refondation crédible ? Le chef d’Etat français, Emmanuel Macron a promis une « nouvelle relation » fondée sur la transparence, la co-construction et le respect des souverainetés africaines. Mais la Françafrique continue de hanter les esprits, et l’heure n’est plus aux symboles mais aux actes. « Il faut que la France accepte d’être un partenaire parmi d’autres, dans un continent désormais multipolaire », estime une analyste africaine à l’UA. Noël Ndong

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Sanaga-Maritime : Édéa au carrefour des promesses industrielles et des fractures sociales

Située au cœur d’un axe stratégique entre Douala et Yaoundé, la ville d’Édéa cristallise les espoirs de développement industriel du Cameroun, mais fait face à des défis criants en matière d’inclusion sociale, d’infrastructures et de gouvernance. À 60 kilomètres de Douala, Édéa, chef-lieu du département de la Sanaga-Maritime, s’impose comme un pôle industriel historique au Cameroun. Dotée d’une centrale hydroélectrique majeure sur la Sanaga, d’une usine d’aluminium exploitée par Alucam, d’infrastructures portuaires en développement, et d’un réseau ferroviaire stratégique, la ville possède un potentiel économique considérable. Pourtant, sur le terrain, les promesses de développement se heurtent à des inégalités structurelles et à une gouvernance locale fragile. Un territoire riche en atouts… mal exploités Le département est traversé par des corridors logistiques cruciaux reliant les capitales économiques et politiques du pays. Il dispose aussi d’une biodiversité importante, d’un potentiel agricole sous-exploité (hévéa, palmier à huile, manioc, cacao) et d’un patrimoine touristique naturel et historique méconnu. La présence d’industries lourdes et de grandes entreprises agro-industrielles comme SOCAPALM ou Hevecam devrait logiquement tirer l’économie locale vers le haut. Mais la réalité est plus contrastée : chômage des jeunes, faible industrialisation en aval, pollution environnementale, expropriations foncières mal encadrées. « Le développement ne profite qu’à une minorité, et les populations locales peinent à en voir les retombées concrètes », explique un cadre local de la société civile, sous couvert d’anonymat. Déficit d’infrastructures et urbanisation anarchique La ville d’Édéa souffre d’un déficit chronique d’infrastructures de base : routes secondaires en mauvais état, accès limité à l’eau potable dans les zones rurales, services de santé saturés, équipements scolaires insuffisants. L’urbanisation progresse sans plan directeur clair, posant des risques en termes de sécurité, d’environnement et de cohésion sociale. La croissance démographique rapide, couplée à un exode rural mal maîtrisé, accentue les tensions foncières. De nombreux jeunes, sans emploi ni formation adéquate, se retrouvent marginalisés, ce qui nourrit des frustrations susceptibles d’alimenter l’instabilité sociale. Enjeux géopolitiques et de souveraineté économique Sur le plan stratégique, la Sanaga-Maritime joue un rôle pivot dans la stratégie énergétique nationale. La rivière Sanaga alimente plusieurs barrages majeurs, et des projets hydroélectriques supplémentaires sont en cours d’étude. « Celui qui contrôle l’énergie contrôle le développement », observe un analyste camerounais en intelligence économique. Cependant, la dépendance à des multinationales étrangères pour l’exploitation des ressources critiques (bauxite, aluminium, agro-industries) interroge la souveraineté économique locale. Le tissu industriel local reste embryonnaire, faute de politiques d’incitation à la transformation locale ou à la montée en gamme des chaînes de valeur. Quelles perspectives ? Pour que la Sanaga-Maritime devienne un vrai moteur du développement inclusif, plusieurs leviers sont nécessaires : • Un plan d’aménagement du territoire clair, intégrant les dimensions économique, sociale et écologique ; • Un dialogue transparent entre les industriels, les pouvoirs publics et les communautés locales, notamment sur les questions foncières ; • Un investissement accru dans la formation professionnelle, l’agro-industrie locale et l’économie circulaire ; • Une gouvernance locale renforcée, capable de planifier et de surveiller l’impact des investissements. À Édéa, le développement est en marche, mais il avance sur une ligne de crête. Entre opportunités industrielles majeures et inégalités persistantes, l’avenir du département dépendra de sa capacité à concilier modernisation économique, inclusion sociale et gestion responsable des ressources. La Sanaga-Maritime a les cartes en main – reste à savoir si les acteurs en présence sauront jouer une partie gagnante pour la population. Noël Ndong

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