13 août 2025

Cameroun : 154 établissements scolaires privés fermés, le MINESEC déclenche une onde de choc à la veille de la rentrée

À quelques semaines de la rentrée 2025/2026, le Ministère des Enseignements Secondaires (MINESEC) a ordonné la fermeture de 154 établissements privés à travers le pays. Une décision inédite, prise par arrêté ministériel le 29 juillet 2025, qui bouleverse profondément le paysage éducatif camerounais. Selon le communiqué officiel du MINESEC, ces fermetures concernent des structures en infraction avec les formalités légales de création, d’ouverture ou d’extension. Le ministère évoque des « carences ou violations » compromettant la conformité de ces établissements, tant sur le plan administratif que pédagogique. Un assainissement urgent, mais brutal Cette mesure d’assainissement du secteur éducatif privé intervient dans un contexte de prolifération d’écoles non homologuées. Le chiffre – 154 établissements – témoigne d’un dysfonctionnement structurel. « Il ne s’agit pas d’une simple régulation, mais d’une crise révélée par un laisser-faire institutionnel prolongé », analyse un inspecteur régional du MINESEC sous couvert d’anonymat. Les écoles concernées sont réparties sur l’ensemble du territoire national, affectant potentiellement des milliers d’élèves qui se retrouvent sans établissement à la veille de la rentrée. Un parent à Douala confie : « Mon fils est inscrit depuis deux ans dans une école maintenant déclarée illégale. Personne ne nous avait alertés auparavant ». Vigilance accrue et recours à l’administration Face à l’urgence, le ministre a lancé un appel à la vigilance à toute la communauté éducative, exhortant les familles à se tourner uniquement vers les structures agréées. Le site officiel du ministère (www.minesec.gov.cm) publie désormais la liste des écoles autorisées. « Les parents doivent vérifier systématiquement le statut des établissements avant toute inscription », insiste un responsable du MINESEC à Yaoundé. Les services déconcentrés du ministère ont été mobilisés pour accompagner les familles dans cette phase de réorientation. Vers une réforme du contrôle éducatif privé ? Au-delà de l’urgence, cette affaire soulève une question de fond : comment ces établissements ont-ils pu opérer en toute illégalité ? Ce scandale met en lumière les limites du système d’autorisation préalable, souvent trop lent ou peu suivi. Le MINESEC promet de renforcer les contrôles à l’avenir. Reste à savoir si cette secousse provoquera une réforme durable ou s’il s’agira d’un énième coup d’éclat sans effet profond. Pour l’instant, des milliers d’élèves et de familles camerounaises sont plongés dans l’incertitude à quelques semaines de la reprise des cours.

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Cameroun : 18 arrestations à Douala, la CONAC frappe fort contre la corruption

Une opération coup de poing révèle l’ampleur des fraudes dans la région du Littoral et marque un tournant dans la lutte anti-corruption. La Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) a procédé à 18 arrestations à la suite d’une campagne anti-corruption d’une semaine dans la région du Littoral, selon le président de l’institution, Dr. Dieudonné Massi Gams. Cette opération baptisée « Special Crusade » s’est achevée à Douala avec des résultats qualifiés de spectaculaires, révélant une corruption généralisée dans divers secteurs. Parmi les domaines visés figurent l’extorsion, les fraudes administratives, les détournements de fonds publics, ainsi que des abus de fonction par des agents municipaux. Les plaintes traitées ont notamment mis en lumière des pratiques illégales chez des conducteurs de moto-taxis, commerçants, mais aussi dans l’administration foncière, où des ventes illicites de terrains et des titres fonciers frauduleux ont été recensés. Sur les 80 dénonciations reçues, 61 concernaient des cas déjà existants dans la région, tandis que 19 nouveaux signalements ont été enregistrés. L’opération a également mis en évidence l’efficacité de canaux numériques comme WhatsApp, utilisés pour recueillir les plaintes de manière discrète, favorisant ainsi la participation citoyenne. Pour Dr. Massi Gams, ces arrestations ne constituent qu’une étape : « La commission ne se reposera pas tant que ce fléau social ne sera pas éradiqué », a-t-il affirmé. Il a aussi réitéré l’engagement de la CONAC à intensifier ce type d’opérations sur l’ensemble du territoire national. Cette action de terrain relance le débat sur l’impact réel des campagnes anti-corruption au Cameroun, où les efforts institutionnels se heurtent encore à une corruption enracinée dans les pratiques quotidiennes. Reste à savoir si cette croisade marquera un tournant durable.

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Afrique : 155 000 morts en dix ans, l’insécurité islamiste s’étend et se transforme

La violence attribuée aux groupes islamistes militants atteint des sommets en Afrique, entre expansion territoriale, gains technologiques et fragilité accrue des États. .En une décennie, 155 000 morts ont été attribuées aux violences islamistes militantes sur le continent africain. En 2025, cette menace a atteint un nouveau pic de létalité avec 22 307 décès, en hausse de 60 % par rapport à la période 2020–2022. Trois régions concentrent 99 % des morts : le Sahel, la Somalie et le bassin du lac Tchad. Cette étude est l’œuvre duCentre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA). Sahel : un effondrement sécuritaire Avec près de 10 700 morts cette année, le Sahel reste l’épicentre de la crise. Le Burkina Faso concentre 55 % de ces décès, suivi du Mali, où 81 % des 17 700 morts recensées depuis 2010 ont eu lieu après le coup d’État de 2020. La perte de contrôle territorial est massive : seulement 40 % du territoire burkinabè est sous contrôle gouvernemental, et environ 950 000 km² sont hors d’accès à l’autorité étatique dans la région, soit l’équivalent de la Tanzanie. Deux groupes dominent : le JNIM, affilié à al-Qaïda, et l’EIGS, lié à Daech. Le JNIM, actif au Mali et au Burkina Faso, contrôle de vastes zones et emploie de nouveaux moyens technologiques comme les drones et les engins explosifs improvisés, rendant la menace plus sophistiquée. Fait marquant : les forces maliennes et leurs alliés russes de Wagner/Africa Corps ont tué plus de civils (6 058) que les groupes djihadistes eux-mêmes (5 708) depuis 2021. Cette répression nourrit le discours de légitimation des groupes comme le JNIM, qui se présentent comme « protecteurs » des populations peules visées. Somalie : l’insurrection se mondialise En Somalie, 7 289 morts sont à déplorer en 2025. Al Shabaab, lié à al-Qaïda, reste la force dominante avec jusqu’à 200 M$ de revenus annuels. L’organisation bénéficie désormais du soutien opérationnel des Houthis du Yémen, ce qui lui a permis d’améliorer ses capacités de frappe, y compris avec des missiles balistiques et des drones. La montée en puissance de l’État islamique en Somalie (ISS) inquiète également. Cette branche locale, désormais dotée de 1 000 combattants, agit comme centre financier et logistique pour Daech au niveau global, selon l’ONU. Pour la première fois, ses opérations ont causé 1 065 morts cette année. Bassin du lac Tchad : résurgence tactique Le bassin du lac Tchad, où sévissent Boko Haram et l’ISWA, enregistre 3 982 morts, soit une hausse de 7 %. L’ISWA, de plus en plus structuré, a pris d’assaut 15 bases militaires au Nigeria cette année, utilisant vision nocturne et drones armés. Le pays a vu une augmentation de 18 % des morts, principalement dans l’État de Borno. La violence s’étend à de nouveaux territoires. Deux groupes, Lakurawa et Mahmuda, opèrent dans le nord-ouest du Nigeria, zone auparavant dominée par les « bandits ». Leurs liens avec des groupes sahéliens comme l’EIGS inquiètent les autorités. Zones secondaires : signaux faibles à surveiller Une menace en recomposition L’évolution géographique et technologique des groupes islamistes militants en Afrique souligne leur résilience et leur capacité d’adaptation. Leurs financements, leurs alliances (notamment transcontinentales), et leur ancrage territorial menacent désormais la souveraineté effective de plusieurs États, notamment au Sahel. Implications stratégiques : « Ce n’est pas uniquement un enjeu africain. La militarisation asymétrique des groupes islamistes militants menace aujourd’hui la stabilité de toute la bande sahélo-saharienne et les corridors maritimes mondiaux », explique un analyste du Centre d’études stratégiques de l’Afrique. Deux Chiffres à retenir : 155 000 morts en 10 ans imputables aux groupes islamistes militants en Afrique.22 307 morts en 2025, un record absolu.

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Afrique centrale : entre recul démocratique et éveil citoyen

Alors que les institutions démocratiques s’effritent, l’Afrique centrale voit émerger une nouvelle forme de citoyenneté active, portée par une jeunesse connectée et une société civile inventive. Le rapport Afrobaromètre 2025 met en lumière ce paradoxe africain dans une région particulièrement marquée par l’instabilité politique. Paradoxalement, 72 % des électeurs africains ont participé aux dernières élections nationales, selon l’enquête Afrobaromètre 2025, malgré un climat de défiance envers les institutions et une multiplication des dérives autoritaires. En Afrique centrale, cette situation est encore plus contrastée : les élections continuent, mais le cadre démocratique s’effondre. Des institutions affaiblies, une méfiance grandissante Dans des pays comme le Cameroun, le Congo ou la Guinée équatoriale, la longévité des régimes en place, souvent soutenue par des réformes constitutionnelles controversées, alimente la défiance. Afrobaromètre montre que la confiance envers les partis au pouvoir a chuté de 15 points en moyenne depuis 2011, tandis que celle envers les partis d’opposition a aussi reculé de 7 points. Au Tchad, les transitions militaires successives et les promesses de retour à l’ordre constitutionnel non tenues illustrent la fragilité des institutions. Résultat : le taux de participation formelle à des partis politiques est en baisse, à l’image du Burkina Faso (hors zone Afrique centrale mais comparable), où cet indicateur a chuté de 45 points en 12 ans. Une citoyenneté vivante, hors des cadres officiels Ce déclin institutionnel n’a pas tué l’engagement citoyen. 94 % des Africains, selon le rapport, participent à la vie politique sous d’autres formes. En Afrique centrale, cela se traduit par : « Les citoyens ne croient plus au vote comme levier de changement, mais ils croient encore en leur pouvoir d’agir, note une sociologue de l’Université de Kinshasa ». Liberté d’expression : une perception qui surprend Fait surprenant, 69 % des personnes interrogées se disent libres d’exprimer leurs opinions, même dans des pays où les journalistes et militants sont régulièrement muselés. Cette résilience traduit un changement culturel : les citoyens ne passent plus uniquement par les canaux classiques, mais par des espaces alternatifs, informels, souvent numériques ou communautaires. Un défi pour les partenaires internationaux Dans une région où l’influence occidentale recule au profit d’acteurs comme la Russie, la Chine ou la Turquie, la transformation des formes de participation politique impose une nouvelle approche de la gouvernance. « Il ne suffit plus d’organiser des élections encadrées. Il faut investir dans l’éducation civique, les médias indépendants, les lieux de débat, insiste un diplomate européen à Libreville ». Canaliser l’énergie citoyenne, un enjeu central L’Afrique centrale incarne à elle seule ce paradoxe du continent africain : une démocratie institutionnelle en crise, mais une société en quête de participation, de reconnaissance et de justice. Pour éviter que cette énergie ne se transforme en frustration, voire en violence, les États comme les partenaires internationaux doivent repenser en profondeur leurs méthodes d’appui à la gouvernance. La démocratie ne se mesure plus uniquement aux urnes, mais aussi dans la rue, sur les réseaux et dans les imaginaires citoyens. L’Afrique centrale, souvent caricaturée pour ses régimes autoritaires, pourrait bien être aussi le théâtre d’une réinvention silencieuse mais puissante de la citoyenneté.

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