17 août 2025

Etoudi – 12 octobre 2025 (Cameroun) : ELECAM engage les candidats dans le processus de supervision

À deux mois de l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025, Elections Cameroon (ELECAM) poursuit la mise en place progressive de son dispositif électoral. Dans un communiqué publié ce week-end, l’organe en charge de l’organisation des scrutins invite les douze candidats définitivement retenus à désigner leurs représentants au sein des commissions départementales de supervision. Ces structures, présentes dans les chefs-lieux de département, jouent un rôle central dans le suivi du processus électoral au niveau local. Leur mission est d’assurer la régularité des opérations électorales, en permettant une surveillance multipartite – un levier de transparence souvent revendiqué par les formations politiques et la société civile. « Les candidats ou leurs mandataires sont invités à se rapprocher des services régionaux ou départementaux d’ELECAM pour déposer les noms de leurs représentants », indique le communiqué. Un processus institutionnel dans un contexte de prudence Si cette étape s’inscrit dans la continuité du calendrier électoral, elle intervient dans un climat politique empreint de réserves, notamment du côté des partis d’opposition. Ces derniers, bien que légalement intégrés au processus, continuent d’exprimer des doutes sur les garanties offertes par le cadre électoral actuel. Des déclarations récentes d’acteurs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, critiquant l’attitude de certaines formations comme le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ont suscité des réactions. L’un des cadres du parti majoritaire, Essomba Bengono, a affirmé que « le MRC ne prépare pas les élections, mais une contestation », une sortie perçue comme polémique par plusieurs observateurs. Ces tensions verbales témoignent d’un environnement politique toujours polarisé, où la suspicion envers l’organe électoral persiste, malgré le respect formel des échéances. Une liste de candidats validée sans surprise Sur les 13 dossiers initialement acceptés par ELECAM, un seul, celui de Hilaire Macaire Dzipan, a été écarté à l’issue du contentieux électoral devant le Conseil constitutionnel. La demande de réintégration formulée par Christine Moullende (Mouvement Progressiste) n’a pas été retenue. Au final, douze candidats participeront à la course, dont le président sortant Paul Biya. Il se retrouve face à onze concurrents, issus de formations diverses, avec des profils et programmes contrastés. Si la pluralité des candidatures est saluée dans certains cercles, la réalité de la compétition politique continue de faire débat, dans un système jugé par plusieurs analystes comme marqué par une forte concentration du pouvoir exécutif. Vers un scrutin sous observation La mise en place des commissions de supervision marque un jalon important dans la préparation du scrutin. Toutefois, la confiance dans le processus reste partielle, tant pour une partie de l’opinion publique que pour les partenaires internationaux. Plusieurs points sensibles, comme la composition perçue comme déséquilibrée d’ELECAM, ou le mode de publication des résultats, reviennent régulièrement dans les critiques adressées au cadre électoral camerounais. En 2018, des contestations avaient émergé autour de l’issue du scrutin, alimentées par une absence perçue de transparence dans le dépouillement et l’annonce des résultats. Une élection à forts enjeux, mais à l’issue incertaine Dans les prochaines semaines, les regards se porteront sur la campagne électorale, l’équité d’accès aux médias publics, et la capacité des institutions à garantir un traitement impartial des candidats. Si le respect des étapes techniques du calendrier électoral est globalement observé, la légitimité du scrutin dépendra aussi de la perception de son intégrité. À l’heure où le Cameroun est confronté à de nombreux défis – économiques, sécuritaires et sociaux -, cette élection présidentielle représente un test important pour ses institutions. Plus encore qu’un simple exercice démocratique, elle interroge sur la capacité du système politique à évoluer dans un cadre pacifique, pluraliste et inclusif.

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Cameroun – Extrême-Nord : enlèvement de onze civils sur l’axe Kousseri-Maroua, Boko Haram de nouveau en cause

Une attaque armée survenue mercredi matin dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun a conduit à l’enlèvement de onze personnes, ont confirmé les autorités locales jeudi. L’incident a eu lieu sur un axe routier stratégique reliant Kousseri à Maroua, à proximité de la frontière avec le Nigeria. Le bus de transport public, circulant sur la route nationale n°1, a été intercepté par un groupe d’hommes armés, vraisemblablement membres de Boko Haram, selon les premières analyses sécuritaires. Les assaillants ont contraint les passagers à descendre, ont relâché les femmes et le chauffeur, et ont emmené onze hommes adultes vers une destination inconnue. Aucune revendication n’a encore été formulée, mais l’attaque porte la signature classique du groupe jihadiste, actif dans la région depuis plus d’une décennie. Ce mode opératoire – embuscade sur axe routier, sélection des otages, retrait rapide – est typique des stratégies de harcèlement et d’enlèvement utilisées pour alimenter les réseaux de rançon, d’endoctrinement ou de recrutement forcé. Une zone sous haute tension depuis plus de dix ans L’Extrême-Nord camerounais, et en particulier les zones de Logone-et-Chari et du Mayo-Sava, constitue depuis 2013 l’un des points névralgiques de la guerre asymétrique que mène Boko Haram contre les États riverains du bassin du lac Tchad. Le Cameroun y a déployé d’importants moyens militaires, notamment via le BIR (Bataillon d’intervention rapide) et les comités de vigilance locaux, appuyés par la Force multinationale mixte (FMM), en coordination avec le Tchad, le Nigeria et le Niger. Malgré ces efforts, le groupe jihadiste continue de tirer profit de la porosité des frontières, de la pauvreté endémique et de la difficulté d’accès à certaines zones rurales. Le retrait progressif de certaines forces régionales et l’usure des dispositifs de surveillance facilitent la résurgence d’attaques ciblées, souvent dirigées contre des civils ou des cibles logistiques. Conséquences humanitaires et enjeux sécuritaires Outre l’insécurité routière qu’elle renforce, cette attaque souligne la persistance d’un risque élevé pour les populations civiles, déjà affectées par des déplacements massifs (plus de 350 000 déplacés internes selon l’OCHA en 2024) et la détérioration des conditions de vie dans la région. Elle relance également le débat sur l’efficacité des dispositifs de renseignement territorial, le manque de couverture sécuritaire permanente sur les grands axes, et la nécessité de renforcer la coopération transfrontalière avec les pays voisins. Le gouvernement camerounais n’a, pour l’instant, pas communiqué officiellement sur les mesures prises à la suite de l’incident.

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TICAD9 : Japon-Afrique, une alliance stratégique fondée sur la jeunesse et l’innovation

À la veille de la Conférence de Yokohama, Tokyo réaffirme son engagement envers un développement africain co-construit, porté par les jeunes et la sécurité humaine. À quelques jours de l’ouverture de la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), qui se tiendra du 20 au 22 août à Yokohama, le Japon réaffirme, par la voix de Tanaka Akihiko, président de la JICA (Agence japonaise de coopération internationale), une vision stratégique du partenariat nippo-africain : un développement fondé sur l’innovation, la jeunesse et la coopération équitable. « L’avenir n’est pas quelque chose à recevoir, c’est quelque chose à construire, ensemble », affirme-t-il dans une tribune. Une vision fondée sur la sécurité humaine Face aux défis mondiaux croissants – changement climatique, fragmentation géopolitique, inégalités économiques -, le Japon s’appuie sur un principe fondateur de sa coopération : la sécurité humaine, qui vise à garantir la dignité, la résilience et l’autonomie des individus. Ce principe, inscrit dans la nouvelle charte de l’APD japonaise révisée en 2023, se décline sur le terrain africain à travers des initiatives concrètes. La Coalition pour le développement du riz en Afrique (CARD), lancée en 2008, a permis de doubler la production de riz sur le continent en dix ans. Objectif 2030 : atteindre 56 millions de tonnes et faire de l’Afrique une puissance agricole autosuffisante. Miser sur la jeunesse comme moteur de transformation Avec un Africain sur quatre dans le monde d’ici 2050, le Japon perçoit la jeunesse africaine comme un levier stratégique. Les programmes comme ABE (African Business Education), lancé en 2013, ont permis à près de 2 000 étudiants africains d’étudier et de travailler au Japon. Parmi eux, Pelonomi Moiloa, créatrice de Lelapa AI, incarne la réussite d’un transfert technologique Sud-Nord réciproque. En 2025, la JICA élargit cet engagement avec TOMONI Africa : un programme d’échanges visant à rapprocher les jeunesses japonaise et africaine autour de projets culturels, éducatifs et économiques. « Tomoni » signifie “ensemble” en japonais, une philosophie de coopération horizontale plutôt que descendante. Innovation et financement : la nouvelle ère de la coopération Au-delà des aides classiques, le Japon franchit une étape historique. La JICA, dont le mandat a été élargi par la loi en avril 2025, peut désormais prendre des risques financiers pour catalyser les investissements privés. Un virage stratégique incarné par l’initiative IDEA (Impact Investing for Development of Emerging Africa), qui vise à orienter les capitaux vers les start-ups africaines dans les secteurs clés : climat, santé, numérique. Déjà, le Nigeria a reçu un premier don pour soutenir l’écosystème des startups locales. Ce geste inaugure une nouvelle diplomatie économique nippone : soutenir l’émergence africaine par le biais d’une économie d’impact, mêlant capital, innovation et autonomie locale. Coopération multilatérale et sud-sud : une diplomatie globale Le format multilatéral de TICAD – associant États, secteur privé et société civile – reste un modèle de référence. Le Japon coopère étroitement avec le Secrétariat de la ZLECAf pour bâtir une zone économique africaine intégrée, et soutient les corridors logistiques régionaux. La JICA mise également sur des partenariats triangulaires, notamment avec l’Indonésie, le Brésil ou l’Égypte, pour partager expertises et technologies avec les pays africains. Une diplomatie du « co-développement » qui ancre l’Afrique dans une géopolitique multipolaire, hors du seul prisme Chine-Occident. Vers une diplomatie de co-création L’Afrique est à un carrefour historique. Les vulnérabilités – gouvernance, conflits, pauvreté – sont profondes, mais le potentiel démographique et entrepreneurial est immense. Le Japon choisit d’y répondre non par l’assistanat, mais par une coopération de co-création, fondée sur le respect, la confiance et la responsabilité partagée. À Yokohama, TICAD9 ne se limitera pas à des annonces de financements. Elle incarne une transformation plus profonde : celle d’un partenariat égalitaire, où la jeunesse et l’innovation deviennent les piliers d’un avenir commun, construit main dans la main.

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