29 août 2025

Bière : Avec 930 millions de litres brassés, le Cameroun s’installe comme 5e puissance africaine

« Le Cameroun est devenu une référence brassicole en Afrique centrale. Son marché est plus structuré et plus dynamique que dans bien des pays plus peuplés », selon l’analyse du cabinet BarthHaas. Avec 9,3 millions d’hectolitres de bière brassés en 2024, soit 930 millions de litres, le Cameroun confirme sa place dans le top 5 africain des géants de l’industrie brassicole. Le pays enregistre une hausse de 2,1 % de sa production par rapport à 2023, consolidant son statut de leader incontesté dans la zone Cemac, où il produit plus que les cinq autres pays membres réunis (7,19 millions hl). Classement continental – 2024 (en millions d’hl) Un moteur industriel régional Ce bond reflète la solidité de l’écosystème brassicole camerounais, tiré par une forte demande domestique et un environnement concurrentiel en mutation. SABC, filiale du géant Castel, qui contrôle environ 80 % du marché, a renforcé ses capacités depuis le rachat stratégique de Guinness Cameroun en 2022, consolidant un quasi-monopole. Mais la montée en puissance d’acteurs indépendants modifie la donne : Une dynamique qui tranche avec la tendance mondiale Alors que la production mondiale de bière a reculé de 0,3 % en 2024, l’Afrique affiche une croissance moyenne de 6,7 %, portée notamment par la consommation urbaine croissante et la montée des classes moyennes. Le Cameroun s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Vers une consolidation stratégique ? Alors que le pays est souvent perçu à l’international pour ses ressources pétrolières et minières, l’industrie brassicole camerounaise s’impose discrètement comme un pilier industriel stratégique, capable de structurer une chaîne de valeur locale (agriculture, logistique, verre, distribution) et d’attirer des investissements étrangers. « Le Cameroun est un marché-pivot. Ce qui s’y passe est observé de près par tous les grands groupes africains et européens », souligne un expert de l’intelligence économique basé à Abidjan.

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Garoua 1914 : le premier revers britannique dans la campagne du Cameroun

« Les Allemands ont tenu. L’assaut britannique, mal préparé, s’est brisé sur les rives de la Bénoué ». C’est en ces termes que les rapports britanniques d’août 1914 résument l’échec de la première tentative alliée de prise de Garoua, un bastion allemand stratégique dans le nord du Cameroun. Un choc oublié dans l’histoire coloniale de la Grande Guerre Le 29 août 1914 marque le début de la Première bataille de Garoua, épisode méconnu mais symbolique de la Campagne du Cameroun – théâtre secondaire de la Première Guerre mondiale, où la rivalité impériale se déplaça jusqu’aux confins de l’Afrique équatoriale. À l’époque, le Kamerun allemand, l’une des possessions coloniales les mieux fortifiées d’Afrique centrale, est dans le viseur des Alliés. Tandis que les troupes françaises progressent depuis le Tchad et le sud du pays, les forces britanniques venues du Nigéria lancent une offensive terrestre contre Garoua, au nord. Objectif : neutraliser un point de commandement allemand vital, verrou de la Bénoué, axe stratégique de communication et de ravitaillement. Un assaut mal engagé, une défense allemande solide Les troupes coloniales britanniques, essentiellement composées de soldats nigérians sous commandement britannique, sous-estiment la défense allemande. La garnison allemande de Garoua, mieux retranchée et aguerrie, repousse l’assaut avec des pertes significatives pour l’assaillant. Ce revers constitue le premier échec majeur des Alliés dans cette campagne. « L’échec de Garoua a rappelé aux puissances coloniales que la conquête du Kamerun serait tout sauf une formalité », note un historien militaire basé à Yaoundé. Un revers tactique, mais une victoire stratégique différée Si la première bataille de Garoua est un échec pour les Alliés, elle ne marque qu’un temps d’arrêt. Deux ans plus tard, en 1916, la campagne du Cameroun s’achève par la capitulation allemande et le démantèlement du Kamerun, partagé entre Français et Britanniques lors du traité de Versailles (1919). La prise définitive de Garoua par les Britanniques en juin 1915, après un blocus et des combats prolongés, scelle le sort du nord camerounais, qui passera sous tutelle britannique (Northern Cameroons). Aujourd’hui, alors que les mémoires de la Grande Guerre en Afrique peinent encore à émerger dans les récits officiels, la bataille de Garoua rappelle combien l’Afrique fut aussi un théâtre d’histoire mondiale.

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Paris-Dakar : la visite de Faye marque la fin d’un cycle et le début d’un nouvel équilibre

« Nous voulons bâtir une relation assainie, fondée sur le respect mutuel, l’écoute et les intérêts partagés », a déclaré le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, à l’issue de son entretien avec Emmanuel Macron, le 27 août 2025 à l’Élysée. Un voyage hautement symbolique dans une relation ancienne La visite d’État du président Faye à Paris s’inscrit dans un contexte à la fois mémoriel et géostratégique. Depuis l’indépendance du Sénégal en 1960, la France a entretenu une relation spéciale, souvent qualifiée de « privilégiée », avec Dakar – autrefois capitale de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Léopold Sédar Senghor, premier président sénégalais, avait misé sur une coopération franco-sénégalaise forte, notamment dans les domaines militaire, éducatif et monétaire. Cette relation, bien que restée stable pendant des décennies, a été régulièrement critiquée pour son asymétrie. La visite du président Faye, premier chef d’État issu d’une alternance radicale et anti-système, intervient alors que le continent africain reconfigure en profondeur ses partenariats extérieurs. Sécurité : la fin d’une présence militaire continue depuis 1960 Le retrait complet des troupes françaises du Sénégal en juillet 2025 met un terme à plus de six décennies de présence militaire permanente. Depuis 2011, seule une coopération résiduelle était maintenue via la base de Ouakam (rebaptisée Camp Dial Diop). Avec la restitution des derniers sites à l’armée sénégalaise, la coopération militaire se recentre sur la formation (cyberdéfense, lutte anti-terroriste), sans présence étrangère permanente. « C’est une souveraineté retrouvée, sans rupture brutale », analyse un diplomate africain à Paris. Dans un contexte de rejet croissant de la présence militaire étrangère en Afrique de l’Ouest, cette approche graduelle distingue le Sénégal de ses voisins sahéliens. Économie : vers un partenariat rééquilibré La France reste un partenaire majeur : plus de 450 entreprises françaises sont actives au Sénégal, représentant près de 12 % des importations du pays et 17 % des IDE (investissements directs étrangers). Le président Faye a rencontré le patronat français au MEDEF pour plaider un nouveau modèle de partenariat, tourné vers la jeunesse, la technologie et la souveraineté productive. L’ambition est claire : réorienter la coopération économique vers l’investissement productif, les infrastructures durables, les énergies renouvelables, l’économie numérique et la formation qualifiante. Mémoire : le dossier Thiaroye comme test de sincérité La visite a aussi remis sur la table la question du massacre de Thiaroye (1944), au cours duquel plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais furent abattus par l’armée française après avoir réclamé leur solde. Le président Faye a réitéré sa demande de reconnaissance officielle et de déclassification des archives. Ce geste serait, selon lui, « une étape nécessaire pour tourner la page de la relation postcoloniale ». Vers un nouveau pacte franco-sénégalais ? La visite de Bassirou Diomaye Faye pourrait bien marquer un tournant historique dans les relations entre Paris et Dakar. Moins idéologique que celle du Mali ou du Burkina Faso, plus structurée que celle du Niger, la diplomatie sénégalaise actuelle veut s’affirmer souveraine sans être hostile, coopérative sans être dépendante.

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