août 2025

Cameroun–FMI : une sortie maîtrisée, des équilibres à consolider

Le Cameroun vient de tourner la page de son programme de coopération avec le Fonds Monétaire International, après trois années marquées par un redressement budgétaire méthodique.  Avec un dernier décaissement de 82 milliards de F CFA, le FMI valide les efforts entrepris depuis 2021 – dans le sillage des chocs post-Covid – dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi de Crédit (MEC). Un succès certes technique, mais dont la portée politique et économique reste à affiner. Des fondamentaux stabilisés mais fragiles Le bilan économique du programme est indéniable : réduction du déficit budgétaire à moins de 2 % du PIB, maîtrise de l’endettement public autour de 40 %, en deçà du seuil de risque de la CEMAC. Les recettes non pétrolières ont progressé, preuve d’une diversification timide mais réelle de l’économie. Ce socle stabilisateur offre au Cameroun une marge de manœuvre appréciable… à condition d’en préserver les acquis. Car derrière ces chiffres, la croissance reste inégalement répartie, les réformes structurelles (gouvernance, climat des affaires, industrialisation) encore partielles. Présidentielle en ligne de mire : entre discipline et incertitude À l’approche de la présidentielle de 2025, l’enjeu se déplace du terrain technique vers le champ politique. L’absence de clarté sur la succession présidentielle et les tensions internes nourrissent les interrogations sur la continuité des réformes. Le FMI s’en va, mais la vigilance reste de mise : les pressions sociales (chômage, inégalités, qualité des services publics) pourraient pousser à relâcher la discipline budgétaire dans un contexte électoral sensible. Afrique centrale : vers une souveraineté économique différenciée Le cas camerounais contraste avec d’autres trajectoires dans la sous-région. Si certains pays restent dépendants des bailleurs multilatéraux, d’autres cherchent des alternatives via des partenariats bilatéraux (Chine, Russie, Émirats). Dans ce contexte, le Cameroun peut faire figure de pivot régional, à condition de maîtriser sa stratégie d’intelligence économique, de valoriser son rôle au sein de la CEMAC et de renforcer la transparence de ses institutions. Le Cameroun sort du programme FMI avec des fondamentaux assainis, mais entre opportunité et vulnérabilité. La phase qui s’ouvre exigera autant de rigueur que de vision stratégique, dans un environnement régional de plus en plus concurrentiel et géopolitiquement éclaté.

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Apparition surprise du pape Léon XIV : un message fort aux jeunes du monde entier

Dans un geste inattendu et hautement symbolique, le pape Léon XIV est apparu sans annonce préalable sur la place Saint-Pierre, devant des milliers de jeunes rassemblés pour une veillée de prière informelle à l’occasion de la Semaine internationale de la jeunesse catholique. C’est peu avant 20h, le 29 juillet, que le souverain pontife, âgé de 69 ans et élu en mars dernier, est arrivé à pied sur le parvis de la basilique, sans escorte visible, simplement vêtu de sa soutane blanche et arborant une croix en bois sobre. L’effet de surprise a été total, et les cris mêlés à des larmes d’émotion ont traversé la foule composée de 120 000 jeunes venus d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Un message direct et sans filtre Dans une prise de parole brève mais intense, le pape Léon XIV a abandonné son discours préparé pour s’adresser directement aux jeunes en italien, espagnol et français : « Vous êtes la lumière qui doit réveiller ce monde fatigué. Pas demain : maintenant ». Il a évoqué la nécessité d’un renouveau spirituel global, critiquant sans détour « la fatigue morale des sociétés riches » et appelant les jeunes à « désobéir à l’indifférence« , à s’engager pour la paix, la justice sociale, la sauvegarde de la Création et la dignité humaine partout où elle est niée. Un style qui tranche Ce geste s’inscrit dans la lignée du style direct et pastoral que Léon XIV imprime depuis le début de son pontificat. D’emblée perçu comme un réformateur, il entend redonner souffle à une Église en perte d’audience en Europe, tout en valorisant les dynamiques ecclésiales du Sud global. Son apparition informelle, loin des formats institutionnels, rappelle les premiers gestes populaires du pape François, tout en y ajoutant une radicalité sociale et spirituelle assumée. Une Église plus jeune, plus globale Parmi les participants, plusieurs délégations africaines, sud-américaines et moyen-orientales ont salué le ton « prophétique » du message. Des jeunes libanais, congolais et philippins ont été vus échangeant des prières ensemble après le départ du pape, symbole vivant d’une Église catholique plus jeune, plus globale et plurielle, comme Léon XIV l’a appelée de ses vœux dans son homélie inaugurale. Un pontificat déjà singulier Moins de cinq mois après son élection, le pontife multiplie les signaux d’un pontificat axé sur la simplicité, la proximité et l’urgence éthique. Alors que l’Église est confrontée à des défis majeurs – guerres oubliées, crise climatique, crise des vocations – le message du 29 juillet marque peut-être un tournant spirituel, en invitant les jeunes à prendre la tête d’un réveil moral mondial.

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Uranium nigérien : Moscou muscle sa diplomatie énergétique en Afrique de l’Ouest

La Russie renforce son ancrage stratégique au Niger en misant sur l’exploitation de l’uranium et le développement du nucléaire civil, dans un contexte de redéfinition des partenariats post-coloniaux. La visite officielle du ministre russe de l’Énergie, Sergueï Tsiviliov, à Niamey, marque un tournant diplomatique majeur. « Notre but principal, c’est d’exploiter l’uranium et de créer un système entier autour du nucléaire civil« , a-t-il déclaré. Cette annonce s’inscrit dans une dynamique géostratégique claire : renforcer l’influence russe en Afrique de l’Ouest au détriment des partenaires occidentaux traditionnels. Le Niger, détenteur de plus de 60 millions de livres de réserves prouvées d’uranium et producteur de 3 527 tonnes en 2023 (soit 6,3 % de la production mondiale selon GlobalData), représente un levier stratégique pour Moscou. Le mémorandum signé entre Rosatom et le ministère nigérien de l’Énergie prévoit une coopération élargie, allant de l’extraction à la valorisation énergétique. Depuis le coup d’État de juillet 2023, les autorités militaires de Niamey, dirigées par le général Tiani, cherchent à diversifier leurs partenaires en rompant avec les anciennes dépendances. En juin 2025, la nationalisation de Somaïr – ex-filiale du groupe français Orano – symbolisait déjà cette volonté de réappropriation souveraine des ressources. Pour Moscou, ce partenariat s’inscrit dans une logique d’« alignement stratégique Sud-Sud » face à l’ordre énergétique occidental. « Il ne s’agit plus de simples accords miniers, mais de créer une filière nucléaire intégrée », affirme un analyste en intelligence économique à Moscou. L’absence de commentaire d’Orano, évincé du pays, souligne l’embarras de l’industrie française face à la recomposition géopolitique en cours. Le partenariat russo-nigérien sur l’uranium cristallise un double basculement : celui d’une Afrique qui revendique la maîtrise de ses ressources et celui d’une Russie qui capitalise sur le vide laissé par l’Occident. Ce réalignement, à la fois énergétique, politique et stratégique, redéfinit les équilibres dans le Sahel, au cœur de la compétition mondiale pour les matières premières critiques.

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Titre : Ankara-Libreville : vers un nouvel axe stratégique ?

Recep Tayyip Erdogan accueille Brice Clotaire Oligui Nguema avec faste à Ankara, témoin d’une volonté partagée de renforcer une coopération politique et économique. Dans un climat géopolitique mondial en mutation, la visite officielle du président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema en Türkiye, accueilli par son homologue Recep Tayyip Erdogan avec tous les honneurs, marque une étape significative dans les relations bilatérales. La cérémonie protocolaire au complexe présidentiel d’Ankara, incluant 21 coups de canon, des hymnes nationaux et une garde d’honneur, souligne l’importance que la Türkiye accorde à son partenariat avec l’Afrique centrale. « Merhaba, asker » (Bonjour, soldat), a lancé Brice Clotaire Oligui Nguema aux troupes turques, signe d’une courtoisie diplomatique rare et d’un savoir-faire en communication politique. Au-delà de la symbolique, les enjeux sont stratégiques. La Türkiye, déjà très active en Afrique de l’Est et au Sahel, cherche à consolider sa présence économique et sécuritaire dans le golfe de Guinée. Libreville, de son côté, mise sur la diversification de ses partenariats pour éviter la dépendance à l’axe traditionnel franco-africain. « Nous souhaitons développer une coopération fondée sur l’intérêt mutuel et le respect souverainiste« , a déclaré un conseiller proche de la présidence gabonaise. Des accords bilatéraux sont attendus dans les domaines de la défense, des infrastructures, de l’énergie et de la formation. Selon des sources diplomatiques, la Türkiye pourrait accroître sa présence dans le secteur minier gabonais et soutenir le développement portuaire de Libreville, dans une logique gagnant-gagnant. Cette visite illustre l’émergence d’une diplomatie plus pragmatique entre puissances intermédiaires et pays africains, où les jeux d’influence se redessinent autour d’intérêts partagés et non plus d’un passé postcolonial. « C’est une diplomatie d’affinité et de réalisme », observe un analyste turc. Ankara-Libreville, un nouvel axe à suivre de près dans le jeu multipolaire africain.

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Tchad-FMI : Un souffle financier pour une transition structurelle

Le Tchad vient de franchir un nouveau palier dans sa relance économique. Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un programme de financement de 625 millions de dollars américains sur quatre ans (2025-2029), au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC). Cette enveloppe vise à « renforcer la stabilité macroéconomique » du pays et à soutenir la mise en œuvre du Plan national de développement « Tchad Connexion 2030 », articulé autour de quatre axes prioritaires : infrastructures, besoins sociaux de base, développement industriel et environnement des affaires. Un premier décaissement de 40 millions de dollars est attendu immédiatement. Les versements suivants seront conditionnés par des revues semestrielles, rendant la trajectoire de réforme aussi cruciale que le financement lui-même. Ce soutien financier réitère la confiance du FMI dans les engagements structurels du Tchad, confronté à des défis chroniques : instabilité politique, dépendance aux exportations pétrolières et faiblesse des infrastructures. Sur fond d’incertitudes sécuritaires au Sahel et de pressions sociales internes, cet appui pourrait être perçu comme une incitation à la rigueur et à la stabilité institutionnelle. Mais la balle est dans le camp de N’Djamena. La capacité du gouvernement à engager des réformes véritables, à assurer la transparence budgétaire et à apaiser les tensions internes déterminera la portée réelle de ce levier financier. Dans un environnement sous surveillance diplomatique, le FMI joue la carte de l’espoir conditionnel.

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