8 septembre 2025

France – Chute libre à Matignon : Bayrou éjecté, l’Afrique oubliée

François Bayrou n’aura tenu que 97 jours à Matignon, renversé par une motion de défiance historique.  Avec seulement 194 votes favorables contre 364 opposants, il devient le premier Premier ministre de la Ve République à échouer sur un vote de confiance qu’il n’était pas obligé de solliciter. Cette chute brutale met fin à une cohabitation de plus en plus conflictuelle avec Emmanuel Macron, marquée par des désaccords ouverts sur la politique budgétaire, la réforme fiscale, et la gouvernance africaine. L’Afrique : l’angle mort François Bayrou Sur le plan international, la politique africaine de François Bayrou a été quasi-invisible. Durant ses trois mois à Matignon, François Bayrou n’a laissé aucune empreinte significative sur la politique africaine de la France. Ni discours structurant, ni déplacement officiel, ni stratégie renouvelée : l’Afrique a été reléguée au second plan, dans un moment pourtant critique pour les relations franco-africaines. Face à la montée des régimes militaires hostiles à Paris au Sahel, à la progression de l’influence russe (notamment via les groupes paramilitaires comme Wagner), et au rejet croissant de la présence française dans plusieurs pays, François Bayrou a opté pour le silence, laissant le Quai d’Orsay et l’Élysée gérer seuls un dossier de plus en plus sensible. Cette posture en retrait a accentué la perception d’une France en perte totale de repères sur le continent africain, après les humiliations successives au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Là où ses prédécesseurs à Matignon, même affaiblis, tentaient de jouer un rôle d’équilibre entre le président et les ministères, François Bayrou s’est contenté d’un rôle de figurant sur les grands dossiers internationaux. Ce désengagement a aussi privé la majorité d’une occasion de refonder le narratif de la France en Afrique, à l’heure où de nombreuses voix réclament une coopération moins verticale, plus économique et culturelle que sécuritaire. En interne, certains diplomates évoquent même une « perte de cap politique« , doublée d’une absence de coordination entre Matignon et le ministère des Armées, alors que les bases françaises ferment les unes après les autres dans une indifférence assumée du gouvernement. En définitive, la politique africaine de François Bayrou aura été celle du vide, symptomatique d’un Premier ministre affaibli, accaparé par les tensions budgétaires nationales, et sans appui diplomatique réel. Ce vide stratégique, dans une période où l’influence française est mise en cause sur tous les fronts, restera l’un des échecs silencieux de son bref passage à Matignon.

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Malende, 24 Heures de Sang : Le conflit anglophone ressurgit en pleine campagne présidentielle

Alors que le pays se dirige vers une élection présidentielle majeure le 12 octobre, la résurgence des violences dans le Sud-Ouest remet la crise anglophone au cœur des priorités nationales et régionales. Une attaque à l’engin explosif improvisé suivie d’une embuscade a coûté la vie à neuf militaires camerounais les 5 et 6 septembre. Le drame, survenu dans la localité rurale de Malende, rappelle que le conflit dans les régions anglophones, entré dans sa neuvième année, reste un défi multidimensionnel pour l’État, malgré les efforts de stabilisation déployés depuis 2017. « Nos forces ont payé un lourd tribut pour la défense de l’intégrité nationale. Mais leur sacrifice ne sera pas vain », a déclaré Joseph Beti Assomo, ministre délégué à la Défense, lors d’un hommage officiel. Sécurité : entre progrès réels et vulnérabilités persistantes Depuis le lancement du plan de stabilisation du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO), les autorités affirment avoir repris le contrôle de plusieurs zones sensibles. Toutefois, des groupes séparatistes armés continuent d’opérer dans des zones enclavées, recourant à des tactiques asymétriques. « L’utilisation d’explosifs artisanaux prouve l’évolution tactique de groupes isolés mais déterminés. Ce sont des menaces mobiles, difficiles à contenir par des moyens classiques », analyse le colonel (er) Douala Manga Bell, expert en stratégie militaire. Une guerre qui fragilise l’environnement des affaires Selon la Banque mondiale, le conflit a engendré une perte économique estimée à 1,2 milliard de dollars entre 2017 et 2024, en grande partie due à la désorganisation des chaînes de production agricoles (cacao, palmier à huile, banane) et au ralentissement du corridor logistique Douala–Mamfe–Ekok. « Les entreprises opérant dans la zone travaillent en mode résilient. L’État a sécurisé les zones économiques prioritaires, mais l’incertitude reste un frein à l’investissement direct étranger », note Dr. Brice Nsombo, économiste à l’Université de Yaoundé II. Une crise locale, aux résonances régionales Le Cameroun, pilier de stabilité au cœur du Golfe de Guinée, fait face à une instabilité territoriale qui, si elle n’est pas contenue, pourrait avoir des implications transfrontalières.« Le conflit reste contenu, mais il alimente des dynamiques régionales – trafic d’armes, flux de déplacés, fragilité des frontières », explique Marie Cissé, analyste à l’ISS Africa. « Le Nigeria suit de près la situation, notamment dans les États frontaliers de Cross River et Taraba ». 2025 : une présidentielle sous haute vigilance À un mois de l’élection présidentielle, les acteurs politiques adoptent des postures contrastées. Le gouvernement privilégie la continuité sécuritaire et institutionnelle, misant sur la « résilience de l’État ». L’opposition appelle à une relance du dialogue national. « La paix durable passe par une réponse à la fois politique, sociale et sécuritaire. Le dialogue reste ouvert pour ceux qui rejettent la violence », affirme une source proche de la primature. Certains leaders d’opinion anglophones plaident pour une réforme de la gouvernance territoriale, à travers un débat sur le fédéralisme ou le renforcement de la décentralisation. Dialogue et réconciliation : vers un nouveau format ? Malgré l’organisation du Grand Dialogue National en 2019 et la mise en place des Régions, la crise n’a pas totalement trouvé de solution politique. Des partenaires internationaux, notamment le Vatican et certaines ONG, continuent de proposer leur médiation.« Un compromis durable nécessitera une solution camerounaise, mais soutenue par des acteurs neutres. Il ne s’agit pas de céder à la division, mais d’apaiser une mémoire collective blessée », souligne un diplomate en poste à Yaoundé. Le drame de Malende réactive une réalité souvent reléguée au second plan dans le débat international : le Cameroun reste confronté à une crise hybride, à la fois militaire, politique, identitaire et économique. Pour les autorités camerounaises, l’enjeu est de parvenir à une désescalade durable, sans compromettre l’unité nationale. Pour les partenaires internationaux, le moment semble venu d’un engagement discret mais stratégique, avant que le statu quo ne dégénère en impasse prolongée. En chiffres (2025)

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