18 septembre 2025

Alucam redémarre : un nouveau souffle pour Edéa et l’industrie camerounaise

Après des mois d’agonie financière, l’usine d’Aluminium d’Edéa, cœur industriel du pays, reprend vie. Grâce à un nouveau partenariat privé, l’entreprise publique Alucam entame une relance majeure, redonnant espoir aux populations locales et à toute une région qui vit au rythme de l’aluminium depuis des décennies. Une usine qui redémarre enfin Fondée en 1957, Alucam a longtemps fait la fierté du Cameroun. Mais depuis le départ de Rio Tinto en 2014, dettes, sous-investissements et chute de production ont plongé l’usine dans une crise profonde. En 2024, elle ne tournait qu’à 30 % de sa capacité. Aujourd’hui, l’État ouvre ses portes à un partenaire industriel étranger, prêt à investir plus de 150 millions d’euros (environ 100 milliards de FCFA) sur 5 ans pour moderniser les installations, relancer la production, et créer des emplois durables. « Ce n’est pas juste un sauvetage, c’est une renaissance », se réjouit un agent technique de l’usine. Des emplois pour Edéa, un avenir pour les jeunes Le plan prévoit plus de 2 000 emplois directs et indirects dans la région. Une nouvelle qui tombe à pic dans une ville marquée par le chômage et la précarité. Les activités vont s’étendre : production d’aluminium, maintenance, logistique, formation… « On veut que nos enfants travaillent ici, qu’ils restent à Edéa et qu’ils aient un avenir », confie une commerçante. Un projet national aux ambitions régionales Cette relance va réduire les importations coûteuses, relancer les exportations régionales, et mieux valoriser les ressources locales comme l’énergie hydroélectrique et la bauxite. À moyen terme, Alucam pourrait devenir un acteur clé en Afrique centrale. « Le Cameroun retrouve un outil stratégique, grâce à un partenariat équilibré, loin de l’exploitation brutale des ressources », analyse un économiste à Yaoundé. Stratégie et intelligence économique L’opération témoigne d’une montée en puissance des logiques d’intelligence économique dans les cercles décisionnels camerounais, face à la compétition chinoise et aux visées russes croissantes sur les matières premières africaines. « Ce n’est pas une simple recapitalisation, c’est une reconquête industrielle », analyse un consultant en géoéconomie basé à Paris.

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Pont de Bongor : l’Afrique centrale relie ses fractures

À la frontière entre le Cameroun et le Tchad, sur le fleuve Logone, le pont de Bongor est plus qu’une infrastructure. Long de 620 mètres, construit avec l’appui financier de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), il incarne une volonté politique commune : fluidifier les échanges, renforcer la coopération et sécuriser un corridor vital. « Ce pont est un trait d’union entre nos peuples, mais aussi un levier stratégique pour le commerce régional », a déclaré Dr. Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien de l’Économie, lors de la cérémonie inaugurale. Une réponse aux déficits logistiques et à l’enclavement Le pont de Bongor relie directement les villes de Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad), dans une zone où les échanges étaient jusqu’ici entravés par l’absence de passage permanent. Le projet s’inscrit dans le Programme de facilitation des transports sur le corridor Douala-Ndjamena, axe majeur pour les importations tchadiennes. Plus de 35 % des marchandises tchadiennes transitent encore par le port de Douala. Avec cet ouvrage, les délais logistiques devraient baisser de 40 % et le coût du transport de 25 %, selon les estimations de la Cemac. Un coup d’accélérateur pour les échanges bilatéraux, estimés à plus de 150 milliards FCFA par an, mais freinés par la vétusté des infrastructures. Plan stratégique et sécuritaire Dans un contexte de risques transfrontaliers (trafics, insécurité dans le bassin du lac Tchad, tensions intercommunautaires), le pont de Bongor offre également un outil de gouvernance sécuritaire partagée. Il permet un meilleur contrôle des flux, tout en soutenant la mobilité encadrée des populations. « Le développement est aussi une réponse à l’insécurité », rappelle un diplomate de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Vers une intégration physique et politique Ce projet incarne la nouvelle diplomatie des infrastructures en Afrique centrale. Il renforce les objectifs de la ZLECAf, tout en consolidant une coopération bilatérale parfois éprouvée. Pour Yaoundé et N’Djamena, le pont de Bongor est une passerelle vers plus de résilience, de commerce… et de stabilité.

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New York mise sur le Golfe de Guinée : 800 milliards de raisons d’y croire

Sécurité maritime, investissements verts, infrastructures régionales : le Golfe de Guinée est au centre d’un ambitieux agenda international. Réunis à New York, dirigeants, diplomates et investisseurs entendent lever les freins à une zone à fort potentiel mais encore sous-exploitée. 800 milliards de dollars. C’est le montant estimé des opportunités économiques que recèle le Golfe de Guinée, selon une étude conjointe de l’Union africaine et de la CEA (Commission économique pour l’Afrique). De Lagos à Libreville, la façade maritime ouest-africaine concentre un potentiel stratégique majeur : ressources halieutiques, hydrocarbures offshore, corridors logistiques, hubs portuaires, énergies renouvelables, et zones économiques spéciales. Mais pour transformer ce potentiel en réalité, il faut lever trois verrous : l’insécurité maritime, le déficit d’infrastructures, et l’absence de coordination régionale. Diplomatie économique et sécurité au menu Organisée en marge de la session de l’Assemblée générale de l’ONU, la table ronde de New York réunit les ministres du Commerce et des Transports de 11 pays côtiers, aux côtés de bailleurs, banques multilatérales (BAD, Banque mondiale) et opérateurs logistiques internationaux. « Le Golfe de Guinée peut devenir un moteur de la transformation économique africaine, à condition de sécuriser ses routes et de planifier ensemble ses investissements », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Sécurité maritime : un enjeu stratégique mondial Longtemps considéré comme l’épicentre mondial de la piraterie maritime, le Golfe de Guinée a vu une baisse de 60 % des actes de piraterie entre 2021 et 2024, grâce à des initiatives conjointes (Code de Yaoundé, coopération navale régionale). Mais les menaces persistent : trafics, pêche illégale, et flux migratoires irréguliers. Les États-Unis, la France, la Chine et l’Union européenne ont réaffirmé leur soutien à la sécurisation de la zone, en promouvant des capacités navales locales et des investissements dans le renseignement maritime. Infrastructure, climat et logistique : les priorités Outre la sécurité, les discussions portent sur le financement de corridors multimodaux (routes, rails, ports) ; l’accélération des investissements dans les énergies marines et solaires ; la mise en réseau des zones portuaires et logistiques régionales. Un fonds régional de 5 milliards dollars est en discussion, porté par la BAD et un pool de partenaires privés. Alors que l’Afrique cherche à consolider sa souveraineté économique et commerciale, le Golfe de Guinée pourrait devenir une véritable colonne vertébrale maritime du continent. À condition de jouer collectif et stratégique.

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Chine‑Afrique : un musée africain en Chine pour raconter nos histoires

La Chine s’apprête à inaugurer son premier musée entièrement dédié à l’Afrique, centré sur l’histoire, l’art, les civilisations africaines, et conçu comme un lieu d’échange éducatif entre peuples. Annoncée par Ye Hailin, directeur de l’Institut Chine‑Afrique, cette initiative entend non seulement montrer des artefacts, des œuvres, des récits, mais également renforcer les liens entre artistes, universitaires, communautés africaines et chinoises. Pourquoi cela importe pour l’Afrique Pour beaucoup d’Africains, ce musée est plus qu’un simple lieu d’exposition : c’est un symbole. Un symbole de reconnaissance, après des décennies où nos histoires ont souvent été racontées par d’autres. Aujourd’hui, c’est une invitation à dialoguer, à montrer la richesse culturelle du continent – de Tombouctou à Lalibela, des arts contemporains de Lagos aux danses traditionnelles du Cameroun – dans un espace international. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large : la création de cinq centres de recherche Chine‑Afrique, qui permettront d’approfondir les études sur notre patrimoine culturel, les arts, les langues, la diaspora. C’est une occasion de valoriser nos savoirs, d’encourager les échanges interculturels et de repenser ce que signifie être Africain dans le monde globalisé. Enjeux stratégiques et culturels Ce à quoi il faut veiller C’est l’Afrique qui raconte l’Afrique : c’est là que repose la force de ce projet. Pour les jeunes, les artistes, les communautés, ce musée peut être un miroir, une fenêtre, et un pont.

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Intégration : le réveil du lac Tchad, pari du Cameroun

Longtemps symbole du désastre climatique africain, le lac Tchad surprend aujourd’hui par son renouveau. Sa remontée spectaculaire ouvre une brèche stratégique pour le Cameroun, entre redéploiement territorial, sécurité régionale et diplomatie hydrique. Après des décennies de recul alarmant – plus de 90 % de perte de surface depuis les années 1960, le lac Tchad connaît depuis trois ans une expansion inattendue, portée par une pluviométrie accrue, selon les climatologues de la CBLT. Ce retournement, qui redessine les équilibres du bassin sahélien, suscite autant d’espoirs que de défis pour les populations riveraines, et pour les États concernés. Du côté camerounais, cette résurgence offre une fenêtre de transformation pour l’Extrême-Nord, région marginalisée et longtemps en proie à l’insécurité. « Ce qui était un désastre devient peut-être notre plus grande chance », commente un haut fonctionnaire à Maroua. Reconversion agricole et innovation territoriale Les terres agricoles inondées autour de Makari, Blangoua ou Hile Alifa rappellent la fragilité des équilibres humains face au climat. Pourtant, l’État camerounais, en coordination avec la CBLT et plusieurs bailleurs, explore la voie des polders, ces digues agricoles inspirées du modèle néerlandais. Objectif : reconquérir les terres fertiles englouties et relancer une agriculture irriguée, adaptée aux nouvelles dynamiques hydrologiques. Renaissance de la pêche, enjeu économique et social Le retour des eaux a également revitalisé les stocks halieutiques, après des années de pénurie. Mais la nouvelle configuration du lac bouleverse les pratiques traditionnelles. Zones de pêche redessinées, navigation risquée, perte de repères : les pêcheurs doivent se réinventer. Un programme d’accompagnement technique, financé par la FAO, est en préparation pour structurer une filière pêche durable et résiliente. Un enjeu sécuritaire majeur pour le Cameroun Au-delà de l’économie, la stabilisation du bassin est un impératif sécuritaire. La présence de Boko Haram dans les zones lacustres reste une menace. Or, relancer l’économie locale, réinstaller les déplacés et reconstruire les services de base constitue la meilleure réponse face à l’extrémisme violent. La montée du lac est donc aussi une opportunité de rétablir l’autorité de l’État dans une zone longtemps hors de contrôle. Diplomatie de l’eau : le Cameroun repositionné En tant que membre actif de la Commission du bassin du lac Tchad, le Cameroun a une carte à jouer dans la gouvernance hydrique régionale. Des projets d’envergure, comme le transfert d’eau depuis l’Oubangui ou la valorisation des écosystèmes lacustres, pourraient faire de Yaoundé un acteur-clé de la diplomatie climatique sahélienne.  « Ce n’est pas seulement un lac qui revient, c’est toute une géographie politique et économique qui est à redessiner », souligne un expert du Centre africain pour les politiques climatiques. Le retour du lac Tchad n’est pas une fin en soi. Pour le Cameroun, il s’agit désormais de transformer une anomalie climatique en projet stratégique de développement, de sécurité et de souveraineté territoriale durable.

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